Retour de la F1 en France: le gouvernement n'était pas au courant!
Le retour d’un Grand Prix en France, dont Caradisiac vous faisait part dès vendredi soir dernier par le biais de son compte Facebook, est aussi une démonstration de force politique. Les élus de la région PACA ont en effet agi de façon totalement indépendante de l’Etat, et le revendiquent haut et fort. Décryptage.
Lundi 5 décembre, peu après 14h30, dans les locaux du prestigieux Automobile Club de France situé place de la Concorde à Paris, c’est un Christian Estrosi jubilant qui prend place derrière le pupitre pour officialiser le retour d'un Grand Prix de F1 en France à l'été 2018. Durant son discours de 35 minutes, retransmis en direct sur sa page Facebook, le Président du Conseil Régional de région PACA insiste à plusieurs reprises sur le fait que le mérite en revient surtout à l’exécutif régional, indépendamment des pouvoirs publics nationaux : « ne pas le faire, le tenter même si beaucoup pensaient que c’était perdu d’avance, aurait été à l’encontre de mes engagements pris pendant la campagne des régionales. » Il rend aussi hommage à François Fillon – « Nous saluons le rôle essentiel qu’a joué François Fillon. Il allait réussir lorsqu'en 2012, le nouvel exécutif décide de ne pas poursuivre ce projet », et fournit des arguments économiques pour justifier sa démarche. Le dossier de presse fourni à l'issue de la conférence fait ainsi part d’une étude réalisée par le cabinet Deloitte qui évalue à 65 millions d’euros les retombées directes pour la région, avec notamment 500 emplois créés ou conservés, pour un évènement dont le coût d’organisation s’élève à 30 millions d’euros (dont 14 millions de retombées publiques).
Une réussite que l’on nous annonce autant sportive que financière, donc, pour un évènement au retentissement mondial. Pourtant, à aucun moment l'exécutif national n’aura été mis dans la confidence des démarches menées par la région. Thierry Braillard, Secrétaire d’Etat aux sports, reconnaîtra lundi dans Le Figaro avoir appris l’existence du projet en regardant la télévision : «Je m'en félicite, d'autant plus que je l'ai appris par la presse. Mais on trouve, quand même, que les personnes chargées du dossier auraient pu avoir au moins l'élégance d'avertir le ministre compétent sur ce dossier. Comme quoi, il est bien de regarder BFMTV, de lire L'Equipe, d'écouter RTL, on trouve des choses intéressantes […] Je ne connais pas le dossier, je savais qu'un autre dossier était à l'étude sur Magny-Cours. Je connaissais aussi les tarifs demandés par Bernie Ecclestone. Je ne peux pas commenter une telle information à partir du moment où je ne peux m'en tenir qu'à ce que j'ai vu dans les médias.» Un ange passe... Dans le même journal, l’homme affirme que l'Etat ne se mêlera pas des affaires de la Formule 1 dans l'Hexagone : «Comme on a dit que tout était signé, l'Etat sera un spectateur, mais un spectateur attentif.»
Tellement attentif que ce mardi à 18 heures 30, au moment de mettre cet article en ligne, on ne trouvait encore aucune mention du retour du GP de France sur le site du Ministère des sports. Quand on tape "Formule 1" dans le moteur de recherche dudit site, on tombe simplement sur un communiqué de presse consacré à l’ePrix de Formule E couru à Paris au mois d’avril dernier. Une épreuve soutenue par la maire de Paris Anne Hidalgo, il est vrai plus proche du gouvernement que Christian Estrosi. Il est tout aussi vrai qu’à l’epoque, on n’avait guère entendu les élus de droite se féliciter de la tenue de cet évènement…
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