Les essais de Soheil Ayari - MissionH24, la voiture à hydrogène du Mans
Une fois n’est pas coutume, nous avons demandé à notre ami Soheil de venir sur un essai avec sa tenue de pilote de course. Au programme, une prise en main du prototype LMPH2G, voiture-laboratoire à motorisation hydrogène. Objectif : les 24 heures du Mans 2024.
En juin 2024, on peut légitimement espérer que la pandémie de Covid-19 sera terminée et qu’il sera de nouveau possible d’assister aux 24 Heures du Mans depuis le bord de piste, cornet de frites à la main. Là, stupeur : sur nombre de voiture, les hurlements des tonitruants moteurs thermiques sera remplacé par un saisissant sifflement de turbine d’avion au décollage. C’est le bruit que feront les voitures appartenant à une nouvelle catégorie fonctionnant à l’hydrogène. Des voitures électriques, donc, qui présentent l’avantage de rejeter l’équivalent d’un litre de vapeur d’eau au kilomètre.
Cette démarche participe du « verdissement » du sport automobile, qui a déjà commencé avec l’hybridation des Formule 1 et l’essor de la Formula E, ces monoplaces 100% électriques dont les passes d’armes assurent un formidable spectacle en piste.
Une voiture qui "respire"
Les voitures participant à des épreuves d’endurance sont elles aussi appelées à s’électrifier, mais par le biais de la technologie hydrogène. Sans vous assommer de détails techniques, retenez que celles-ci disposent d’un moteur combinant l’oxygène présent dans l’air à l’hydrogène, gaz stocké dans les réservoirs du véhicule. La réaction chimique entre les deux éléments produit de l’eau et de l’électricité.
Celle-ci est stockée dans les batteries qui alimentent le moteur électrique, tandis que l’eau est recrachée sous forme de vapeur par deux tubes dont le diamètre équivaut à celui d’un petit tuyau d’arrosage. A l’arrêt, le système émet un bruit léger qui par moments évoque celui d’une bouilloire, et à d’autres une sorte de respiration. C’est d’ailleurs assez troublant.
Précisons que le "moteur" (une pile à combustible, en réalité) est fabriqué par Symbio, co-entreprise de Faurecia et Michelin, ce dernier fournissant aussi le véhicules en pneumatiques. Comme l’explique dans notre vidéo Yves Faurisson, responsable hydrogène chez Michelin, la technologie hydrogène sera dans un premier temps appelée à se développer sur la mobilité intensive (utilitaires, poids lourds...). La compétition automobile sert donc de banc d’essai extrême pour des technologies disponibles demain sur la route.
La station de distribution tient dans un conteneur de 6 mètres sur 3, dispositif que complète une batterie de bouteilles d’hydrogène. Dans la station, l’hydrogène est compressé puis stocké à une pression de 450 bars dans les réservoirs, avant d’être distribué par l’intermédiaire d’une « pompe à carburant » un peu spéciale dont vous découvrez plus de détails dans la vidéo accompagnant cet article.
Le « plein » dure entre deux et trois minutes, valeur à ne surtout pas comparer à la poignée de secondes que prend l’opération équivalente sur des moteurs thermiques en compétition. En effet, la technologie hydrogène a encore bien le temps de progresser d’ici à 2024.
Détour vers le futur
Un mot sur la voiture, maintenant. Le proto LMPH2G s’inscrit dans le cadre du programme MissionH24, lancé fin 2018 et mené conjointement par l’Automobile Club de l’Ouest, organisateur des 24 Heures du Mans, et Green GT, société leader dans le développement de solutions électrique-hydrogène. Ce n’est pas une voiture de course à proprement parler, mais un laboratoire roulant destiné à développer et valider des solutions technologiques.
Après un peu plus de 10 000 km d’essais, celle-ci va d’ailleurs laisser sa place à un deuxième modèle plus évolué, la H24, plus légère et plus puissante, qui a été dévoilée en septembre dernier aux 24 Heures du Mans. Nous aurons l’occasion d’en reparler et, si tout va bien, de la faire essayer par Soheil Ayari. En attendant, découvrez dans cette vidéo le premier contact de notre pilote-maison au volant de cette voiture du futur.
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