Heureusement que c'est une voiture professionnelle qui ne me coûte rien ! A noter que nous somme deux dans ma boite à avoir reçu ce véhicule et que si nos avis divergent sur certains points (confort des sièges), ils s'accordent en revanche sur d'autres (sensibilité au vent et mouvement de caisse, consommation)
Je roule 45% route / 45% autoroute / 10% ville, environ 35 000 km par an, ce qui m'offre une expérience suffisante de la conduite (associé à un turnover fréquent de véhicule de modèles récents) pour pouvoir affirmer ce qui suit : le C3 Aircross est exactement ce qu'il est sensé être : un SUV urbain, à savoir un véhicule vous offrant tous les inconvénients d'un SUV (Cx de parpaing qui vous donne une consommation de carburant indigente pour un 1.5L diesel, centre de gravité situé haut induisant une tenue de route aléatoire et variable avec beaucoup de roulis), mais sans les avantages (moins de place intérieure, capacité de franchissement limitée aux dos d’ânes et au trottoirs, coffre pas si grand en configuration normale). Il est donc taillé pour une utilisation de citadin : déplacement à allure modérée pour des trajets dont les enchainements de courbes les plus endiablés sont des ronds-points, le tout ponctué de stop et feu rouges avec traversée de bancs de piétons...
Certes, l'engin a un look séduisant et un intérieur rigolo qui fera le bonheur des petits. Oui, la suspension citroën-esque saura gommer les imperfection et irrégularité des routes, si tant est que vous restiez en ligne droite, mais c'est à peu près tout !
Avant de parler de ladite suspension, éliminons tout de suite un premier problème dont les braves ingénieurs de la marque aux chevrons (peut-on parler d'ingénieurs "chevronnés" ?) ne sont, hélas, pas responsables : les sièges. Ces derniers, dont la version "de base" équipe mon fier bolide et non la version "Confort Plus", ne sont pas du goût de mon auguste postérieur. En effet, la présence au fond de l'assise d'un genre de petit "boudin" en mousse me donne une sensation tactile fort désagréable pour moi dans le haut des fesses (ou le bas du dos, c'est selon), ce qui m'a obligé à ajouter une housse de siège en mousse haute densité pour régler le problème. A porter au crédit de la marque du vieux Dédé : je suis le seul à ressentir ça sur les 4 collègues à avoir posé leur séant dans nos Aircross, la faute donc à mon fondement sensible.
Ce problème étant soldé, passons donc à la liaison au sol. Notons tout d'abord que la tenue de route globale n'est pas catastrophique, loin s'en faut ! Pour arpenter les mêmes routes en C3 Aircross et en Duster 4x4, je suis bien placé pour dire que le rythme sera plus soutenu en virages avec la Citroën, sans parler des ronds points sous la pluie, véritable Némésis de ma Dacia qui les prends comme sur du verglas. Par contre, la hauteur du Aircross alliée à une suspension que je qualifierais de "molle" et un empattement réduit rendent la Citroën très instable dans les courbes rapides : l'animal semble rebondir sur ces appui, attirant inexorablement la trajectoire vers l'extérieur du virage pour le plus grand bonheur du 30t qui arrive en face... De manière générale le tempérament de la bête est très sous-vireur : il vous faudra aborder les virages un peu serrés par un freinage autoritaire pour mettre de l'appui sur le train avant et gagner en précision, ce qui par conséquent allègera le train arrière et le rendra très joueur, vous aurez l'impression alors de piloter un cétacé en quête de liberté et sautant joyeusement sur les vagues : ça louvoie, ça se dandine, ça cahote, ça roule et ça gite, heureusement que le contrôle de trajectoire remettra de l'ordre dans tout ça ! Autant dire qu'en cas de panne dudit système de contrôle, c'est la sortie de route assurée... On joue donc constamment du frein et de l'accélérateur pour faire entrer et sortir le fougueux animal des courbes de campagne, ce qui est rigolo au début mais devient vite lassant passés les premiers kilomètres. Par chance le moteur vif et réactif vous y aidera, du moment qu'on le maintient à 2500 tr/min au moins.
Lorsque l'on sort des petites routes pour prendre l'autoroute, voilà qu'un autre problème affecte la tenue de route : la silhouette massive du véhicule et son faible empattement rendent celui-ci TRES sensible au vent, y compris le vent généré par les poids lourds que l'on double. La C3 Aicross va alors divaguer, telle la méduse bercée par le courant, rendant tout trajet autoroutier de plus d'une heure aussi agréable qu'une traversée de la Méditerranée un jour de tempête. Bref, l'autoroute n'est pas le terrain de jeu favori de ce petit SUV, terrain sur lequel le moteur finit par montrer ses limites : consommation de char d'assaut, comportement amorphe nécessitant de rétrograder en 5ème pour trouver un peu de reprise...
Un élément va atténuer cette molesse de la liaison au sol : les jantes en 17" pouces montées de pneus en taille basse (215/50 17), sauf si vous avez opté pour les 4 saison en 16"...
Je ne m'attarderais pas sur le coffre trop petit à mon goût car je n'ai pas une utilisation familiale de ce véhicule (et de toute façon avec 3 enfants dont 2 encore en age d'utiliser des sièges adaptés il est impossible de tous tenir dans l'habitacle, j'ai dû sacrifié ma femme, mais le rituel s'est bien passé elle n'a donc pas souffert longtemps). Ah, autre chose : oubliez la banquette coulissante ! Si vous voulez gagner de l'espace dans le coffre par cet artifice, seuls des cul-de-jatte pourront se glisser sur les places arrières puisque l'espace dévolu aux jambes deviendra quasi-inexistant. Du coup, quitte à ne pas avoir de passagers, autant carrément replier assise et dossier pour avoir la capacité maximale du coffre !
Mais il faut reconnaitre de de tous les défauts, la palme revient haut-la-main à l'ergonomie générale à bord !! Prenons dans l'ordre :
- les rangements : très insuffisants pour un SUV, que ce soit en nombre et en capacité
- le système d'infodivertissement : mal positionné, l'écran est trop bas et à moitié caché par la main droite du conducteur, ce qui oblige à totalement quitter la route des yeux. Hors, et c'est bien là qu'est l'os, tout se passe via l'écran tactile, TOUT !
Explications : vous voulez changer les réglages de la clim en roulant ? 2 solutions :
1/ commande vocale : "j'ai froid" = +0,5°C, "j'ai très froid" = +1°C (je vous jure que c'est vrai, aller donc demander en concession), pas la peine de dire "j'étouffe" pour espérer augmenter la vitesse du ventilateur, la température est la seule variable ajustable de cette façon !
2/ réglage manuel. Mettre une console de réglage à base de bouton sur la colonne centrale afin de régler rapidement sa clim' est à la portée du premier imbécile, sauf visiblement du concepteur du C3 Aircross ! Pour ce faire, vous devrez appuyer sur le bouton dédié à l'accès au menu de l'air conditionné, celui-ci se trouvant sur une barre de boutons situé sous l'écran (celui-là même qui est déjà positionné trop bas...), ensuite vous réglez vos paramètres sur l'écran (zone de ventilation, vitesse, température). Vous étiez en pleine navigation ? Autant pour votre suivi que vous avez donc dû abandonner !! De toute façon, comme vous êtes un conducteur responsable vous vous êtes arrêté au bord de la route puisque pour compléter la procédure décrite plus haut il vous aura fallu quitter la route des yeux pendant 3 bonnes minutes (ce qui à 50 km/h vous aura fait parcourir 2,7 km, soit le temps au choix de mourir 3 fois ou d'écraser 8 piétons et 2 chiens, là ou des boutons sur console vous auraient permis de vous créer une mémoire sensorimotrice et de ne quitter la route des yeux que quelques secondes pour localiser le bouton de température). Vous avez donc enfin réglé votre air conditionné, et vous devez maintenant appuyer sur le bouton du menu général (toujours sur la barre de boutons) puis sur l'icône Android Auto ou Apple Carplay (sur l'écran tactile) pour revenir à votre navigation. Car il est entendu que le GPS intégré au véhicule étant tellement mauvais, vous utiliserez Waze (ou Maps) !
Bien entendu, pour baisser les coûts, le processeur du système est doté de la puissance de calcul d'un élève de CE1 qui apprend les additions, offrant à votre écran la réactivité et la rapidité d'un TO7 à cassettes (seuls les plus vieux comprendrons, ce qui est plutôt bien puisqu'ils constituent la cible historique de la marque aux chevrons !).
Mon véhicule a reçu en option la VTH (Visualisation Tête Haute), qui, couplée au freinage automatique d'urgence, va m'alerter de ma mort imminente par l'affichage d'un signe "danger" (triangle et "!" rouges) pile dans mon champ de vision. Chouette, ça c'est ergonomique ! Sauf que ce rappel se fait aussi sur l'écran, faisant disparaitre la carte et créant une impression de mouvement dans votre vision périphérique qui va immanquablement parasiter votre attention (ceux d'entre vous qui sont versés dans les neurosciences me comprendront...). Pourquoi diable ne pas avoir mis ce rappel sur le tableau de bord pour ceux qui n'ont pas la VTH ?? Genre à l'endroit où se trouvent TOUS les autres voyants !! Et ça ne s'arrête pas là : vous mettez les essuies-glace en mode automatique ? Ça s'affiche sur l'écran (alors qu'il y a déjà, oh surprise! un voyant de rappel... sur le combiné du tableau de bord !!) ! Car oui, les essuies-glace automatiques n'ont pas de mode "Auto" permanent, il faut les remettre à chaque démarrage. Par chance, une chose possède un mode permanent : l'alerte de franchissement intempestif de ligne, qui possède un voyant orange clignotant fort bien visible et idéalement situé SUR LE TABLEAU DE BORD, en plus d'une sonnerie parfaitement étudié pour vous alerter par son stridulement fort désagréable dont le déclenchement est d'une telle sensibilité qu'il est lui aussi intempestif, à tel point que vous le désactiverez. A chaque démarrage. Car ce système est automatique et non neutralisable, il se remet donc en fonction à chaque remise de contact... Il faut donc appuyer sur son bouton de mise en sommeil, situé sur la partie gauche du tableau de bord, en bas, à peu près vers votre genou, caché par le volant. Heureusement, comme c'est un bouton physique et non une commande tactile, vous vous construirez une mémoire musculaire pour y accéder sans même quitte la route des yeux ! Vous roulez moins de 15000 km/an ? Vous ne passez pas assez de temps dans votre nouveau véhicule pour avoir le loisir de vous construire ce genre de mémoire, vous serez mort bien avant lors d'une collision frontale suite à un changement intempestif de ligne survenu en quittant la route des yeux pour procéder au réglage de votre climatisation...
Notons cependant que les phares automatiques ont, eux :
- un mode automatique permanent facilement débrayable
- lequel est situé sur le commodo de la commande de phare
- et qui est doublé d'un rappel visuel sur le tableau de bord avec les autres voyants des phares (tiens, ça devait être l'ingénieur stagiaire qui s'occupait des phares. Pour le coup s'en est une, de lumière, lui !)
Et pour clore le chapitre ergonomie, il serait injuste de ne pas mentionner la commande du régulateur/limiteur de vitesse : un satellite rappelant les commandes d'autoradio du Losange, caché derrière une branche du volant (là encore votre mémoire musculaire vous sauvera, si vous avez survécu jusqu'ici).
Je ne m'épancherais pas plus sur les liserés blanc des bouches de ventilation qui se reflètent dans la fenêtre conducteur pile au niveau du rétroviseur, l'absence de jauge de lave-glace et d'AD-Blue (ça reste une citadine, pas une routière), le système audio dont la qualité de restitution du son surpasse difficilement le gramophone de grand-pépé et ses disque 74 tours gravés au burin, une seule prise USB, la finition intérieure en plastiques rigides bas de gamme qui feront pouffer de rire les conducteurs de Tata, et à peu près tout le reste...
En résumé, faites comme moi : collez des petits pandas pas contents sur la coque de vos rétroviseurs, c'est chou !
Pour le reste : fuyez, pauvres fous !!!