La guerre du lithium ion : l’Asie charge une Europe à contre-courant
C’est une histoire qui nous semble à chaque fois la même, mais qui pourrait bien être, cette fois, la dernière. De l’Europe, et d’ailleurs souvent en France, naît une technologie que personne ne prend au sérieux avant que, des décennies plus tard, elle finisse par enrichir des pays concurrents plus audacieux ou clairvoyants. Ce qui se passe actuellement avec les batteries lithium ion est un nouvel exemple de ce gaspillage, une déconvenue qui va cette fois coûter très cher. Au sens propre comme au figuré…
La messe est dite et les choses s’accélèrent. L’automobile de demain sera électrique ou ne sera pas et les constructeurs e sont lancés à corps perdu dans l’électrification de leur gamme. Problème, pour faire avancer ces voitures, il faut des batteries lithium ion. Un élément qui représente un tiers du prix d'un véhicule électrique. Mais que l’on trouve aussi essentiellement produit en Asie.
Un marché de 23 milliards de dollars dont les précurseurs ont été… Français ! C’est à la fin des années 1970 que Michel Armand, professeur au CNRS, présente en effet les premières électrodes au lithium. Elf Aquitaine, qui dispose de la licence, n’en profite pas. La technologie sera exploitée par une petite société canadienne, Phostec. Mais comme la PME protège insuffisamment ses brevets, les Chinois s’emparent de la technologie sans payer de redevances.
Depuis, le pays est le champion de la mobilité zéro émission. Il détient 90 % du marché des bus électriques. La moitié des capacités mondiales des batteries se trouvent en Chine, et bientôt ce sera les deux tiers. L’empire du milieu se constitue un marché afin de disposer d’un avantage compétitif. Des noms comme CATL, BYD, Lishen, Wanxiang, BAIC s’affirment et bousculent des enseignes plus connues que sont les japonais Panasonic, Nissan et NEC, ou encore les coréens Samsung et LG. L'emprise des Asiatiques sur le segment des batteries est déjà une réalité.
Face à ce bloc, les Etats — Unis sont aux abonnés absents tandis qu’en Europe, seuls l'allemand BMZ et les français Saft, repris par Total, et Bolloré spécialisé dans la technologie lithium métal polymère répondent présent. Il y a deux mois, le commissaire européen à l’Énergie Maros Sefcovic prônait la constitution d’un « Airbus de la batterie ». En février, Bruxelles pourrait octroyer 2 milliards d’euros de subventions. Un appel à la mobilisation générale tandis que l’Asie est déjà en ordre de bataille ?
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