Mercedes-Benz E240 vs Peugeot 607 V6 : confort, classicisme et V6, dès 2 500 €
Une grande berline confortable et raffinée pour partir en vacances ? Bonne surprise, cela ne coûte vraiment pas cher, dans les cas des Mercedes E240 W211 et Peugeot 607. Par ailleurs performantes et rapides, ces autos méritent le détour.
Les forces en présence
Mercedes-Benz E240 (2002 - 2005) : berline 4 portes, 5 places, 6 cylindres en V, 2,6 l atmo, 177 ch, 1 570 kg, 236 km/h, à partir de 4 500 €.
Peugeot 607 V6 (2000 - 2008) : berline 4 portes, 5 places, 6 cylindres en V, 3,0 l atmo, 210 ch, 1 540 kg, 235 km/h, à partir de 2 500 €.
Dans les années 90, les voitures connaissent une avancée notable en matière de technologie, voire de durabilité dans le cas des constructeurs généralistes. Ceux-ci commencent à se hisser au niveau des spécialistes du premium, à l’instar de Peugeot dont la 607, apparue en 1999, surpasse nettement par sa qualité la 605 qu’elle remplace, pour se rapprocher comme jamais de références telles que Mercedes . Il faut dire que sa Classe E W211, si elle se montre plus sophistiquée que sa devancière W210, a connu de sérieux soucis de fabilité. En tout cas, la Peugeot 607 V6 et la Mercedes E240 sont proposées avec d’onctueux moteurs V6 essence, tellement plus agréables que les 4-cylindres diesels omniprésents. De plus, nos rivales proposent actuellement leurs charmes à des prix planchers. Laquelle choisir ?
Présentation : une traction française défie une propulsion allemande
C’est un bon en avant technologique que Mercedes Classe E effectue en janvier 2002 au lancement de sa génération W211. En effet, elle adopte une électronique ultrasophistiquée, comprenant bien sûr un multiplexage total mais aussi des freins électrohydrauliques SBC. En gros, c’est une pompe électrique qui met sous pression le liquide de frein, et le distribue finement à chacun des étriers pour qu’ils mordent adéquatement les plaquettes. La pédale devient fictive (elle n’actionne pas directement le maitre-cylindre) et une fonction d’arrêt en douceur est même prévue.
Tout le reste de la voiture est nouveau, de la plate-forme à la suspension (double triangulation avant/essieu multibras arrière) aux éléments en aluminium. Elle peut même se doter de coussins d’air. Le tout s’emballe d’une carrosserie classique, reprenant les quatre projecteurs inaugurés par l’ancienne Classe E W210, mais dessinée tout en fluidité et très aérodynamique (Cx de 0.26). Sous le capot, l’offre de moteurs est pléthorique, comprenant notamment deux V6 à essence (double allumage et 18 soupapes), dont celui qui nous intéresse développe 177 ch pour une cylindrée de 2,6 l. Suffisant pour emmener les 1 570 kg de la E240 à 236 km/h avec la boîte 6 manuelle offerte en série (0 à 100 km/h en 8,9 s). En option, une transmission automatique à 5 rapports est proposée.
Facturée 38 700 € (55 000 € actuels selon l’Insee), la E240 Classic de base se dote en série d'un bel équipement : l’ESP, la clim auto bizone, phares et essuie-glaces automatiques, aide au freinage d’urgence, régulateur de vitesse ou encore jantes en alliage sont de série. L’Elégance se signale surtout par une décoration plus chic (ronce de noyer, chromes, volant cuir) alors que l’Avantgarde, au look plus sportif, ajoute les jantes de 17, les projecteurs au xénon ou encore la sellerie mixte cuir-tissu. La variante E240 se vendant peu, elle est retirée dès 2005.
Quelle occasion perdue que la Peugeot 605 ! Brillamment conçue, elle a vu sa carrière ruinée par une fiabilité désastreuse en début de carrière. Mais tout ne sera pas perdu : sa plateforme et ses trains roulants, dans leurs grandes lignes, seront récupérées pour sa remplaçante, la 607. Révélée en 1999, elle arbore une ligne et un habitacle inédits, alliés à une qualité de fabrication et de finition en gros progrès. Dessinée en interne par l’équipe de designers emmenés par Gérard Welter, elle a même fière allure, même si elle ne révolutionne en rien la catégorie des grandes routières.
Cela dit, elle verra sa commercialisation retardée de quelques mois, par la faute de défauts de tenue de route mis en valeur par des journalistes inquisiteurs, échaudés par l’affaire de la Mercedes Classe A. La grande Peugeot est donc livrée à partir de mai 2000, dûment corrigée. En haut de gamme, la 607 récupère le V6 ES déjà utilisé dans la 605, un 3,0 l développant ici 210 ch. Pas exagérément lourde (1 540 kg), elle pointe à 240 km/h et franchit les 100 km/h en 8,0 s, avec la boîte 5 manuelle livrée d’office. En option, on trouve une transmission automatique à 5 rapports qui équipera l’écrasante majorité des exemplaires livrés. De série, la V6 de base propose une belle panoplie, incluant la clim bizone, les quatre vitres électriques, l’amplificateur de freinage, les jantes alliage, la sono, les airbags latéraux, voire l’amortissement piloté allié à l’ESP. Le tout pour 237 500 €, soit 53 300 € actuels selon l’Insee.
La Pack BVA ajoute les sièges cuir à réglages électriques, le lecteur CD, les vitres latérales feuilletées ou encore l’alarme, et se facture 266 500 F, soit 59 800 € actuels selon l’Insee. Tout de même ! Les ventes ne cassent pas la baraque, culminant à 34 059 exemplaires, toutes versions confondues, en 2001. Par la suite, la Peugeot 605 V6 va peu évoluer, bénéficiant d’un léger restylage en 2004 (boucliers revu, équipement en hausse, passage à la norme Euro IV). Les finitions changent d’appellation, de dénommant Signature et Griffe, dotées des xénons, du GPS couleur ou encore des rétros extérieurs électro-chromes. Le moteur V6 essence est retiré en 2009.
Fiabilité/entretien : la dégringolade contrôlée de Mercedes
La Mercedes Classe E a connu un début de carrière catastrophique. L’électronique a causé énormément d’ennuis, qui n’ont pas tous été résolus, à tel point que quand la Classe E a été restylée en 2006, elle a été simplifiée : exit le freinage Sensotronic (SBC), sujets à bien des rappels et engendrant une usure prématurée des plaquettes arrière. Entre-temps, Mercedes a procédé à de belles prises en garantie et a rectifié le tir, de sorte que les autos produites ont été fiabilisées à la longue en après-vente, alors que celles sorties à partir de 2004 sont largement corrigées.
Largement, donc pas totalement : les bugs subsistent, des voyants s’allument intempestivement, des vitres électriques dysfonctionnent. En revanche, le V6 se révèle très solide (sa chaîne de distribution simplifie l’entretien), tout comme la boîte (à vidanger tous les 60 000 km), alors qu’habitacle et carrosserie résistent vaillamment au temps.
La 607 a, elle aussi, connu un début de carrière assez difficile en raison de nombreux problèmes électroniques, liés à son multiplexage. Mais rien de comparable à la Mercedes. Peugeot a procédé à une remise à niveau en 2001 (voilà qui rappelle la 605…) ce qui n'a pas éradiqué les pépins, toujours pas rares (capteur défaillant, connecteur défectueux). La suspension pilotée doit bien fonctionner sur l’exemplaire convoité, car Peugeot n’en fournit plus toutes les pièces, dont des durits : problème, elles fuient.
Heureusement, le V6 est très solide, même si ses bobines sont parfois défaillantes. De plus, changer la courroie de distribution coûte cher. Tout comme le moteur, la transmission est digne de confiance. Bien fabriquée, la 607 vieillit très correctement côté habitacle et carrosserie.
Avantage : égalité. Si la Mercedes a été plus problématique que la Peugeot, ses ennuis ont globalement été résolus, de sorte que les deux rivales proposent une longévité similaire.
Vie à bord : largesses françaises, rigueur allemande
La Mercedes se révèle plutôt spacieuse et très correctement équipée, même en version de base. Et en option, presque tout est possible si on met le prix. D'origine, la sellerie apparaît relativement ferme, l'option Multicontour étant alors un gros plus. Par ailleurs, la finition se révèle extrêmement soignée (matériaux, assemblage). Quant à lui, le coffre est plus volumineux (520 l contre 510 l), et bénéficie – en supplément – d’une assise rabattable (seuls les dossiers le sont dans la 607).
Dans la 607, les sièges offrent un moelleux très supérieur à ceux de la Mercedes et l’espace s'y révèle plus abondant : tous les passagers peuvent prendre leurs aises. La largeur aux coudes et l’espace aux jambes font référence. L’équipement riche renforce l’attrait de la française (la Griffe inclut le GPS, le cuir, le chargeur CD les sièges arrière chauffants, la hifi haut de gamme), mais sa finition, certes très convenable, laisse apparaître quelques écarts de montage et des matériaux pas toujours flatteurs.
Avantage : Peugeot. Plus d’espace, de confort et d’équipements permettent à la 607 de dominer la E240, pourtant mieux finie.
Sur la route : une Peugeot plus dynamique
Belle position de conduite dans la Mercedes, dont le siège se révèle plaisant. Le V6, d'une belle douceur, fait aussi preuve d’un peu de caractère et présente une sonorité agréablement rauque dans les tours. Malgré son déficit de puissance, il accélère tout aussi fort que celui de sa rivale, et se révèle davantage audible.
En revanche, il a moins de coffre en reprises, même si la boîte auto est bien adaptée. Surprise, la Mercedes filtre remarquablement les inégalités à basse vitesse, procurant un confort de suspension excellent. Cela n’entame pas du tout le comportement routier, extrêmement sûr, quoi qu'un peu pataud. Enfin, le freinage se révèle très efficace.
Dans la 607, on apprécie la bonne position de conduite et le confort du siège. Le moteur ? Silencieux et onctueux, il sonne agréablement, mais n’excelle nulle part. Les performances qu’il autorise sont du même acabit : convenables, donc sans éclat, même si on apprécie les bonnes reprises, meilleures que celles de la Mercedes. La boîte auto, douce et plus vive, elle aussi, que celle de la E240, lui va comme un gant. Le châssis ? Très bon.
Si le train avant manque un peu de mordant, l’arrière enroule gentiment et l’ensemble apparaît efficace, même si la 605 faisait mieux encore… Mais la 607 surpasse la E240 par son dynamisme. La Peugeot se signale aussi par son grand confort général, même si la suspension filtre moins que celle de sa rivale à basse vitesse. Mais sur autoroute, son silence fait merveille, et le freinage séduit par son efficacité.
Avantage : Peugeot. Malgré sa suspension moins confortable, la 607 l’emporte grâce à sa mécanique et son comportement plus alertes que ceux de la E240, ainsi que son insonorisation plus poussée.
Budget : vraiment bon marché, même la Mercedes.
Pas si rare sur le marché, la 607 V6 est très peu chère : elle se déniche dès 2 500 € en très bon état, même si elle dépasse largement les 200 000 km. Aux alentours de 150 000 km, on tablera plutôt sur un minimum de 4 000 €, voire 5 000 € vers les 100 000 km, et 6 000 € pour 80 000 km. Les phases II sont un peu plus chères, de 500 à 1 000 € supplémentaires. Côté consommation, comptez 10,5 l/100 km en moyenne.
La Mercedes coûte nettement plus cher, mais on part de si bas… Une belle auto réclamera un minimum de 4 000 €, là encore à plus de 200 000 km, alors qu’aux alentours de 150 000 km, on dépensera 6 000 €, voire plus de 10 000 € à moins de 100 000 km. Des prix qui peuvent nettement varier en fonction des options dont dispose l’exemplaire. La E240 avalera 10,8 l/100 km en moyenne.
Verdict : le lion avale l’étoile
Ne pas se fier aux réputations : la Peugeot 607 s’impose ici, et pas uniquement grâce à son prix plus attractif. Elle bat la Mercedes par son habitabilité, ses performances, son comportement plus alerte, son équipement voire sa consommation plus faible. Et ce, sans démériter aucunement côté fiabilité. La E240 conserve une finition supérieure, une suspension plus confortable, sans oublier une meilleure disponibilité en pièces détachées, tout étant encore achetable chez Mercedes. Au prix fort.
Thème | Avantage |
Fiabilité/entretien | Egalité |
Vie à bord | Peugeot |
Sur la route | Peugeot |
Budget | Peugeot |
Verdict | Peugeot |
Pour trouver des annonces, rendez-vous sur le site de La Centrale : Mercedes Classe E W211 et Peugeot 607 V6.
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