Tout d'abord une précision: la note de 14,8 est calculée automatiquement par le site en fonction des étoiles cochées. Elle ne reflète pas du tout mon avis sur la voiture, à qui je donne un bon 18/20.
La Sub est donc une intégrale 2L turbo commercialisée pour permettre l'homologation du modèle en Groupe A, à l'époque bénie où les instances sportives avaient le courage d'exiger un peu plus des constructeurs que la greffe sur une citadine poussive de pare-chocs dignes d'un tuning de bas étage.
A cette définition commune à toutes les "Groupe A de route" (Lancia Delta Integrale, Ford Escort et Sierra Cosworth, Mitsubishi Lancer Evolution, Toyota Celica GT4, Nissan Sunny GTI-R, Mazda 323 GTX 4x4, Peugeot 205 et 405 T16, Citroën BX 4TC, ET C'EST TOUT, ne venez surtout pas me parler de 206 ou de C4 !!!), Subaru ajoute la particularité d'un moteur à cylindres opposés à plat, à l'équilibrage parfait et à la sonorité caractéristique, mont longitudinalement et accouplé à une transmission intégrale "symétrique" à trois différentiels, dont deux à viscocoupleur. Le résultat est aussi fantastique qu'on est en droit de l'espérer.
Je précise que mon exemplaire de 1999 est entièrement d'origine à part la ligne d'échappement Supersprint décatalysée. Les pneus sont des Bridgestone Potenza S03.
Le quatre cylindres à plat suralimenté est un enchantement: très coupleux, vif et dotée d'un timbre qui va du ronronnement menaçant (plutôt lion que chaton) au ralenti au vrombissement frénétique à l'approche de la zone rouge, il est également très recommandable en conduite calme. Côté défauts, il tousse parfois un peu à l'accélération, il a calé subitement une fois en retombant au ralenti après un 200 mètres départ arrêté contre une Lotus Elise (ex-aequo !), il a réclamé un débitmètre neuf à 55000 km, et bien sûr il consomme un peu. 15 L/100 en moyenne, jamais très au-dessus sur un plein, mais rarement vraiment en dessous, à moins de ne faire que de l'autoroute (à 130, j'entends...): dans ce dernier cas, on peut espérer 12-13 litres, mais achète-t-on une Subaru pour l'autoroute ? Enfin, comme tous les moteurs turbo (même votre 407 hdi, eh oui !), il apprécie de tourner une petite minute au ralenti avant extinction.
Dernier point concernant le moteur, Subaru, en bon Japonais, est parvenu à préserver une accessibilité mécanique surprenante au vu de l'encombrement qui règne sous le capot. Les mécanos apprécieront ce bienfait de la conception "course" de l'auto. Jauges, orifices de remplissage, filtres etc... sont à portée de main, seules les bougies sont plaquées contre les passages de roue, conséquence inévitable de l'architecture à cylindres opposés.
La transmission intégrale procure une motricité phénoménale sur le mouillé et la neige (mais ce n'est pas une raison pour faire n'importe quoi, comme le précise le manuel de l'utilisateur, ce que je confirme...) mais la commande de boîte n'est pas irréprochable: le pommeau est bien placé et agréable au toucher, les débattements sont courts, très courts même compte tenu de la longueur du levier, et le guidage est précis, mais les sychros accrochent et il est fréquent que les pignons râlent parce que le conducteur relâche l'embrayage alors que la vitesse n'est pas complètement engagée. En outre ma voiture dû se faire remplacer une bague de boîte à 40000 km à peine. Il paraît qu'il faut éviter de laisser la main posée sur le levier.
Le comportement routier est à la mesure des moyens mis en oeuvre. L'auto s'accroche rageusement au bitume et, en raison de la répartition du couple à 50% entre les essieux, sous-vire quand on dépasse les limites de l'adhérence. Sur le sec, c'est moins agréable qu'une propulsion, d'autant que la direction, précise mais un peu lourde, retransmet quelques effets de couple et que les roues avant ont tendance à suivre les inégalités du revêtement. Et quand l'avant cherche son chemin, l'arrière le pousse...
Sur le mouillé, l'auto est assez coupleuse pour patiner des quatre roues au démarrage, avant de décoller dans un grâcieux déhanchement et de laisser sur place tout ce qui roule (à moins de tomber sur une 911 Turbo, une Lancer Evo ou une Veyron, mais ce ne serait vraiment pas de chance !), et en virage elle tire donc vers l'extérieur, mais si on a braqué et réaccéléré assez tôt, on reste sur la route et on sort très fort.
Les suspensions sont plus confortables qu'on aurait pu le craindre, sensiblement du niveau d'une Alfa 156 quatre cylindres. C'est un peu ferme sur les petits chocs (mais sur route défoncée, plus on roule vite, moins ça cogne...) et ça consent des mouvements de roulis plus importants qu'on le souhaiterait sur les appuis prolongés, mais pour des éléments d'origine le compromis est acceptable.
Le freinage, avec ses disques ventilés de taille respectable et ses étriers à quatre pistons, est très puissant pour peu que l'on n'hésite pas à appuyer fort sur la pédale. Je pense que l'ABS étant optionnel sur ce modèle, la sensibilité des freins a été calibrée pour retarder le blocage en son absence.
Sur les autres aspects de la voiture il y a moins à dire. Logique: pour tarifer 150000 Francs une bombe qui expédie le 0 à 100 en 6 secondes et le 1000 DA en 26,3 secondes, il faut bien faire des sacrifices. Pour ce prix, Subaru livrait un moteur, une transmission, des suspensions et des freins, ce qui n'est déjà pas si mal. D'autant qu'à partir de 1997, un poste de pilotage bien sportif permettait d'en profiter pleinement, avec des sièges baquets remarquables par leur confort et leur maintien, un volant en cuir Nardi (sans airbag) ou Momo (avec), un pommeau de levier de vitesses en cuir et des compteurs à fond blanc.
Bon, ceci dit, l'Impreza reste une berline quatre portes de 4m34. L'habilité est donc satisfaisante, bien meilleure par exemple que dans une BMW de même longueur, le coffre et vaste (mais son ouverture étroite, gare aux paquets plats type Ikea), et Subaru nous gratifie en prime de quelques délicates attentions comme une banquette à dossier rabattable, quatre lève-vitre électriques et quatre haut-parleurs. Le reste de l'équipement de série comprend rétros électriques, 2 porte-gobelet (un sur l'auto-radio et un dans le logement de console), lave-phares, un rangement bien pratique sur la planche de bord, voire un second, très grand, face au passager, quand l'auto n'est pas équipée des airbags avant optionnels.
La finition est honnête, sans plus: c'est correctement assemblé et les plastiques moussés sont beaux et agréables au toucher, mais les plastiques durs se rayent avec une facilité déconcertante (le frottement d'un vêtement ou d'un sac suffit) et certains détails, comme la face intérieure du couvercle de coffre peinte mais pas vernie ou les fils des haut-parleurs qui se baladent en liberté sous la plage arrière, prêtent à sourire. Ou à grimacer, selon l'importance que l'on y accorde...Côté budget, la cote est attrayante (7000 à 15000 euros selon état et kilométrage) et il semble encore possible de trouver des autos pas trop bidouillées. Le prix des pièces d'origine Subaru est généralement très raisonnable (rien à voir, par exemple, avec Nissan) mais les coûts de main d'oeuvre sont à la hauteur de la sophistication de l'auto. La consommation non négligeable est à prendre en compte selon l'utilisation que l'on compte faire de la voiture (pour ma part, le problème est surtout de brûler les 60 litres avant qu'ils ne "tournent"). Concernant l'assurance, si les tarifs proposés ne sont guère plus élevés que pour une berline moyenne récente, le problème est surtout qu'il est inconcevable d'assurer une telle voiture au tiers.
Finalement, la seule chose qui me chiffonne parfois au volant de mon Impreza, c'est son absence de défaut. Et attention, je ne parle pas de l'absence de caractère souvent reproché aux Japonaises. Non non, là, le caractère est parfaitement dosé, les sens se régalent, la vue avec la prise d'air de capot, l'aileron dans le rétroviseur et les compteurs blancs, l'ouïe avec le grondement du moteur, le toucher au contact des mains sur le cuir et des dorsaux sur les retours du siège, l'odorat avec les effluves du cuir (tout au moins jusqu'à ce qu'elles soient masquées par celles de la sueur du conducteur !) Mais bon, quand on en est à chercher désespérement un défaut à une voiture, c'est qu'on a déjà affaire à une sacrée cliente, et cette Impreza en est une. Bravo et merci à Subaru.
PS: pour revenir aux notes, certains bien-pensants seront peut-être surpris de me voir attribuer huit étoiles à la rubrique "écologie" à une voiture gourmande et (dans mon cas) non catalysée. Deux raisons à cela: premièrement, une Subaru étant très fiable et désormais collectionnée, elle a vocation à être conservée longtemps, et pas remplacée au bout d'un ans et ferraillée au bout de huit avec toutes les nuisances environnementales que cela entraîne (mise au rebut des pièces non recyclables et production d'une voiture de substitution neuve.)
Deuxièmement, je ne permets à aucun donneur de leçons de venir me dire que ma Subaru, qui roule 1000 à 1500 malheureux kilomètres par an, a un impact, même infime, sur l'environnement. Et toc !