Cette nouvelle Volkswagen Polo constitue pour moi une référence du segment des citadines. La voiture a quelques menus défauts, rien n'est parfait, mais l'on sent que les ingénieurs Volkswagen ont vraiment oeuvré à en faire une voiture agréable à vivre plus qu'à conduire.
Le design est un ressenti purement subjectif, mais il me plait car il dessine les traits d'un éloge à la sobriété. Walter DeSilva est un designer star, il a redonné ses lettres de noblesse au style Alfa Romeo par exemple. Mais ce qui me frappe le plus dans son travail, c'est sa faculté innée à mettre de côté son égo pour adopter la philosophie de la marque pour laquelle il "imagine".
Au contraire d'une certaine concurrence qui cherche parfois à démontrer, la "fourmi" va quasiment chercher son identité dans la période artistique dite "Bauhaus allemand". Pas de lignes convexes et complexes jetées ici et là, tout le travail s'est envisagé dans le détail. Il faut prendre le temps d'observer la Polo pour apprécier le dessin épuré, certainement la chose la plus difficile pour un designer tant il est facile de surcharger. Résultat, des proportions qui flattent l'oeil, une voiture bien campée sur ses roues et un design que l'on pourrait presque proclamer comme indémodable. Bien évidemment, les petits clins d'oeil aux génération précédentes aident à forger la continuité, mais l'on est bien loin de la Baby Golf quand on zieute la Polo avec un certain soin. Les lignes parallèles (observables de 3/4) s'enrichissent et donnent une profondeur au dessin que certains pourraient trouver simpliste.
C'est bien simple, le risque existe bel et bien. Là où certains ont chercher à complexifier et enrichir par l'abstrait (finissant tous par reprendre les mêmes gimmicks comme la lunette arrière plongeante, Fiesta, Megane, Astra en tête), Volkswagen a choisi la voie traditionaliste. N'en déplaise, allez à contre courant et camper sur ses positions devient alors un risque subtil. En conclusion, la Polo est affinée et raffinée.
Mais une voiture, ce n'est pas qu'un design. Une voiture moderne, c'est même devenu une sorte de salon roulant. Les constructeurs s'évertuent à soigner l'ambiance de leurs véhicules et cela ce ressent. Déçu par le travail italien et le retard français, j'ai été frappé par le bien être ressenti à bord de la Polo. Je m'y suis installé, elle m'a conquis.
Les matériaux employés sont d'une qualité remarquable pour la catégorie, l'ergonomie est soignée (mis à part le régulateur de vitesse), les ajustements sont précis, la douceur des commandes saute aux yeux. Encore une fois, Volkswagen a travaillé le détail. Quand les constructeurs se copient et s'échelonnent, les petits détails font tout. Ça, Volkswagen l'a bien compris. Même l'ouverture des portes et leurs joints feutrés expirent la qualité…
Tout ce qui a été ajouté est le fruit d'une réflexion sur le confort. Le plafonnier arrière est rare pour la catégorie, le témoin de pression des pneus l'est tout autant. En un mot comme en cent, l'on a quasiment l'impression d'avoir fait l'acquisition d'un modèle de la catégorie supérieure.
Un détail marquant, l'ouverture des fenêtres via la télécommande, gadget sur l'instant de la découverte, mais tellement pratique pour aérer l'habitacle par grandes chaleurs. Tout semble avoir une utilité, mineure ou majeure selon le contexte, mais toujours bien pensée.
En ce qui concerne la conduite, l'on ne peut que se ravir d'un châssis sain et confortable, malgré la monte pneumatique et le caractère vaguement sportif de cette finition haut de gamme. L'on pourrait faire des centaines de kilomètres d'une traite, sourire en coin et coude bien posé. L'ambiance zen prédomine tant les commandes sont douces et les assises soignées. La Polo pourrait presque se faire passer pour un cocon.
Bien sûr, l'on peut faire cravacher la petite, elle n'y rechigne pas. On découvrira alors quelques limites : le freinage manquant de mordant en début de course, l'ESP (L'ASR en particulier) qui s'emballe pédale très largement enfoncée, la boîte au guidage parfois imprécis dans le rush, la direction plus calibrée pour la ville que pour les départementales de rallye… La polo n'étant pas une sportive par essence, nous lui excuserons bien volontiers.
Le moteur claque un peu à froid, manque très certainement de couple en dessous des 2000 tours, mais il fait montre d'un progrès indéniable par rapport à son ancêtre. Il consomme peu quand on s'en donne la peine (il suffira simplement de suivre les indications de changement de rapport affichés sur l'ordinateur de bord pour atteindre une consommation appréciable.)
Un chiffre de 5 litres flatte la jauge d'essence, peut être un peu trop imprécise par ailleurs. Il fera votre bonheur et déclenchera les rires gênés des pompistes qui ne se réjouiront plus guère que de l'autonomie annoncée à 750km environ. Au final, tous les deux y trouveront raison à se réjouir.
Une nouvelle fois, en tirant un peu, l'on peut en obtenir une forme de quintessence. Ses 90 chevaux n'en font pas un foudre de guerre, mais ils assurent quand même une réserve de puissance appréciable. La consommation reste pourtant encore mesurée, et là est l'essentiel.
Volkswagen s'est donc enfin donné les moyens de ses ambitions avec ce nouveau TDI ! La polo pourrait quasiment se muer en petite routière (pour ne pas dire petite fourmi des villes roturières), surtout que le niveau sonore devient appréciable dans ces moments là.
Au final, que dire de cette petite qui a véritablement tout d'une grande ?
Elle n'est pas parfaite, certes, mais elle a été soignée. Tout se joue dans le détail, tout le travail s'exprime dans une réflexion murie et c'est le conducteur qui en ressort conquis.
Sécurisante car bien campée sur son châssis, bien équipée et bien finie, confortable et raffinée, la Polo donne envie de prendre la route en perdant la notion de temps. C'est certainement le plus beau compliment que l'on puisse faire à ses géniteurs.
Tantôt sobre et cosy, tantôt nerveuse et agile, la Polo devient ce qu'on en fait. Elle n'est pas des plus parfaites, loin de là, elle n'est pas non plus conçue pour faire rêver, y préférant la raison. Reste que l'on trouvera toujours une raison de se réjouir, et là est bien ce qui compte quand on achète une voiture à vivre et pas un carrosse démonstratif pour paraître.
La technologie n'est pas vraiment mise en avant, elle est outil à améliorer l'existentiel d'un conducteur avec des tourments. Elle facilite la tâche, simplifie la vie de l'automobiliste. Une nouvelle fois, l'on comprend qu'une réelle philosophie a prévalut lors de la "Polo Conception". En ressort un véhicule abouti sans signe ostentatoire, c'est peut être là son seul défaut. Au lieu de flatter l'oeil et l'image, elle fait l'apologie de la maturité et d'une force apaisée.
Voilà pourquoi la Polo est la référence de son segment. L'image est passée au second plan, les ingénieurs ont préféré élever la fourmi en allant piocher dans les catégories supérieures. Au final, elle pourrait presque donner une certaine idée de la culture dans un raffiné patenté allemand. Un point de vue qui sonne monotone, mais qui exprime toute sa substance au quotidien.