DESIGNbyBELLU - Le pays du soleil couchant :"Avant, comme disent les vieux sages, quand on découvrait les concept-cars dévoilés au Salon de Tokyo, on en prenait plein les yeux"
Le Motor Show de Tokyo vient de fermer ses portes sans avoir soulever ni passion ni admiration. Petit inventaire de fin d’année.
Avant, comme disent les vieux sages sans préciser avant quoi, « avant » donc, quand on découvrait les concept-cars dévoilés au Salon de Tokyo, on en prenait plein les yeux. C’était un déferlement d’idées, d’audaces, de provocations, d’humour. On attendait donc fébrilement l’ouverture du Tokyo Motor Show pour savoir ce que nous réservait l’avenir, pour connaître le goût du futur.
On va éviter de dire que c’était le bon temps, se garder de s’enliser dans une nostalgie qui nourrit les aigreurs. Surtout qu’il faut bien reconnaître que l’on était impressionné autant par la quantité des concept-cars que par leur qualité.
Toutefois, au milieu de la profusion, il y avait des pépites, des solutions inédites, des explorations improbables, des trouvailles auxquelles les Occidentaux n’osaient pas penser.
Les designers japonais ont souvent défriché des sentes inexplorées. C’est eux qui ont imaginé le monospace moderne avant tout le monde (le concept Toyota MP5 en 1975), le coupé crossover (Isuzu COA-III en 1983), le SUV de grand tourisme (Isuzu XU-1 en 1993) et des palanquées de citadines futées… Mais les mêmes créateurs ont aussi produit des bizarreries, des engins baroques, des objets loufoques. Reste que tout cela ne laissait pas indifférent.
Se souviendra-t-on des concept-cars exposés au Motorshow de Tokyo 2019 ? Sans doute pas… Ce qui est certain c’est que la plupart des propositions ont un air de déjà vu.
Comme de coutume, le centre de design de Toyota a été particulièrement productif à défaut de se montrer débordant de créativité. Comme de coutume, il faut faire la part des choses entre les différents niveaux de développement des concept-cars. Sous ce vocable commode et générique on trouve tout et n’importe quoi. Les concept-cars explorent des futurs plus ou moins lointains : ils peuvent n’être que des visions en avant-première d’un futur modèle de grande diffusion donc le style est seulement exacerbé par des artifices flatteurs. Les concept-cars peuvent aussi se projeter beaucoup plus loin dans l’avenir, l’imaginaire et l’utopie.
Toyota manie ces nuances avec dextérité. La BEV micro-citadine électrique est si peu inventive qu’elle ne peut être dévolue qu’à la production en grande série.
Toyota Mirai
Tout aussi réaliste, la Mirai va sans doute remplacer agréablement l’actuelle berline éponyme qui est l’une des pionnières sur le front de la pile à combustible mais qui est affublée d’un style effroyable. Si la nouvelle Mirai est commercialisée, elle enveloppera son futurisme dans des volumes lisses et fluides.
e-Racer
Avec la e-Racer, on change d’univers et on passe - hélas - dans un monde irréel. Destiné à faire jouer le jeune public sur un simulateur de conduite, ce roadster exalte le côté passionnel de l’automobile. Louable intention, mais sans doute sans lendemains.
Toyota a aussi développé tout une gamme de solutions beaucoup plus pragmatiques et plus ou moins réalistes sur le thème de la mobilité. La e-Trans, break ou fourgonnette, est la plus conventionnelle du lot. En revanche, l’engin baptisé « e-4me » s’avère plus innovant et ne manque pas d’humour. Monoplace et automatisé, il fait l’éloge de l’égocentrisme.
Dans cette cabine à quatre roues, on peut se livrer à diverses activités. On peut en faire un studio d’enregistrement, une cabine d’essayage, une salle de gym, un espace de jeux vidéo, ou un huis clos pour pratiquer une thérapie sur les animaux… Et que les plus pervers n’imaginent pas d’autres exercices ; les Japonais toujours très inventifs ont aussi créé les « love hotels ». On ne sourit pas, c’est grave : la seule activité interdite dans ce véhicule est la conduite.
Lexus LF-30
En marge de Toyota, Lexus annonce une évolution bienvenue de son style. Sur le projet LF-30, finies les lignes tranchantes, les angles aigus et les balafres de tout poil. Les futurs modèles électrifiés perdront le style incisif propre à Lexus au profit d’une manière sensiblement adoucie.
IMk
Nissan est plus pragmatique. Le projet IMk est un minivan citadin, électrique, on ne peut plus réaliste, un de plus qui s’inscrit dans la catégorie des « kei » endémique au marché japonais. Quant à Ariya, c’est une berline qui affiche la nouvelle orientation du style de Nissan ; sans bouleversement. Passons sur cette crispation ; Nissan a assez de souci comme ça par les temps qui courent.
Mazda n’a pas présenté de concept-car à proprement parler. Il est d’ores et déjà possible de passer commande du modèle MX-30 qui sera livré dans un an. Ce crossover électrique est moins élancé que la CX-30 déjà sur le marché, mais il se caractérise par ses portes arrière étroites à ouverture antagoniste comme en avait la RX-8 à moteur rotatif (souvenez-vous de sa sonorité envoûtante et de sa vivacité).
Les stylistes de Suzuki sont toujours aussi bavards, mais ils ciblent clairement leurs élucubrations à l’attention du public japonais. Le « Hanare » est un minibus convivial et autonome traité comme une charmante chaumière (qui se dit « hanare » en japonais) tandis que la Waku Spo est un coupé sportif sympathique, bon marché, traité dans un style rétro. Il est doté d’une motorisation hybride rechargeable.
Mitsubishi Mi-Tech
Finissons avec Mitsubishi et son Mi-Tech, un gros buggy au style grossièrement, doté d’une motorisation hybride rechargeable. Un élève du Strate Collège serait recalé s’il osait présenter un tel exercice pour son examen de fin d’études.
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