Renault : le sujet explosif des indemnités de Carlos Ghosn
Poussé vers la sortie, Carlos Ghosn ne quittera pas Renault sans un beau chèque de départ. Si tout ce qui lui est normalement dû lui est versé, il va toucher au cours des prochaines années plusieurs dizaines de millions d'euros. Mais l'État et les syndicats comptent faire pression pour que la somme soit la plus basse possible.
Une nouvelle direction a beau avoir été mise en place, avec Jean-Dominique Senard (président du conseil d'administration) et Thierry Bolloré (directeur général), la page Ghosn n'est pas tout à fait tournée chez Renault. Un dossier sensible, voire pour certains explosif, est sur la table : les indemnités de départ de l'ancien PDG.
Pour le moment, rien n'est décidé et toutes les hypothèses sont encore permises. Résultat, c'est la valse des chiffres. Selon les différents scénarios possibles, Carlos Ghosn pourrait toucher entre un et plusieurs dizaines de millions d'euros !
Au minimum, il devrait avoir la rémunération fixe correspondant à 2018, soit environ un million d'euros. Mais il pourrait aussi obtenir la part variable, qui est attribuée si les résultats sont là. Elle peut atteindre 100 % du fixe, et est payée en deux fois : un quart en cash, le reste en actions gratuites.
Car Carlos Ghosn était aussi rémunéré en actions gratuites avec une subtilité : elles sont versées avec un décalage de quatre ans : 100 000 pour 2015, 2016 et 2017, 80 000 pour 2018, débloquées donc dans les prochaines années. Avec le cours actuel de l'action Renault, cela représente environ 23 millions d'euros !
A cela pourrait s'ajouter une clause de non-concurrence prévue dans le document de référence de la gouvernance de Renault (il n'y a en revanche pas d'indemnités de départ). Celle-ci pourrait ne pas être versée si Ghosn prend officiellement sa retraite. Dans ce cas, il toucherait entre 750 000 et 800 000 € par an au titre de sa retraite.
L'État, qui détient 15 % du Losange, a déjà fait savoir qu'il surveillera de près ce qui est versé à Carlos Ghosn. Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, a déclaré : "Je peux vous dire que nous serons extrêmement vigilants, comme actionnaires de référence, sur les conditions de départ qui seront fixées par le conseil d’administration". Il sait que les choix à venir seront très médiatisés et politisés, surtout en cette période de grand débat dominé par le sujet du pouvoir d'achat. Les syndicats du Losange vont aussi suivre de très près la suite des événements.
Un comité de rémunération va se réunir au printemps pour trancher, avant le vote des actionnaires à l'assemblée générale prévue en juin. Arrivera-t-il à réduire la facture en utilisant comme argument l'empêchement de Ghosn, en prison au Japon depuis mi-novembre ? Ghosn va-t-il de lui même renoncer à certains de ses avantages ? Un nouveau feuilleton semble s'ouvrir.
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