Après l'arrivée cette année de la catégorie Moto 2 relatée sur Caradisiac par l'ami André, c'est à l'horizon 2012 que la Moto 3 viendra prendre le relais des 125cc deux temps. Bien que le règlement qui régira ces 250cc quatre temps soit encore un peu flou, certains affûtent déjà leurs armes afin d'être de la partie. C'est le cas d'Olivier Tavenaux, dont l'objectif est clair : deux motos avec deux pilotes français. Rencontre avec ce véritable passionné qui est loin d'être un débutant dans le monde de la compétition et qui est prêt à faire de gros sacrifice pour réaliser son rêve : monter son team en Moto 3.Bonjour Olivier. Peux-tu te présenter et nous parler un peu de ton projet ?Je m'appelle Olivier Tavenaux, je suis Ardennais, et j'habite dans un petit village des Ardennes qui s'appelle Bazeilles. Je suis venu à la moto très tôt. J'ai commencé à travailler chez un professionnel qui a été champion de France en 50cc en 1974, je crois, et qui s'appelait André Millard. J'ai commencé à me fabriquer des machines style Kreidler, puisqu'il roulait sur ce type de machines. J'ai fabriqué mes propres distributeurs rotatifs à l'admission. Voila un petit peu comment j'ai débuté. Le virus est venu de là.Ensuite, j'ai ouvert mon propre magasin et j'ai commencé à faire des scooters de compétition. C'était le début de cette catégorie et j'ai fait courir pas mal de pilotes, Ardennais ou pas. Du scooter, on est passé au Promosport. J'ai préparé des machines pendant plusieurs années et nous avons remporté quatre titres en 125cc Promosport avec des motos à mes couleurs. De là, on est passé à ce qui s'appelait à l'époque l'Open, pour devenir ensuite le Superbike. Nous avons fait quatre cinq ans pour apprendre. Ensuite, j'ai investi dans du matériel plus performant avec un pilotes Ardennais. Nous étions régulièrement dans les trois premiers, ce qui nous a permis d'obtenir plusieurs Wild Card. J'en suis à cinq Wild Card au Grand Prix de France. On a participé au Championnat d'Europe. Malheureusement, les finances manquaient pour faire l'intégralité. L'année dernière, j'ai fait rouler Cyril Carrillo et nous avons décroché le titre 125cc.Malheureusement, cette année, je n'ai pas trouvé de pilotes pour faire rouler la 125cc. Donc je me suis rabattu sur les monos. J'avais déjà construit deux machines en 450cc ce qui me permet d'aider un pilote Ardennais, Patrick Valet, qui est un ancien du Promosport, mais qui n'avait pas roulé depuis vingt ans. Il remet ça cette année. Voila en gros ce que je fais au niveau de la compétition.A coté de ça, je fabrique aussi beaucoup de prototypes. J'ai été un des premiers à faire une 250cc mono quatre temps et à l'aligner en Superbike pour la première fois il y a deux ans. La première course s'est déroulée au Mans sous la pluie. Nous avons fini 4ème, soit au pied du podium, mais nous avons surtout beaucoup appris. Cela nous a permis, tout au long de l'année, d'améliorer beaucoup de choses qui n'allaient pas comme la boite de vitesses. J'ai travaillé tout l'hiver sur une boite racing. Malheureusement, on ne peut pas inter changer les pignons car ce n'est pas un moteur à cassettes qui permet de sortir la boite. L'année dernière, nous avons beaucoup progressé en faisant la moitié de la saison avec un pilote qui s'appelle Erwan Quellet. Nous arrivions à rivaliser non pas avec les meilleurs 125cc car elles ont des puissances assez élevées, mais avec le gros du peloton où les puissances oscillent aux alentours de 42cv à la roue arrière. On en est à peu près à ce niveau là. Mon désir, c'est de monter un team en Grand Prix. On a déjà fait le budget. J'ai pris contact avec Alain Bronec qui m'a aidé à finaliser ce budget. Maintenant, il reste à réunir les fonds pour monter l'équipe. Je me donne deux ans pour ça et puis on verra bien.Donc ton objectif, c'est 2012 ?Oui, j'aimerais bien passer en Grand Prix en 2012, voir 2013. Après, cela risque d'être beaucoup plus difficile, compte tenu de mon âge. J'ai aussi des entreprises à m'occuper. Je suis prêt à me séparer de ces dernières pour réaliser mon rêve. Ce sont de très beaux projets, mais qui ne sont pas faciles à réaliser.Tu peux nous présenter un petit peu ta moto ?Alors pour la 250cc, j'étais un petit peu en avance car on n'appelait pas encore ça Moto 3 il y a deux ans. Je suis parti sur un châssis de 125cc RS Honda que j'ai découpé un peu partout, y compris le bras oscillant, pour pouvoir adapter un moteur de CRF 250cc. Nous avons travaillé sur le moteur qui est à l'origine prévu pour le cross : piston, bielle, culasse, soupapes, conduits, arbre à cames ainsi que la boite de vitesses. Cette dernière a été ré-étagée pour une utilisation sur circuit.On a monté également un embrayage SMT anti-dribble, ce qui permet de rentrer plus facilement les vitesses à la volée sans perdre d'adhérence. Cela n'est pas négligeable car cela permet d'arriver aussi vite que les deux temps et de freiner aux mêmes endroits qu'eux. Au niveau suspensions, j'ai du White Power à l'avant comme à l'arrière. Elles sont identiques à celles utilisées en 125cc. Là, les jantes sont des PVM, mais ce sont des Marcchesini Racing en magnésium qui sont prévues. Cela me permet, avec la visserie titane d'arriver au même poids que les 125cc, soit entre 75 et 77 kg, ce qui est pas mal pour un quatre temps. Au niveau performance, comme je l'ai dit tout à l'heure, on est à peu prêt au niveau du gros du peloton avec une puissance légèrement supérieur à 42cv à la roue arrière.J'envisage d'acquérir le nouveau moteur à injection de la CRF 250 et de refaire une boite de vitesses. Vu que Honda a beaucoup travaillé sur ce moteur, notamment en abaissant le vilebrequin et en plaçant la boite différemment, c'est intéressant. De plus, l'injection, c'est un domaine sur lequel j'aime bien travailler. Je modifie régulièrement des injections sur le banc et je prends plus ça comme un amusement que comme du travail, donc les heures, je ne les vois pas passer. Compte tenu de ce que j'arrive à faire sur des multicylindres à injection, je pense que l'on peut arriver peut-être pas à la puissance d'un moteur HRC qui a 54cv au vilo, mais je pense que je n'en serai pas loin. Mais bon ! Il y a encore beaucoup de travail en perspective sur ce moteur là.J'espère simplement que l'opportunité financière me permettra d'aller en Moto 3. Il faut savoir aussi que j'ai également dessiné un moteur avec des carters taillés dans la masse qui demande aussi pas mal de finances. Mais cela permettrait d'aller au-delà des puissances car avec des carters standards, ils ne résisteront pas aux régimes moteurs que je veux atteindre. Là, au régime maxi, on est à 13 600 voir 13 800 tours minute. Au-delà, les carters rentrent en vibration causant des fêlures. Je pense que l'on peut atteindre 14 500 trs avec des performances et des chronos identiques aux 125cc actuelles en Grands Prix.Au niveau du budget, tu tables sur combien pour une saison ?Le budget que l'on a déterminé sans casses et sans gros pépins, on arrive aux alentours des 450 000 euros.Ce n'est pas une paille…Oui, ce n'est pas facile à trouver.Et tu penses que la catégorie Moto 3 sera un bon tremplin pour accéder aux grands prix, plus accessible que les 125cc actuelles ?Comme les règlements ne sont pas encore totalement définis, on peut s'attendre un peu à tout. Moi, je pense qu'on va laisser la porte ouverte à beaucoup de constructeurs. Il y a pas mal de bruit sur le fait qu'il faudrait fabriquer un minimum de vingt moteurs pour pouvoir être accepté. Cela serait très embêtant pour des personnes comme nous car du point de vue budget, cela nous ferait passer au dessus des 500 000 euros pour le faire. D'un autre coté, je sais aussi que pour faire une saison, il faut des moteurs car on n'est pas dans une course de quartiers. Il faut toujours être au top en matière de performances. Après, il faudra voir à ce moment là.As-tu déjà un pilote en vue ?Oui, j'ai plusieurs pilotes en vue étant donné que j'ai la possibilité d'engager deux motos. Je les ai contacté pour la saison 2011 afin de disputer le Championnat de France Superbike catégorie 125cc. Ce sont des pilotes qui viennent soit du junior Cup 125cc quatre temps, promo 125cc et promo 80cc.Tu peux nous donner des noms ?Oui : il y a Thibaut Gourin qui a déjà le titre avant la dernière course en Promosport 125, Maxim Pellizotti qui roule en 125 junior Cup et Yvan Laedzig qui court en 80. Tous les trois sont des jeunes qui se défendent très très bien. Après, il y a des accords, des contrats qui doivent être faits. Pour Maxim Pellizotti, on fait des essais lundi à Magny-Cours avec les deux motos. On va essayer à Lédenon après la dernière manche du Promosport qui est le 13 ou le 14 octobre. Donc le lundi, on fera des tests avec Thibaut. Et si on peut, vu que les 80cc seront également là, on va essayer de faire rouler aussi le jeune Yvan Laedzig. Ensuite, quand tout le monde aura roulé sur les motos, nous allons voir chacun de notre coté ce qu'il est possible de faire.Au niveau du budget, il te manque combien actuellement ?Disons que moi, déjà, je participe beaucoup. Mais c'est vrai que je demande aussi une participation du pilote. Plus j'arriverai à avoir de budget, moins je demanderai au pilote. C'est ma philosophie et le but est de permettre à des jeunes d'accéder au monde des grands prix. Bon, à coté de cela, c'est vrai qu'il faut aussi en vivre parce que cela demande beaucoup d'investissements personnels mais si j'arrivai à trouver 30 à 40 000 euros, cela me permettrait de faire rouler deux pilotes en championnat de France Superbike 125cc. Là, je suis à la recherche de moteurs à injection et d'un châssis pour en monter une deuxième.Donc c'est un appel que tu lances à d'éventuels partenaires ?Voila. J'ai déjà contacté plusieurs sociétés comme DID qui sont des chaînes qui sont distribuées par la Moraco, j'ai vu aussi la maison MAD, donc après, on verra bien.Est-ce que tu souhaites rajouter quelque chose, que ce soit au niveau des Grands Prix ou autre ?Ce que j'aimerai rajouter, c'est que je souhaiterai qu'il y ait d'autres personnes comme moi qui soient plus bénévoles que financiers afin d'aider les jeunes qui ont besoin de gens comme nous pour concrétiser leur envie de pratiquer les spots mécaniques, ce qui devient de plus en plus difficile. Soit ce sont des lois, soit ce sont les finances qui empêchent de réaliser de nombreux projets. Je préfère voir des jeunes sur des circuits plutôt que dans des cités à dégrader ce qui a été construit pour s'occuper. Cela ne passe pas forcement par de grosses structures, mais il faudrait pouvoir les emmener sur les circuits pour leurs faire découvrir ce milieu. On devrait nous aider à mettre ça en place beaucoup plus facilement.OK. Merci Olivier pour ces précisions. Souhaitons simplement que tu puisses réaliser ton rêve afin que nous ayons un peu plus de pilotes français à supporter lors des grands prix.Je croise les doigts…Les sites:Contact: tavenauxmoto@neuf.fr