Drogue au volant: Caradisiac au coeur d'une opération de contrôle
Alors que les pouvoirs publics lancent une campagne de sensibilisation au risque des stupéfiants au volant, Caradisiac a participé à une opération de contrôle menée par les gendarmes.
Direction Fleury-Mérogis. C'est là que Caradisiac, en compagnie d’une petite poignée de médias, a été invité à participer mardi soir à un contrôle routier consacré à la recherche de stupéfiants au volant.
En trois heures environ, l’Escadron départemental de gendarmerie de sécurité routière de l’Essonne, qui avait mobilisé 10 militaires accompagnés d’un redoutable chien renifleur, a réalisé une opération au bilan bien tangible.
Avec trois détentions de produits stupéfiants, trois conduites sous stupéfiants, une conduite malgré une suspension de permis, un refus de restituer son permis malgré suspension, quatre conduites sans assurance, un dépassement par la droite, quatre infractions diverses au code de la route et quatre mises en fourrière administrative, on peut parler d’un rendement élevé.
Bien sûr, notre présence à cette opération de contrôle n’est pas le fruit du hasard. Elle s'inscrit dans le cadre du lancement par la Sécurité routière d’une nouvelle campagne de communication consacrée aux dangers que représente l’usage de drogue au volant, pour soi et pour les autres. On pourra la découvrir à la télévision à partir du 19 novembre, mais vous pouvez déjà la visualiser ci-dessous.
« La conduite après usage de drogues constitue un facteur majeur d'accidentalité sur les routes : en 2022, 672 personnes ont été tuées dans un accident de la route impliquant un conducteur sous stupéfiants », expliquent les autorités. « Les conducteurs contrôlés positifs aux stupéfiants dans les accidents mortels sont à 65 % des automobilistes, 91 % des hommes, et 58 % sont âgés de 18 à 24 ans. »
Selon les statistiques, un décès sur cinq implique un conducteur ayant consommé de la drogue. C’est pourquoi le gouvernement cherche à systématiser la suppression du permis de conduire à la suite de la constatation de l'infraction de conduite après usage de stupéfiants. Dans le même temps, le conducteur encourt la perte de 8 points de permis en cas de condamnation pour conduite après usage de stupéfiants aggravée par un état alcoolique.
On le voit, un véritable arsenal législatif existe. Mardi soir, une jeune conductrice de 26 ans a pu en avoir un avant-goût après que les gendarmes ont trouvé plus de 30 g d’herbe à bord de sa Twingo, ainsi que différents éléments « laissant imaginer qu’il ne s’agissait pas uniquement de sa consommation personnelle », comme l’a souligné avec ironie un des militaires.
Testée positive une première fois, elle a dû procéder au deuxième test salivaire réglementaire - « Vous avez le choix entre ça ou une prise de sang à l’hôpital, où vous n’êtes pas prioritaire. Ça peut durer longtemps… »
Résultat: second test salivaire positif, et donc rétention de permis pour une durée de 120 heures, voiture à la fourrière, et une nuit en garde à vue tandis que les pandores menaient une perquisition à son domicile, d’où son conjoint était absent à ce moment-là, mais où ont notamment été trouvés des armes à plomb. « Cela ressemble bien à du trafic », lâche un gendarme. «La première impression, après avoir échangé avec elle, c'est qu'elle ne semble pas fréquenter la bonne personne. Espérons que ce contrôle lui permettra d'ouvrir les yeux... »
Trois questions à Florence Guillaume, Déléguée interministérielle à la sécurité routière
Quels sont les ressorts de cette campagne consacrée à la drogue au volant ?
Le sujet est de faire prendre conscience des conséquences de la prise de stupéfiants ou d’alcool sur ses propres capacités motrices et cognitives. Au-delà du caractère illégal, cela vient altérer notre comportement. La prise de stupéfiants n’est pas neutre. Même quand on a l’impression qu’on gère, non on ne gère pas. Il n’y a pas de visage dans le film, ce n’est pas incarné. C’est un peu flou à l’image, il y a un brouhaha. C’est un message plus anxiogène que ce que l’on propose d’habitude, mais on a voulu être clairs sur les risques que comporte la conduite sous stupéfiants.
En chiffres cela donne quoi ?
Les trois causes principales d’accidents sur les routes sont l’alcool, la vitesse et les stupéfiants. Ceux-ci sont présents dans 1 accident mortel sur 5, et ce chiffre approche les 1 sur 3 le week-end. L’intensification des contrôles, il est vraie facilitée par les tests salivaires, n’a pas qu’un rôle répressif. Ça fait aussi passer des messages, ça vient aussi rappeler le danger corrélé. On a augmenté les contrôles de plus de 20% de 2021 à 2022, et on devrait passer la barre des 800 000 cette année
Le phénomène continue d’augmenter ?
On avait l'an dernier 117 000 délits de conduite après usage de stupéfiants, et 118 000 en alcool. On n’est vraiment pas loin. Ces deux phénomènes nous disent qu’il y existe un vrai sujet concernant les conduites addictives. Et quand on me dit que c’est difficile de baisser le nombre de morts encore après avoir divisé ce chiffre par 2 en 20 ans, je réponds que dès lors qu’on a 20% d’accidents avec du stupéfiant et 30% avec de l’alcool, à quoi s’ajoutent encore de nombreuses infractions liées à la vitesse, il y a encore matière à préserver des vies.
Photos: SIRPA Gendarmerie
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