Entretien avec Lionel Favre : Peugeot Motocycles face à la crise du coronavirus

Caradisiac Moto : Lionel Favre, bonjour, merci de nous accorder un peu de votre temps en cette période délicate, la première question est simple, comment Peugeot Motocycles s’adapte à la crise du coronavirus ?

 Lionel Favre : Bonjour, avant de rentrer dans le vif du sujet, je voudrais juste évoquer un point important. À ce jour, notre entreprise ne dénombre aucun cas positif au Covid-19. Maintenant pour clarifier la situation actuelle de la marque, le site historique de Mandeure est mis au chômage partiel depuis le 16 mars jusqu’à nouvel ordre. Toutefois, il convient de faire une petite précision, seules les lignes dédiées à la production sont mises à l’arrêt total.Certains secteurs comme l’informatique, le commerce se poursuivent par la mise en oeuvre du télétravail. L’objectif est d’assurer un plan de continuité d’activité et d’accompagnement avec l’organisation de point journalier virtuel. Outre l’aspect évoqué précédemment, il me paraît primordial de garder un lien étroit avec l’ensemble des équipes, ainsi que notre réseau, et de continuer à les informer des décisions prises concernant la marque en cette période difficile pour tout le monde.

Caradisiac Moto : le réseau du monde du deux roues motorisé s’adapte petit à petit à cette crise, qu’en est-il de Peugeot Motocycles ?

Lionel Favre : le réseau compte aujourd’hui 350 points de vente à travers l’hexagone. À l’heure actuelle, et pour parler en toute transparence, il est difficile de faire un état des lieux global sur toute la France. En revanche, nous avons une visibilité qui émerge concernant nos revendeurs parisiens. 30 % de nos concessions restent ouvertes afin d’assurer le SAV avec une priorité donnée à l’ensemble du personnel médical. L’activité de notre réseau risque bien entendu de changer selon l’évolution de la situation.

Caradisiac Moto : malgré le climat anxiogène lié à l’actualité, regardons à des milliers de kilomètres avec une reprise de la vie économique en Chine, une bonne nouvelle pour vous ?

Lionel Favre : effectivement, il faut voir quelques aspects positifs. La Chine commence gentiment mais sûrement à sortir de la crise avec une reprise tangible, voire une accélération, de la production au sein de l’usine basée à Jinan , notre joint-venture. C’est de cet édifice que sort le Kisbee 50, qui reste depuis longtemps leader sur le marché des véhicules 50 cm3, et par la même occasion notre produit phare. Par conséquent, il nous sera possible de livrer dès la sortie de cette crise, tout comme le Django 50 et 125 cm3.

Concernant notre nouveau e-Ludix, il est assemblé directement au sein de notre actionnaire indien Mahindra (le groupe détient la totalité du capital de Peugeot Motocycles depuis le 1er janvier 2020 NDLR). Le lancement devait s’effectuer dans les prochains jours, mais au vu des événements, la production a été décalée. J’ajoute que pour le e-Metropolis, il ne s’agit que d’un concept.

Caradisiac Moto : justement, venons-en au Metropolis, vous avez présenté au salon de Milan, une nouvelle version qui, logiquement sonne le glas pour le 3-roues fabriqué à Mandeure ?

Lionel Favre : la présentation de ce modèle amènera dans un futur proche l’actuel Metropolis à tirer sa révérence. La production d’une version proche de celle dévoilée à Milan débutera après la réouverture de l’usine de Mandeure, sans date précise. Le tarif pourrait se situer autour des 10000 € L’annonce faite à EICMA a logiquement entrainé un ralentissement des ventes de notre best-seller puisque l’on enregistre une baisse de 16 % sur la période de janvier 2020 par rapport à l’année dernière avec 97 immatriculations. Le véhicule commercialisé actuellement fera l’objet d’une offre promotionnelle.

Caradisiac Moto : Avant d’évoquer le salon de la Moto, dernière question qui vise le Pulsion, il ne trouve malheureusement pas le succès qu’il mérite, pourtant, lors de notre comparatif face au Yamaha X-Max et Honda Forza, il n’a pas été ridicule loin de là. Comment expliquez-vous ce ‘désamour’’ de la part des acheteurs ?

Lionel Favre : les retours médiatiques sont plutôt dithyrambiques sur ce produit sur lequel nous comptons beaucoup. Mais nous avons dû faire face à des soucis techniques durant la mise en production. En parallèle, les quantités faibles livrées lors de son lancement et son manque de notoriété n’aident pas à rivaliser avec les ténors de la catégorie.C’est pourquoi, nous allons entamer dès que possible un gros travail pour gommer toutes les imperfections par une communication agressive afin d’insuffler une dynamique positive.

Caradisiac Moto : dernière question, elle porte sur le salon de la Moto qui pourrait se tenir début octobre à Paris, mais là aussi rien n’est moins sûr, quelle sera la position de Peugeot Motocycles ?

Lionel Favre : la question du salon de la Moto reste à ce stade anecdotique, car nous n’avons pas la certitude de sa tenue. Ceci étant dit, Peugeot Motocycles a fait savoir en février à l’organisation du salon de Paris que nous ne serons pas présents pour des raisons budgétaires et qui se confirme dans le contexte actuel. Nous sommes en discussion avec Peugeot Automobile pour pouvoir assurer une présence sur leur stand avec quelques modèles (nouveautés en priorité).