Rejets de C02 : une réglementation bientôt plus stricte pour dissuader les tricheurs ?

Le scandale des émissions polluantes truquées chez Volkswagen a été un tel coup de tonnerre dans l’industrie automobile que dans plusieurs pays le gouvernement politique en place s'en est mêlé. Il y a par exemple en France la mise en place de la « Commission Royal », pour vérifier les rejets polluants des voitures les plus vendues dans l'Hexagone. Les derniers résultats ont été publiés début avril et ils sont particulièrement mauvais.

Des vérifications ont aussi été réalisées de l'autre côté du Rhin. Le mois dernier, un rapport a révélé que 30 modèles testés en Allemagne dégageaient des niveaux élevés de C02. En réaction, le Ministère des Transports allemand a demandé cette semaine à l'Union Européenne de durcir les règles en matière d'émissions de C02, dans le but de dissuader les constructeurs à utiliser des systèmes pour déjouer les tests.

Objectif de 95 g/km en 2021

Berlin souhaite aussi que les constructeurs dévoilent les dispositifs qu'ils emploient pour réduire les émissions polluantes et expliquent leur fonctionnement. C'est en clair une chasse aux tricheurs. Plusieurs marques ont par exemple été montrées du doigt pour employer des systèmes anti-pollution qui se désactivent au bout de quelques kilomètres, faisant exploser les rejets en conditions d'utilisation réelles. Le logiciel de Volkswagen détectait le moment où la voiture passait un test. 

Plus que de donner un nouveau tour de vis dans les seuils réglementaires, l'Allemagne veut donc des contrôles plus sévères pour faire respecter les limites en vigueur. Ce qui n'empêchera pas un durcissement des seuils : l'Europe a déjà fait voter en 2014 un objectif ambitieux en matière d'émissions de C02. Les rejets moyens des voitures vendues par les constructeurs en 2021 devront être sous la barre des 95 g/km. En 2015, le seuil réglementaire était de 130 g/km. Des pénalités monétaires sont prévues pour chaque gramme en trop. Mais en parallèle, des « bonus CO2 » seront accordés aux ventes de voitures émettant moins de 50 g/km de C02. 

Un nouveau système de mesures en 2017

En plus des seuils abaissés, un autre élément est à prendre en compte : un système de mesures plus sévère. Le protocole d'homologation des consommations, et donc des émissions, est actuellement très éloigné de la conduite normale. Un nouveau sera mis en place en 2017, plus réaliste et donc plus sévère. Cela aura pour conséquence une augmentation des consommations et émissions de C02 annoncées par les constructeurs qui vont devoir mettre les bouchées doubles pour être dans les clous en 2021.

Il reste donc maintenant à améliorer les pouvoirs des organismes chargés de l'homologation pour leur donner la possibilité de contrôler ce qui se cache dans les entrailles de nos voitures. Le plus difficile sera de le faire en toute transparence, en résistant à la pression des lobbys du secteur automobile. L'Allemagne avait d'ailleurs obtenu de l'Europe un délai pour la mise en place du nouveau seuil de C02, qui devait concerner toutes les autos dès 2020. L'Allemagne, dont ses constructeurs sont spécialisés dans les grosses cylindrées, a obtenu qu'en 2020 les 5 % des voitures les plus polluantes ne seront pas comptés dans le calcul.