Le réseau public aura besoin de votre voiture électrique pour éviter les pannes
Cédric Pinatel , mis à jour
Alors que la part de voitures électriques et le nombre de bornes vont continuer à augmenter dans de grosses proportions dans les années à venir, la fameuse technologie de charge bidirectionnelle devrait vite devenir obligatoire pour éviter les pannes et limiter la hausse du prix des énergies.
La Ministre de la Transition Énergétique Agnès Pannier-Runacher l’évoquait à la télévision le 11 septembre dernier, intervention suivie de nombreuses moqueries sur les réseaux sociaux dans lesquelles les gens s’amusaient de ses déclarations fantaisistes. Mais la technologie qu’évoquait la haute fonctionnaire française est bien réelle et devrait même devenir capitale dans les années à venir dans la plupart des pays où l’automobile électrique se développe.
Pour rappel, le V2G (pour « Vehicle to Grid ») consiste à équiper les voitures électriques d’un système de charge bi-directionnelle permettant évidemment de charger leurs batteries, mais aussi de restituer de l’électricité au réseau dans l’autre sens.
Cette technologie, inspirée des systèmes V2H (« Vehicle to Home ») présents notamment au Japon où il est possible depuis longtemps d’alimenter sa maison en énergie en cas de panne du réseau public, doit profiter à la stabilité du réseau en le renforçant lors des périodes de pics de consommation : en fonction des besoins de celui-ci, de petits prélèvements d’électricité sont opérés sur les batteries des voitures électriques via ces bornes bidirectionnelles.
Avec uniquement de toutes petites quantités d’énergie, histoire de préserver la durabilité de la batterie et de simplement répondre à un besoin très ponctuel.
On va devoir y venir
Et cette technologie devrait vite devenir incontournable pour éviter les problèmes, comme l’explique un expert en énergie de Charles River Associates dans les colonnes d’Automotive News : « compte tenu de la forte augmentation du nombre de voitures électriques prévue, on va avoir un vrai problème de tenue du réseau lorsque tout le monde se branchera en même temps. La charge bidirectionnelle représentera le seul moyen d’éviter les surcharges et de ne pas faire exploser la facture des énergies à cause du stress du réseau pendant les heures de pointe. », détaille Robert Stocker en citant l’étude réalisée en septembre dernier par Charles River Associates. « Lors des plus gros pics de l’année, une station de charge rapide autoroutière pourra consommer ponctuellement autant d’électricité qu’un stade de football ou même une petite ville. Voilà pourquoi il faut anticiper tout de suite cette demande en développant dès aujourd’hui la capacité bidirectionnelle des réseaux », rappelle-t-il.
Il faudra sans doute attendre quelques années pour que les réseaux électriques deviennent compatibles V2G. Mais la plupart des constructeurs automobiles sont actuellement en train de plancher sur le sujet via des programmes pilotes et des expérimentations, de même que les énergéticiens et certaines communes.
D’après une étude du cabinet Bain & Company, elle deviendra incontournable avant l’année 2030 et permettra aux acteurs de la recharge « intelligente » de générer de gros bénéfices. Bref, bientôt votre voiture électrique branchée au réseau l’alimentera directement pendant les pics de consommation. Et on vous donnera même un peu d’argent lorsque ce sera le cas…
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