DESIGNbyBELLU - Jaguar F-Type, le dernier chef-d’œuvre de Ian Callum
Une fois n’est pas coutume : nous rendons hommage à une personnalité du design qui vient de prendre sa retraite et dont on découvre la dernière création ces jours-ci. La F-Type actualisée couronne la carrière de Ian Callum chez Jaguar.
Au début du mois de décembre, Jaguar a présenté une F-Type qualifiée de « nouvelle ». On est habitué à ce genre d’affirmation avancée à tort et à travers par les constructeurs. Pour relancer l’intérêt sur un modèle qui décline, les marques accordent souvent ce qualificatif exagérément pour peu qu’un détail soit modifié ou un accessoire remplacé.
En l’occurrence, ce n’est pas le cas. La « nouvelle » F-Type que vient de présenter Jaguar n’est certes qu’une mise à jour, mais elle mérite beaucoup plus d’égards tant sa métamorphose est notoire et bénéfique. L’économie de moyens mis en œuvre pour rajeunir la F-Type est tout à l’honneur des designers. Sans toucher à la ligne générale qui avait été définie pour le modèle original lancé en octobre 2012, la F-Type s’est transformée radicalement.
L’essentiel des modifications se focalise autour des projecteurs. Sur le modèle original, les phares étaient volumineux et ancrés verticalement, très haut sur le fait de l’aile. Sur la nouvelle mouture, ils se résument à une fine ligne de lumière, effilée, étroite, discrète, horizontale et placée plus bas. C’est peu et cela change tout. Dans un anthropomorphisme souvent ridicule par lequel on aime décrire le style automobile, les phares figurent les yeux, l’éclairage simule le regard. Bien sûr, les Jaguar n’échappent pas aux éternelles démonstrations de sensualité et d’animalité qui expliquent les galbes des ailes, les muscles de félin et les hanches de playmate !
La forme des phares, leur logement, leur taille sont censés renseigner sur la personnalité d’une automobile. Si l’on accepte cette vision (c’est le cas de le dire), la F-Type dans sa première version avait l’air renfrognée, un peu provocante avec ses pupilles trop écarquillées. Bref pas très sympathique et un peu étriquée. Ce qui lui a peut-être valu une carrière en demi-teinte qui n’a jamais remis en question le succès de la Porsche 911.
Sous sa forme millésimée 2021, la voici devenue enjôleuse, séductrice, malicieuse, la face avant a du charme, de la grâce et de l’élégance. En quelques traits, elle a soudain rajeuni et pris une posture beaucoup plus moderne.
Même changement à l’arrière où les feux ont perdu la verrue arrondie qui pendait sous la ligne rouge. Un subtil décrochement dans la partie inférieure suffit désormais à faire oublier cette ancienne maladresse. À l’intérieur, la planche de bord a aussi évolué dans le sens de la contemporanéité avec une instrumentation résolument numérique et un écran tactile de plus grande dimension.
Sur le plan mécanique, toujours le grand écart : la F-Type dispose de motorisations qui oscillent entre un quatre-cylindres 2,0 litres turbo de 300 ch et un V8 5,0 litres de 575 ch pour la version « R », en passant par V8 de 450 ch « seulement ».
In fine, un travail d’experts, d’artistes talentueux qui ont su corrigé leurs erreurs du passé. Cette F-Type est encore à mettre au crédit de Ian Callum, l’homme qui a géré le design de Jaguar pendant vingt ans, de 1999 à juillet dernier avant de passer le relais à Julian Thomson. L’occasion de rappeler que ce designer écossais a aussi à son actif l’Aston Martin DB 7 et la Jaguar XK.
Salut l’artiste.
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