Des ONG veulent interdire la publicité pour l'automobile
Pour ces ONG, faire de la pub pour l'automobile, c'est faire de la pub pour les énergies fossiles, et pour un secteur qui contribue au réchauffement climatique. Elles demandent une "loi Évin Climat" adaptée aux transports.
Elles sont trois : Greenpeace, Réseau Action Climat et Résistance à l'agression publicitaire. Ces ONG ont publié ce jeudi 18 juin au matin un rapport conjoint, sous un slogan "Stoppons la publicité climaticide".
Elles réclament une "loi Évin Climat", qui, sur le principe de la loi Évin de 1991 qui a fait interdire la publicité pour le tabac et l'alcool, ferait interdire "les publicités faisant la promotion des produits néfastes pour le climat en commençant par les secteurs de l'aérien, de l'automobile, du maritime et des énergies fossiles". En précisant tout de même que les services de transport en commun de proximité seraient exemptés de cette interdiction.
Vous l'aurez compris, le secteur automobile est particulièrement visé. Selon le rapport, 4,3 milliards sur les 5,1 milliards investis en publicité par ces secteurs l'ont été par les seuls constructeurs automobiles.
Pour ces ONG, la publicité joue un "rôle majeur sur la consommation et l'imaginaire collectif" et l'interdire permettrait de "véritablement agir sur la perception culturelle et symbolique de leurs produits". Pour Greenpeace : "En associant des produits nocifs pour le climat à des expériences faussement exaltantes, la publicité masque la réalité du réchauffement climatique, et nous incite à l’aggraver."
Clément Sénéchal, chargé des campagnes politiques climatiques pour Greenpeace France, affirme ainsi : "Si la transition écologique doit être au cœur du monde d’après, alors soyons cohérents : cessons de laisser prospérer un système qui autorise les secteurs de l’automobile, de l’aviation ou des énergies fossiles à investir des milliards pour promouvoir des activités climaticides. On ne peut pas demander aux individus de réduire leur empreinte carbone tout en laissant les industriels déployer des moyens massifs pour les persuader du contraire."
Khaled Gaiji, porte-parole de Résistance à l'agression publicitaire (RAP) affirme, lui, que la loi Évin de 1991 pour l'interdiction de la publicité pour le tabac a été efficace et a drastiquement fait baisser la consommation. "Qu'attendons-nous pour faire de même avec les énergies fossiles ?" clame-t-il.
Joignant le geste à la parole, des militants de ces trois ONG ont ce jeudi matin participé à une action de recouvrements des publicités climaticides par des affiches portant le slogan "Cette pub pollue notre planète et notre cerveau".
Si sur le principe, il est indéniable qu'interdire la publicité pour un produit fait baisser sa consommation, ces ONG s'attaquent là à un gros morceau. Pas sûr que les entreprises et les constructeurs automobiles concernés se laissent faire, surtout dans un contexte de relance de l'économie, pendant lequel la publicité est primordiale. Mais les Français dans leur ensemble, eux, semblent favorables à cette interdiction. En effet, selon un sondage BVA/Greenpeace (oui, il faut tout de même préciser qui a commandé le sondage) publié le 14 juin 2020, ils sont 65 % à être favorables à une interdiction des publicités pour les marques contribuant au changement climatique (avions, voitures, compagnies aériennes...).
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