Renault : un an après, où en est la Renaulution ?
Il y a un an, Luca de Meo présentait son plan de relance du groupe Renault. Si dans les concessions, la révolution ne se voit pas encore, elle a bien eu lieu en coulisses.
Le 14 janvier 2021 a marqué le début d'une nouvelle ère pour le Losange. Il y a un an pile, nous étions en effet devant nos écrans, Covid oblige, pour écouter la très attendue présentation de la "Renaulution", la révolution de Renault initiée par son nouveau directeur général, Luca de Meo.
Officiellement en poste depuis juillet 2020, l'ex-patron de Seat a détaillé son plan de bataille pour sauver Renault… et définitivement tourner la page Ghosn. Depuis, qu'est-ce qui a changé ? Évidemment, le constructeur n'est pas encore "révolutionné" ! À l'échelle de l'industrie automobile, un an, ce n'est pas beaucoup.
De Meo a concocté un plan en trois phases, avec d'abord des étapes de "résurrection" et "rénovation", qui couvrent la période 2021-2025, puis viendra ensuite le temps de la "révolution". Il faut dire que l'italien a pris les rênes d'un fleuron national bien mal en point, sa priorité a donc été de remettre en place de bonnes fondations. Et pour lui, le redressement serait "le plus rapide de l'histoire automobile récente".
La rentabilité avant les volumes
Avec pour commencer une nouvelle priorité : la rentabilité. Le groupe a déjà atteint son objectif de réduction des coûts, qui est de deux milliards d'euros par an. Surtout, il n'est plus question pour Renault d'écouler un maximum de voitures si cela ne rapporte rien. D'ailleurs, la marque a perdu la place de numéro 1 des ventes en France et pourrait ne pas chercher à la reprendre. Précisons toutefois que les chiffres de ventes sont perturbés par la pénurie de semi-conducteurs.
Vendre moins certes, mais mieux. C’est-à-dire des véhicules plus chers, qui rapportent davantage. L'Arkana en est le parfait symbole. Joli succès, le SUV coupé du Losange permet à Renault d'améliorer l'effet prix et l'effet produit dans ses résultats financiers. L'Arkana symbolise parfaitement une autre volonté de Luca de Meo : relancer Renault sur le segment C, le cœur du marché européen, et le rendre moins dépendant des citadines Clio/Captur.
C'est toutefois un produit conçu bien avant l'arrivée du nouveau patron. Et il en sera de même pour les deux gros lancements prévus en 2022, qui sont aussi sur le segment C (preuve que l'ancienne direction avait conscience du problème). Il s'agit de la Mégane électrique et de l'Austral, le remplaçant du Kadjar. De Meo a toutefois pu apporter quelques modifications, apposant notamment l'appellation Mégane sur le modèle électrique et replacer ainsi le projet sur le segment des compactes.
Un projet validé par mois en 2021
D'ailleurs, dès son arrivée à la tête de Renault, Luca de Meo a mis les mains dans le cambouis, se vantant d'avoir pris de nombreuses décisions en quelques semaines. Il a ainsi stoppé plusieurs projets, et lancés plusieurs autres. Parmi les inédits à venir, il y a bien sûr la renaissance des 4L et R5. Avant d'avoir revigoré Seat, de Meo était chez Fiat, et le revival de la 500, c'est lui. Pour relancer Renault, il a donc repris l'idée du néo-rétro. Le concept R5 a d'ailleurs fait le buzz lors de la présentation de la Renaulution.
Mais c'était il y a un an déjà ! Comme on l'a écrit, l'industrie auto est celle d'un temps long, le modèle de série sera donc prêt en 2024. Toutefois, Luca de Meo a réorganisé le groupe pour accélérer le développement des nouveaux modèles. Désormais, le comité exécutif est installé juste au-dessus des équipes de design, avec des échanges fréquents entre les étages. Alors que cela prenait quasiment quatre ans, la mise au point va désormais prendre trois ans.
Une accélération permise aussi par l'arrivée d'un autre sorcier, Gilles Le Borgne, directeur de l'ingénierie depuis début 2020. Sa mission a notamment été de simplifier le développement des véhicules en réduisant le nombre de pièces et en facilitant le partage des composants. Les prochaines Dacia partageront par exemple un nombre record d'éléments. En poussant les équipes dans un rythme d'enfer, Luca de Meo a annoncé avoir validé un projet par mois en 2021 : "Nous avons fait en un an ce que Renault aurait fait en quatre ans traditionnellement !"
Renault tout électrique plus tôt que prévu
Il faudra donc être encore un peu patient pour trouver dans les concessions les Renault "nouvelle vague". Mais pour montrer que le constructeur change, il y a déjà eu un ravalement de façade, avec notamment la mise en place du nouveau logo. Celui-ci n'avait pas changé depuis 1992 ! On a aussi vu une offensive côté publicités, avec des spots sympathiques. Un renouveau marketing piloté par Arnaud Belloni, débauché chez Citroën. Autre prise de guerre, celle de Gilles Vidal, qui était le patron de style de Peugeot depuis dix ans et est devenu celui de Renault.
Le travail de réorganisation a également été mené sur l'outil industriel français, avec par exemple la création du pôle Electricity, pour faire fonctionner ensemble les usines du nord du pays. Renault veut atteindre 700 000 véhicules produits par an dans l'Hexagone. Le groupe vient de signer un nouvel accord social pour la période 2022-2024, acté par une majorité de syndicats. Si 1 700 postes seront supprimés dans l'ingénierie et les fonctions supports, 2 500 recrutements seront faits, dont 2 000 pour les usines.
La révolution est donc déjà bien avancée en coulisses. Sur la scène, elle se verra petit à petit… et de plus en plus rapidement. Car Luca de Meo vient de faire une annonce importante à l'occasion du première anniversaire de la Renaulution : le Losange ne vendra que des électriques dès 2030, alors qu'il comptait initialement garder une part de vente en hybride. Encore une fois, le patron a fait accélérer le tempo.
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