Je cherchais une petite voiture à la fois pratique et pas trop coûteuse à faire rouler, mais également amusante à conduire et un peu plus originale que la Clio de Monsieur Tout-le-monde (ce qui n'est pas une critique de ma part, j'en ai eu deux ^^), et la Micra n'était pas nécessairement le premier modèle auquel j'aurais pensé. Et pourtant, dans cette rare variante 160SR, elle a su se montrer à la hauteur.
160SR ? C'est le nom choisi par Nissan à l'époque pour désigner la déclinaison "sportive" de sa Micra, qui se démarque des autres déclinaisons plus standard par ces éléments (pour certains présents également sur d'autres variantes) :
- Un moteur 1.6 16 soupages 2 ACT avec calage variable de l'admission, délivrant 110 chevaux et associé à une boîte 5 rapports assez courte ;
- Des jantes en 16 pouces, des ressorts plus courts et plus fermes, ainsi qu'une barre stabilisatrice plus conséquente à l'avant ;
- Un bouclier avant spécifique, des rajouts de bas de caisse et un becquet sur le hayon.
Qu'on s'entende bien, ce n'est pas une concurrente aux Clio RS et autres voitures équivalentes, plus radicales et même plus performantes dans l'absolu ; ici, on est plus sur une citadine polyvalente pouvant à l'occasion aller taquiner de la département sinueuse, et à ce jeu-là, elle est très convaincante :
- Le moteur est à la fois suffisamment volontaire et souple dans les bas régimes pour rouler à allure légale, mais dévoile un visage plus hargneux au-delà de 3500-4000 tr/min, bien aidé par la boîte bien étagée pour l'exercice. On peut se moquer des "seulement" 110 chevaux, mais compte tenu de la masse relativement faible de la voiture, c'est finalement largement suffisant si on ne fait pas du circuit chaque week-end... et encore, elle n'y serait pas si ridicule ;
- Le châssis est également loin d'être ridicule, il n'est certes pas aussi pointu et travaillé que sur des sportives plus abouties, mais il est suffisamment précis et efficace pour que le pilote que je ne suis définitivement pas puisse jouer avec sans se faire peur. On a donc affaire à une petite puce assez maniable en ville qu'agile en dehors, même si elle peut souffrir de défauts trahissant sa vocation originelle, notamment une certaine prise au vent de part sa hauteur de plafond (certes bénéfique à l'habitabilité), une direction qui manque de feedback malgré l'assistance raffermie par rapport aux Micra plus "standard", et un pédale de frein spongieuse et demandant un appui assez franc pour s'arrêter efficacement (rien à redire sur les freins en revanche, ils sont suffisamment efficaces et endurants) ;
- Le confort n'est en revanche pas son point fort : sur autoroute, les décibels sont trop présents, la faute en premier lieu à la boîte qui s'avère trop courte dans ce contexte - le moteur tournant à alors aux environs des 4000 tr/min, mais l'insonorisation indigente est également à blâmer. Au chapitre des doléances, mentionnons également la position de conduite trop haute, sans possibilité de réellement régler la hauteur du siège, ce dernier manquant d'ailleurs de maintien latéral. Enfin, l'état global des routes françaises (comprendre : médiocre) vous rappellera que le combo jantes en 16 avec pneus taille basse et suspensions raffermies, ce n'est pas l'idéal pour les lombaires : sans être au niveau d'une Twingo RS avec châssis Cup ou d'une Abarth 695 Competizione, autrement plus raides, cette Micra n'est clairement pas à recommander aux dos fragiles.
Pour finir sur une bonne note, on retrouve cependant les points forts de cette génération de Micra :
- une bouille que je trouve sympathique, qui a bien vieilli malgré ses bientôt 18 ans et qui s’accommode bien des attributs "sportifs" de la 160SR - c'est discret mais suffisamment suggestif pour qui a l'oeil averti ;
- un habitacle bien pensé, plutôt ergonomique et astucieux (notamment pour le rangement sous l'assise du passager avant et la banquette coulissante), et étonnamment logeable bien que le coffre ne soit pas très grand (à moins d'avancer la banquette, au détriment des jambes de vos passagers) - la finition n'est pas exceptionnelle, mais l'ensemble est plutôt robuste et a bien supporté les années ;
- une visibilité excellente (seuls les rétroviseurs sont un peu petits) aidée par une très bonne maniabilité et un gabarit menu ;
- des coûts d'entretien plutôt mesurés, même l'assurance est plutôt abordable et la conso pas si horrible pour une telle voiture (compter entre 6 et 7 litres au 100 dans l'ensemble sans être particulièrement porté sur l'écoconduite).
En prime, sur ce modèle, l'équipement est loin d'être indigent pour une citadine de 2006, avec notamment la climatisation auto, les feux et essuies-glaces auto et un changeur 6 CD ; certaines pouvaient également recevoir un régulateur de vitesses dont mon exemplaire est hélas dépourvu. Même en 2023, c'est largement suffisant, bien que j'aurais volontiers troqué les 6 CD contre une prise auxiliaire.
En résumé : c'est une petite voiture surprenante et attachante, un peu dans l'esprit des petites GTI des années 80 bien qu'un poil embourgeoisée et plus discrète que ses aïeules. Si comme moi vous n'avez le budget que pour une seule voiture et que vous recherchez un daily utilisable au quotidien sans vous ennuyer au volant, c'est un chouette compromis, original et encore très abordable.