Pas de développement durable pour l’automobile avec le covoiturage
L’usage fait de la voiture change. Autrefois conquête mécanique d’une liberté individuelle conjuguée avec l’affirmation d’un statut social, l’automobile glisse doucement mais sûrement vers un objet de consommation lambda à utilité de déplacement circonscrite. Une philosophie matérialisée par le phénomène du covoiturage. Mais ce n’est pas qu’une mode. Sa généralisation annoncée pourrait même faire mal à toute l’industrie automobile.
C’est du moins ce qui ressort d’une étude menée par le Pôle interministériel de Prospective et d’Anticipation des Mutations économiques (Pipame). Pour lui, il n’y a pas de doute à avoir : le covoiturage pourrait avoir des répercussions néfastes sur l’industrie de la voiture. D’abord, il entraînera des pertes financières dans le secteur. Selon l’ampleur et la structuration du phénomène, le covoiturage plomberait de 11 à 30 milliards le chiffre d’affaires des constructeurs. Une chute logiquement causée par la part modale de la voiture qui diminue et la hausse du taux d’occupation des automobiles.
Par effet papillon, moins de voitures produites, cela veut dire perte d’emplois automobiles. Selon le Pipame, le nombre de voitures devrait chuter de 4 à environ 10 millions d’unités pour atteindre un volume total d’environ 24 à 30 millions d’automobiles. Cette baisse de production donnera lieu à une réduction importante des postes disponibles au sein du secteur de la voiture. Entre 20 000 et 63 000 fonctions devraient être supprimées.
Maintenant, on pourrait se dire que c’est le prix à payer pour un enjeu environnemental supérieur. Mais c’est encore à voir. Le meilleur compromis financier et environnemental n’est pas déterminé puisque si les émissions de C02 peuvent diminuer jusqu’à 7 754 tonnes, il pourrait aussi arriver que le volume du même CO2 émis par le secteur automobile augmente de 1 015 tonnes. En revanche, ce qui est acquis, c’est la diminution de la consommation de carburant: entre 68 millions à 4,6 milliards de litres. Ce qui n’est pas rien.
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