Route solaire: réelle avancée ou simple effet d'annonce?
Ce jeudi matin, la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal inaugurait le premier tronçon de route solaire, en l’occurrence 1 km de voirie permettant d'alimenter l’éclairage public d’une commune de 5000 habitants. Mais au-delà de l’effet d’annonce, une telle technologie est-elle réellement viable ?
Ce matin, Ségolène Royal a mis le cap sur la commune de Tourouvre, dans l’Orne (61), pour inaugurer la première route solaire de France. Sur 1 km de long et 2 mètres de large, un tronçon de la RD5 se voit recouvert de dalles photovoltaïques, en l’occurrence des panneaux solaires enchâssés dans un millefeuille de résine et de polymères leur permettant de résister à la circulation des poids lourds. Selon l’entreprise de BTP Colas (groupe Bouygues), en charge de l’industrialisation du projet via sa filiale Wattway, il y a là de quoi assurer l’éclairage public d’une ville de 5000 habitants. On retient également que 20 m2 de dalles solaire suffisent à alimenter en électricité un foyer (hors chauffage).
Le tronçon de la RD5 s'étend sur 1 km de loing et 2 mètres de large.
Cette innovation 100% made in France s’inscrit dans un contexte forcément porteur : il est en effet question de croissance verte, d’innovation technologique et de création d’emplois (les dalles sont fabriquées à Tourouvre par SNA, une société coopérative de production), autant de termes qui résonnent agréablement aux oreilles.
Pour autant, quelques écueils demeurent. A commencer par celui du prix de cette route solaire, pour laquelle l’Etat aura consenti un investissement de 5 millions d’euros. Même si ce montant élevé s’explique par le fait qu’il s’agit encore d’un prototype, avec la perspective d’une montée en cadence de la production qui fera forcément chuter les coûts, on se dit que l’objectif annoncé de 1000 km de routes solaires risque de coûter aux pouvoirs publics. Se pose en parallèle la question du rendement énergétique de ce procédé, avec un prix du watt-crête (puissance maximale) raccordé qui s’élève à 17 euros, contre 1,30 euro pour le photovoltaïque posé sur une toiture. L’objectif n’est toutefois pas de remplacer les autres moyens de production, mais de proposer une solution complémentaire viable et, il faut l’espérer, de moins en moins onéreuse.
Pas de quoi tempérer les ardeurs des pouvoirs publics, donc. Ségolène Royal a d’ailleurs annoncé ce matin le programme de déploiement de cette technologie sur 4 ans: les prochaines étapes seront la couverture d’un tronçon de la RN164 en Bretagne, l'aménagement de places de parking sur l’aire de repos de Marzan sur la RN165 reliant Nantes à Brest, ainsi qu’une expérimentation conduite en 2017 dans le Grand Port Maritime de Marseille.
Les dalles mesurent 15x15 cm, et leur épaisseur s'établit à 0,7 cm. Elles sont collées sur les chaussées existantes.
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