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Excès de vitesse - Accès aux données embarquées des voitures : réalité ou fantasme ?

Dans Pratique / Radars

Jean Savary

Des gendarmes qui branchent leur ordinateur sur votre prise OBD pour verbaliser vos excès de vitesse passés, ce n'est pas encore une réalité, mais plus tout à fait un fantasme.

Excès de vitesse - Accès aux données embarquées des voitures : réalité ou fantasme ?

Dans le film de Spielberg, Minority Report, les autorités pouvaient prédire un crime et arrêter son auteur avant qu'il ne le commette.

Avec le projet de loi de "modernisation de la justice du XXIe siècle" , ce sont les méfaits du passé que les gendarmes pourraient détecter sans les avoir constatés.

Quelques lignes de l'article L. 311-2 de la section 15bis B de cet énorme pavé de littérature juridique ont semé l'effroi dans le Landernau automobile : "Les agents compétents pour rechercher et constater les infractions au présent code, dont la liste est fixée par décret en Conseil d'État, ont accès aux informations et données physiques et numériques embarquées du véhicule afin de vérifier le respect des prescriptions fixées par le présent code"

Imaginez qu'après avoir branché sa tablette sur votre prise OBD (on board diagnostic, obligatoire sur toutes les voitures neuves depuis 2004), le gendarme vous lâche "Monsieur, je vois qu'à 14h12, vous avez roulé à 147 km/h et au-delà de 130 km/h entre 13h58 et 14h28. Je dois vous dresser une contravention pour excès de vitesse."

Le cauchemar. Plus besoin de radars, l'Etat n'aurait qu'à relever les compteurs comme il relève déjà ceux des routiers. Sans compter qu'avec la voiture connectée, il ne serait bientôt plus nécessaire de se relier physiquement à celle-ci pour avoir "accès aux informations et données physiques et numériques embarquées du véhicule." Une auto capable de communiquer avec le réseau de concessionnaires pour commander sa révision, un changement de filtre à air ou de bougies, pourrait tout aussi bien dénoncer son conducteur au centre des PV de Rennes.

 

Fausse alerte !

Vous aurez noté mon emploi du conditionnel : c'était une fausse alerte. La Sécurité routière a vite apporté un démenti  : "Ce nouveau texte vise à faciliter le travail des forces de l’ordre dans le contrôle du numéro de série d’un véhicule afin de vérifier que celui-ci est bien autorisé à circuler.
 Les forces de l’ordre ont développé et expérimenté des outils d’identification numérique des véhicules se connectant sur la prise de diagnostic «OBD» (...) 
Il ne s’agit en aucun cas de mettre en œuvre un contrôle généralisé de la vitesse, ces données de vitesse n’étant pas enregistrées dans le véhicule et encore moins accessibles par cette prise OBD.
 (...) Le contrôle permettra de vérifier si le véhicule circulant est bien celui qui a été autorisé et mentionné sur le certificat d’immatriculation. Et ce afin d’éviter qu’un véhicule circule en lieu et place d’un autre véhicule."

Ouf. Voilà qui est plus précis. A la réflexion, la toile s'est affolée un peu vite car la verbalisation a posteriori est en l'état de la technique impossible. Qui conduisait ? Sur quel type de réseau circulait le véhicule ? Faute de pouvoir répondre à ces questions, pas de PV.

Il n'empêche, la panique qui a secoué les forums et blogs auto et moto en dit long sur le traumatisme que provoquerait une telle mesure. On n'avait rien entrevu de si effrayant et totalitaire depuis le Lavia, ce système qui couple la cartographie GPS des limitations à la commande d'accélérateur et empêcherait de commettre tout excès. Un peu comme un limiteur, sauf que vous ne le commanderiez et ne le programmeriez pas. Testé il y a une douzaine d'années, le Lavia est techniquement au point. Ce qui ne l'est pas, c'est son "acceptabilité", un vilain mot qui désigne une sainte chose : les égards qu'ont encore les pouvoirs publics pour notre capacité à avaler des couleuvres dont le goût ne nous plaît pas. Et de toute évidence, le contrôle de vitesse "a posteriori" ne nous plairait pas.

 

Le bouclier appelle l'épée

Excès de vitesse - Accès aux données embarquées des voitures : réalité ou fantasme ?

Ce qui pourrait les inciter à passer outre, c'est la remontée persistante du nombre de tués sur les routes. Et aussi la volonté de contrer l'attirail dont nous nous sommes dotés : les boucliers antiradars que sont Waze, Coyote et autres applications ou petits boîtiers.

Grâce à ces gadgets, nous pouvons tous échapper quasiment aux rad… pardon, aux "zones de danger". Jamais nos permis n'ont été aussi bien protégés des pandores, jamais l'impunité n'a été aussi bien assurée et on le voit aux nouvelles allures adoptées sur les grands axes par de plus en plus de conducteurs.

Les vitesses moyennes remontent, la courbe des tués et l'indice de gravité des accidents également et quitte à polémiquer, je suis persuadé que cela est lié à la diffusion grandissante de ces outils communautaires. Quoi d'autre ? La météo ? La crise ? Les bas prix du carburant ? La qualité des pneus ? Les défectueux airbags Takata ?

Sur tous les forums auto et moto on peut lire de laudatifs commentaires sur l'efficacité de ces boucliers à permis et le sentiment d'invulnérabilité qu'ils donnent à leurs utilisateurs.

Qu'ils ne puissent être interdits, ou qu'ils aient été légalisés moyennant une simple précaution de langage - l'hypocrite "zone de danger" - en dit long sur l'impuissance des petits bras de l'Etat face aux nouvelles puissances numériques.

Ils ne restent pourtant pas croisés, ces petits bras. Ils s'agitent même : radars tronçons, radar "leurre", radars embarqués dans des voitures banalisées sont les nouvelles épées anti Waze et Coyote. A quelle estocade faut-il maintenant s'attendre ? Et surtout, ne l'aurons-nous pas cherchée ?

 

 

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