Les italiennes méritent-elles leur mauvaise réputation de fiabilité ?
Les idées reçues ont la vie dure. Le plus souvent en tout cas. Et celle selon laquelle les voitures italiennes seraient des bêtes à chagrin en matière de fiabilité est l'une des plus tenaces. Mais aujourd'hui, cela correspond-il à la réalité ? Tour d'horizon chez Fiat et Alfa Romeo, pour répondre à cette question. On a zappé Lancia, qui ne vend plus chez nous... pour le moment.
Sur l'étagère des croyances partagées, on trouve les bien connus "les poissons rouges n'ont pas plus de 20 secondes de mémoire", "boire de l'alcool, ça réchauffe", ou encore "le chili con carne est une spécialité mexicaine". Mais on trouve aussi en bonne place "les voitures italiennes ne sont pas fiables".
Véritable idée reçue ou réalité ? Ici, les anciens possesseurs d'italiennes affrontent les possesseurs d'aujourd'hui. Et les subjectivités s'affrontent : non, les anciennes n'étaient pas toutes des bêtes à chagrin. Oui, les modèles d'aujourd'hui peuvent avoir des soucis. Oui, les anciennes pouvaient avoir plein de problèmes, non les actuelles ne sont pas pires que les autres.
Mais objectivement, quel est l'état des lieux ? Réponse en allant voir chez Fiat et Alfa Romeo. Nous avons sciemment écarté Lancia, qui ne vend plus en France, mais que l'on pourra globalement comparer à Alfa Romeo, et les marques de prestige comme Ferrari, Maserati et autres Lamborghini, dont il est impossible de dire qu'elles sont représentatives...
Chez Fiat
Chez le constructeur turinois, la gamme actuelle se compose de la 500 (en version thermique, avec une carrosserie et une conception qui date, ou électrique, bien plus récente), de la Panda, de la 500X, et de la Tipo. Si on remonte un tout petit peu dans le temps, on peut aussi évoquer la 500L et 500L Living, la Punto 3/Grande Punto, ou même la Panda 2.
Qu'en est-il en matière de fiabilité pour ces modèles récents ?
Eh bien figurez-vous que tout va bien, globalement. La fiabilité de certains modèles, comme la Panda 2 (sauf des soucis de direction assistée) ou la Panda 3 est même largement au-dessus de la moyenne. Pour la 500 en version thermique, la base est tellement éprouvée qu'elle est aujourd'hui également complètement fiabilisée.
Voir la Maxi-fiche fiabilité de la Panda 2
Voir la Maxi-fiche fiabilité de la Panda 3
La compacte Tipo est aussi très bien lotie par rapport à la concurrence française ou allemande. Elle n'est pas parfaite, mais sa conception assez simple limite les soucis, et les propriétaires sont beaucoup moins embêtés que ceux d'une Volkswagen Golf 6/7 ou d'une Peugeot 308 2. On relève tout de même une consommation d'huile élevée sur les blocs essence, et des bugs électroniques au niveau du multimédia, mais des mises à jour résolvent les aléas.
Voir la Maxi-fiche fiabilité de la Tipo 2
Le modèle 500L/500L Living est lui aussi relativement épargné par les aléas et les gros problèmes récurrents. L'électronique joue quelques tours aussi, comme sur la Tipo, mais mécaniquement c'est correct (éventuellement, soucis avec le stop and start, et ralenti instable sur les diesels), et la finition, bien que basique, ne pose pas non plus de souci.
Par contre ça se corse un peu avec la Punto 3/Grande Punto, qui a eu un début de carrière chaotique, mais qui, il faut l'avouer, est aujourd'hui fiabilisée, mais surtout avec le 500X, un modèle à succès dans la gamme du constructeur.
En effet, ce dernier peut être affecté par pas mal de soucis : casse du turbo sur le 1.4 MultiAir, usure d'embrayage/volant moteur sur le 1.6 Multijet 120, supports moteur, stop and start, bus électroniques du multimédia et du GPS, etc. Pour le coup, on ne peut pas dire que le 500X soit représentatif de la fiabilité Fiat actuelle, c'est le mouton noir de la gamme.
Voir la Maxi-fiche fiabilité de la Punto 3/Grande Punto
Voir la Maxi-fiche fiabilité de la 500X
Dans tous les cas, vous l'aurez compris, l'époque où les Fiat avaient des soucis récurrents de rouille, d'électricité, ou de moteur, est révolue. Et cela fait d'ailleurs bien longtemps. On peut dire que depuis 15 ans, facile, les modèles transalpins sont d'un niveau qui a rejoint, voire dépassé celui de la concurrence.
Que ce soit au niveau de la carrosserie, des peintures, de la fiabilité électrique et électronique, la tranquillité est revenue. Et au niveau des motorisations, on peut même dire que Fiat a accouché de blocs qui sont au-dessus du lot. Pas parfaits, non, mais de quoi faire pâlir certains concurrents. Les diesels JTD common rail par exemple, sortis en 1997 (chez Alfa Romeo d'abord) ont démontré une très grande robustesse et longévité. Et en essence, les MultiAir actuel, sauf exception, réservent une belle tranquillité, contrairement aux TSI, TCe ou Puretech concurrents.
Mais malheureusement les idées reçues, on l'a dit, ont la vie dure.
Chez Alfa Romeo
Plus encore que chez Fiat (oui, c'est possible), la fiabilité des Alfa Romeo est dans l'inconscient collectif très mauvaise. Si cela a bel et bien été une réalité des années 60 jusqu'aux années 90, depuis la 156 sortie en 1997, les choses sont bien différentes. La fiabilité de la marque milanaise a suivi de fait celle de Fiat, cette dernière en étant devenue propriétaire en 1986. Elle a donc très largement progressé depuis.
Pour ceux qui ont connu les Alfa des "années noires", ce sont des modèles qui rouillent, qui fuient, qui souffrent de défauts électriques à répétition, et dont certaines mécaniques sont fragiles, avec des distributions en cristal, et autres joyeusetés. De quoi ternir leurs qualités de tenue de route, de vivacité mécanique et de plaisir de conduite, quand elles fonctionnent...
Clairement, la réalité est aujourd'hui tout autre.
La gamme actuelle, réduite à peau de chagrin, comprend la berline Giulia et les SUV Stelvio et Tonale, le dernier-né. Ce dernier est encore trop récent pour que l'on puisse jauger sa fiabilité, évidemment. On se penche donc sur Giulia et Stelvio, mais nous allons aussi remonter aux MiTo et Giulietta, voire 159 et 147/156, car c'est à partir de ces dernières que les améliorations en matière de finition et de fiabilité ont été remarquables.
Les 147/156 ont en effet marqué un certain renouveau de la firme italienne. Par rapport à leurs devancières, rien à voir en matière de qualité de finition, qui est grimpé d'un ou deux bons crans. Et oubliés aussi les gros soucis de fiabilité des modèles précédent 145/146, ou 155.
En puisant complètement dans la banque d'organe de Fiat, Alfa Romeo s'améliore grandement. La 156 n'a pas été parfaite à sa sortie, mais la marque a très vite réagi, et organisé de bonnes campagnes de rappel, tandis qu'elle prenait en charge les soucis expérimentés par les clients, sans trop se faire prier. De fait, la seconde partie de carrière de cette jolie berline a été très tranquille. Pareil pour la 147, sortie quelques années après (2000).
Voir la Maxi-fiche fiabilité de l'Alfa Romeo 156
Voir la Maxi-fiche fiabilité de l'Alfa Romeo 147
Pour ces deux modèles, on notera tout de même une fragilité des trains roulants, qui ont toujours posé problème, ou de la poulie déphaseur d'arbre à cames sur les moteurs essence twin spark.
La 159, qui a succédé à la 156, n'est, elle, pas exempte de problèmes. On compte des casses de turbo prématurées sur le 1.9 JTD, une admission qui s'encrasse sur le puissant 5 cylindres diesel 2.4 JTD, une boîte Q-Tronic qui peut donner des à-coups. Ce n'est donc pas la meilleure sur le plan de la fiabilité, mais à son époque, la concurrence souffrait aussi.
Voir la Maxi-fiche fiabilité de l'Alfa Romeo 159
Plus proches de nous dans le temps sont la Mi.To. et la Giulietta. Et ces deux-là ne peuvent malheureusement pas être qualifiées de très fiables. Toutes deux ont pu agacer très fortement leurs propriétaires, en affichant de nombreux aléas qui, s'ils sont rarement immobilisants, ne sont pas normaux ni acceptables pour une marque qui se veut premium et chic, et donc qui fait payer cher ses modèles.
La Giulietta a connu de très nombreux problèmes électroniques, mais aussi de finition. Même la mécanique n'était pas parfaite (fuites de la pompe à eau, casses prématurées du volant moteur sur les 2.0 diesels...).
Voir la Maxi-fiche fiabilité de l'Alfa Romeo Giulietta
La Mi.To., de son côté, est un peu meilleure, mais ne brille pas. Elle a aussi pêché en finition, aussi bien intérieure qu'extérieure, mais a surtout connu des défaillances de batterie en série, et de direction.
Voir la Maxi-fiche fiabilité de l'Alfa Romeo Mi.To.
Finalement, ce n'est qu'avec les plus récents modèles, la Giulia et le Stelvio, qu'Alfa redresse complètement la tête. En effet, ces deux modèles font preuve d'un haut niveau de fiabilité. Ils sont basés sur la même plateforme et partagent les mêmes mécaniques, le Stelvio n'utilisant pas les moins puissantes cependant.
Rien n'étant complètement parfait en ce bas monde, l'une comme l'autre vous gratifieront de bugs électroniques divers et variés, surtout jusqu'en 2019 et l'adoption d'un nouveau système multimédia. Messages d'alertes, parfois intempestifs d'ailleurs, voyants allumés, rien qui ne puisse se résoudre avec le temps par des mises à jour des boîtiers électroniques.
Mais pour le reste, mécaniquement, au niveau des trains roulants, de la boîte de vitesses automatique ou au niveau de la finition et du vieillissement global, et sauf rares exceptions ponctuelles, ces deux modèles sont parfaitement recommandables.
Enfin dignes de la marque, pourrait-on dire.
Voir la Maxi-fiche fiabilité de l'Alfa Romeo Giulia
LE BILAN
Les images d'Epinal ont fait leur temps. Que ce soit pour Fiat ou Alfa Romeo, les soucis de rouille, d'électricité, de fuites et autres casses mécaniques ou fragilités de trains roulants ou de finition sont globalement de l'histoire (très très) ancienne. Bien sûr, certains modèles sont encore à situer du mauvais côté de la barrière, et à déconseiller, comme la Mi.To. ou la Giulietta chez Alfa.
Mais a contrario, certains modèles, Fiat Panda ou Tipo, Alfa Giulia ou Stelvio, présentent une tranquillité d'utilisation que nombre de marques et modèles concurrents peuvent envier, y compris au sein des officines premium, nos plus récentes fiches fiabilité en sont une illustration forte.
Alors pour conclure, voilà une idée reçue qui est objectivement à mettre au placard ! Et ce ne sera pas trop tôt...
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