Luca de Meo rempile pour quatre années de plus et un salaire de près de 7 fois inférieur à celui de Carlos Tavares
L'un dirige le groupe Renault, l'autre est à la tête de Stellantis. Mais si Luca de Meo gagne un peu plus de 5 millions d'euros pour l'exercice 2023, Carlos Tavares peut compter sur un matelas de plus de 36 millions. Une différence qui correspond à des résultats certes incomparables. Sauf que tous deux ont dû affronter la fronde de 30 % de leurs actionnaires qui ont quelques reproches à leur faire.
Le temps passe vite. Voilà quatre ans que Luca de Meo est à la tête de Renault. Quatre ans que sa Renaulution est en marche et après ce temps de redressement du groupe, et surtout d’une marque (Renault) aux abois, un premier bilan a été réalisé et les premières conclusions ont été tirées par les actionnaires et le conseil d’administration. Le patron est non seulement reconduit pour un deuxième mandat, mais son salaire a été augmenté de 31%, pour atteindre 1,7 million d’euros.
3,8 millions de rémunération variable
Mais ce n’est pas sa seule rémunération. Selon une pratique courante pour les capitaines d’industrie, une partie variable, indexée sur les résultats, lui a également été octroyée. En tout, le boss du losange pourrait donc toucher 5,53 millions d’euros pour l’exercice 2023. C’est beaucoup, mais c’est près de 7 fois moins que la rémunération de plus de 36 millions d’euros perçus par Carlos Tavares sur la même période.
Certes Renault n’est pas Stellantis. Le premier dispose de trois marques quand le second s’articule autour de 14 enseignes. Côté bénéfice, les deux constructeurs ne jouent pas non plus dans la même cour. Renault a dégagé 2,3 milliards de bénéfice, pendant que Stellantis culmine à 18,6 milliards de résultat.
Les rémunérations, comme les entreprises, ne sont donc pas comparables entre les deux hommes. Pourtant, l’un et l’autre se sont vus opposer un refus de leurs émoluments par environ 30% de leurs actionnaires. Près d’un tiers de ceux qui ont misé sur Renault et sur Stellantis a donc jugé que les salaires de leur patron respectif étaient trop élevés.
Pour quels griefs ? En dehors du montant explosif de la rémunération de Carlos Tavares qui a secoué le landerneau politico-médiatique, peut-être que les actionnaires de refus ont voulu sanctionner les quelques erreurs des deux hommes.
Pour Carlos Tavares, peut-être s’agit-il de noter à la baisse quelques contre-performances récentes. Et notamment celle des marques américaines du groupe qui ont dévissé de 15 %, en raison, notamment, du succès foudroyant de l’hybride rechargeable aux États-Unis, que Stellantis n’a pas vu venir.
Peut-être aussi les actionnaires qui ont voté « non » aux 36 millions, percevaient-ils également ce qui se produit en Europe pour le groupe. À savoir des ventes en recul de plus de 6 %. Une baisse peut-être liée aux prix trop hauts et à la qualité trop à la baisse.
En revanche, qu’est-ce que les rebelles du conseil d’administration de Renault ont bien pu reprocher à Luca de Meo ? Peut-être ont-ils du mal à digérer la reculade du patron lorsqu’il a renoncé à porter la division électrique du groupe (Ampère) sur les fonds baptismaux de la bourse, en estimant à juste titre que l’électrique n’avait pas la cote ?
On ne saurait lui reprocher la mévente des autos électriques depuis plusieurs mois, mais gouverner c’est prévoir, et de Meo n’a pas suffisamment prévu à leurs yeux. De la même manière, les déconvenues d’Alpine en F1 ne sauraient lui être personnellement imputées. Mais gouverner c’est aussi savoir bien s’entourer, et dans ce cas précis, ce n’a pas été le cas.
Pas grave, ce n’est que du sport ? Sauf que, de l’aveu de de Meo lui-même, l’objectif d’être champion du monde en 2026 qu’il a fixé au team est crucial pour l’image des Alpine de série, et de leur arrivée aux États-Unis avec un autre objectif : 150 000 unités vendues chaque année. On est loin d’un triomphe en F1 et d’un triomphe dans les concessions US.
Quoi qu’il en soit, que l’on s’appelle Tavares ou de Meo, l’industrie automobile est un sport à haut risque. Sauf que l’un comme l’autre se voient pardonner leurs erreurs par une majorité de leurs actionnaires, tant que les bénéfices encaissés occultent les bourdes.
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