Les tops/flops de la rédaction 2021: Eternelle Trabant et… haro sur les quotas de verdissement
La fin d’année est l’occasion de jeter un coup d’œil dans le rétro. Chaque jour pendant cette période des fêtes, les journalistes de la rédaction de Caradisiac vous font part de leurs enthousiasmes et de leurs coups de griffes. Aujourd’hui, Louis-Cyril Tharaux, journaliste pour la rubrique voitures de fonction, vous donne son top/flop 2021.
Mon Top : la Trabant n’a pas dit son dernier mot
Trente ans après l’arrêt officiel de sa production sur les lignes de la Sachsenring, entreprise installée à Zwickau sur laquelle reposait toute l’industrie automobile de la RDA, j’avais envie de mettre en lumière la Trabant, que j’ai eu la chance de conduire il y a deux ans dans le trafic plutôt fluide de Leipzig.
La « Trabi » comme la surnomment ses fans, en particulier les fans de la série 601 apparue dès 1964, est restée chère au cœur des Allemands. Y compris aux yeux des Wessis, les anciens citoyens de la RFA qui, à la chute du Mur de Berlin, furent pourtant nombreux à toiser cette voiture de poche de 3,55 mètres qui n’avait fatalement rien de commun avec leurs grosses berlines.
Les moqueries semblent désormais appartenir au passé et le mythe est aujourd’hui si présent que l’égérie saxonne se plaît à jouer les prolongations. Pour preuve, outre-Rhin, au printemps dernier, l’Agence fédérale allemande des transports recensait plus de 38 000 Trabant sur les routes, soit davantage que de spécimens badgés Tesla. Cela paraît d’autant plus improbable que cela équivaut à 5000 immatriculations de plus qu’en 2015.
A l’heure où la crise des semi-conducteurs paralyse les chaînes d’assemblage du monde entier, la Trabant semble ainsi s’amuser avec l’histoire. Avec son look passe-partout, son unique compteur de vitesse à aiguille, son moteur à 2 temps développant 26 chevaux et 110 km/h debout sur l’accélérateur, elle en profiterait même pour rêver d’un retour au premier plan. D’une part sous l’impulsion des passionnés, qui se bousculent pour restaurer et entretenir des exemplaires longtemps relégués à la casse. D’autre part sous l’impulsion d’investisseurs et fabricants, de Sachsensring entre autres qui, passé depuis 1991 du statut de constructeur à celui de simple équipementier, ne s’interdit pas de contribuer à la relance d’une Trabant nouvelle formule, que l’on imagine certes plus écologiquement correcte sans doute…
Rappelons qu’un projet de Trabant électrique avait été dévoilé en 2009 à l’IAA de Francfort sans avoir pu finalement aboutir. Le regain d’intérêt actuel pour cet emblème du communisme, qui dépasse de loin toutes les frontières de l’ex-Europe de l’Est, pourrait bien le remettre sur les rails pour de bon d’ici à 2030.
Mon Flop : les quotas de verdissement pour les flottes
A peine appliquée que déjà déjugée ? Non, rien à voir avec une éventuelle future Trabant ou avec une quelconque candidature à la présidentielle. Non, je voulais parler de la loi LOM (loi d’orientation des mobilités) votée en décembre 2019, il y a deux ans tout juste et dans la douleur, après des mois de navettes parlementaires.
Ce texte imposait entre autres, à compter de ce 1er janvier 2022, dans les flottes privées comptant un minimum de 100 véhicules légers de gabarit égal ou inférieur à 3,5 tonnes, des quotas de modèles à faibles émissions lors des renouvellements de parcs.
Pour mémoire, cela donnait dans l’ordre : 10 % à partir de 2022, 20 % dès 2024, 35 % à l’horizon 2027 et 50 % en 2030. Une obligation d’équipement en VP et VUL 100 % électriques ou hybrides rechargeables que la plupart des gestionnaires de flottes avaient depuis intégré à leur Car Policy, composant ainsi tant bien que mal avec l’offre de modèles disponible et surtout avec cette contrainte réglementaire de plus…
Oui mais voilà, comme si cette annonce n’avait pas suffi, et alors que le monde de l’automobile est en crise depuis 18 mois, que le marché des véhicules neufs est grippé comme jamais, que le nombre de bornes de recharge publiques en France est de surcroit, fin 2021, deux fois inférieur au maillage promis par le gouvernement au printemps 2020, les pensionnaires de l’Assemblée nationale et du Sénat ont choisi cet été de corser encore davantage la part de modèles dits « propres » dans les entreprises tricolores.
En juillet, les députés et sénateurs présents ont en effet validé une surcouche de mesures et adopté cette fois la loi Climat et Résilience. Avec elle, la proportion de véhicules à faibles émissions devra passer à 40 % en 2027 et à 70 % en 2030.
Au-delà du fait que les parlementaires se sont assis sans complexe sur le canevas d’une loi LOM qu’ils avaient eux-mêmes tissé, difficile de croire, si nécessaire soit la préservation de l’environnement, que ces nouveaux quotas de verdissement ambitieux (sans doute hélas pas les derniers du genre) seront compatibles avec la réalité du terrain et les futurs besoins de déplacements des professionnels.
Mon souhait pour 2022 : Une bonne santé à toute la rédaction de Caradisiac et à tous nos lecteurs !
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