Et si l'Europe était le nouvel Eldorado automobile ?
La bascule presque inéluctable du vieux continent vers la voiture électrique en 2035 sonne le glas de l'automobile en Europe selon certains. Et si, bien au contraire, elle marquait le début d'une nouvelle ère qui pourrait attirer vers nous tous les constructeurs de la planète ? En commençant par General Motors qui entend bien revenir, 5 ans après son départ.
Et si Carlos Tavares était plus français que ne l’indique son passeport portugais ? Du moins est-il parfaitement à l’aise dans la pratique de notre sport national : le pessimisme. La semaine passée encore, le patron de Stellantis s’est fendu de l’une de ces déclarations dont il est coutumier, en tentant d’alerter l’opinion et les pouvoirs publics sur les dangers du tout électrique, fustigeant, en vrac, la pénurie prévisible de batteries et la dépendance de l’Europe face à l’Asie.
Tavares a éminemment raison de pointer les défauts et les limites de cette bascule vers le tout électrique désormais officiellement fixée à 2035 (sauf opposition de dernière minute). Sauf que le boss des 14 marques de Stellantis oublie au passage d’en saluer les bienfaits.
Une décision qui pourrait bien aiguiser les appétits
Car cette marche forcée pourrait avoir de bons côtés, et pas seulement en termes d’émissions de C02. Aujourd’hui, l’Europe est la seconde zone mondiale en matière de ventes de voitures à watts derrière la Chine. Et la décision de Bruxelles pourrait bien faire passer le vieux continent en tête. De quoi aiguiser l’appétit des constructeurs mondiaux qui aimeraient bien être de la partie.
Une simple utopie ? Pas pour Mary Barra. La patronne de General Motors envisage très sérieusement de revenir sur le vieux continent, 5 ans après le départ de son groupe, lorsqu’en 2017, GM cédait Opel à ce qui n’était alors que PSA. L’affaire n’est pas de l’ordre de la rumeur puisque cette nouvelle offensive européenne a été rendue publique par la P.-D.G. du groupe elle-même lors d’une conférence de presse qu’elle tenait à Los Angeles la semaine dernière.
Mais quelle mouche a bien pu piquer la patronne de GM ? Il s’agit plutôt d'une petite fée électricité munie de sa baguette magique. Une fée, et un calcul logique de la part de la seule femme à la tête de l’un des constructeurs du top ten mondial. Elle s’est en fait contentée d’observer la planisphère de l’industrie auto. D’un côté, le premier marché mondial : la Chine. Une voiture vendue sur cinq y est électrique. Mais le marché chinois est en recul et l’obstination de Xi Jinping en matière de politique sanitaire et de zéro Covid pourrait bien freiner encore plus la croissance du pays pour plusieurs années.
l'Europe en pole position
De l'autre côté du globe, au sein du second gros marché mondial, les États-Unis, la situation est différente, mais pas mirobolante. Lors de son élection, Joe Biden a bien promis une politique plus verte en matière d’émissions de C02 que celle de son prédécesseur, ce qui, en soi n’est pas très difficile étant donné le manque total et délibéré d’initiative en la matière de la part de Donald Trump.
Pourtant, les textes tardent à être promulgués et les prochaines élections de mi-mandat, qui se déroulent en novembre prochain, pourraient bien porter une majorité républicaine à la Chambre et au Sénat. Laquelle majorité ne seraient pas vraiment encline à se projeter vers le tout électrique. Résultat : les États-Unis sont à la traîne derrière l’Europe en matière de voitures à zéro émission.
Ce simple constat, Mary Barra l’a fait. Elle, comme la totalité de ses homologues de l’industrie automobile mondiale ont investi massivement dans la transformation du thermique vers l’électrique, GM était même l'un de ses précurseurs avec l'EV1 en 1996. Des millirda de dollars qui exigent quelques garanties et, aujourd’hui, seule l’Europe leur en offre, avec une échéance claire : 2035, alors que la Chine et les États-Unis restent dans un certain flou législatif. Du coup, GM pourrait bien à nouveau débouler chez nous. Comme les marques chinoises et même vietnamiennes, d’Aiways à MG en passant par Link & Co et Vinfast, sont en train de le faire.
Bien sûr, ce nouvel Eldorado qui se profile n’est pas exempt d’embûches. Du prix des autos électriques souvent prohibitif pour les ménages, aux problèmes d’infrastructures de recharge ou à la dépendance des constructeurs mondiaux envers les fournisseurs de batteries asiatiques, l’avenir n’est pas des plus rose. Pour autant, affirmer que la décision de Bruxelles d’interdire la vente de voitures thermiques en 2035 signe la mort de l’automobile en Europe paraît au mieux péremptoire et au pire, de mauvaise foi.
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