Saga Renault-Nissan : le second voudrait du nouveau président du premier pour remplacer Ghosn
Vous avez suivi ? C'est simple, le conseil d'administration de Nissan a proposé hier mardi de nommer le tout frais président de Renault, Jean-Dominique Senard, au poste d'administrateur de Nissan, un poste laissé vide après l'arrestation de Carlos Ghosn. Ou comment revenir à la même situation qu'avant.
En étant arrêté le 19 novembre 2018, et incarcéré depuis, Carlos Ghosn laisse un vide. En effet, cela lui a imposé de démissionner de ses fonctions à la fois chez Renault et chez Nissan. Il n'est plus président du conseil d'administration de ce dernier, et plus PDG de Renault. Côté français, il a tout récemment (24 janvier 2019) été remplacé par Jean-Dominique Senard, auparavant président de Michelin.
Mais côté Nissan, rien n'est encore fait. Cependant, le conseil d'administration du constructeur japonais a annoncé hier son intention de nommer le nouveau président de Renault, donc Jean-Dominique Senard, au poste d'administrateur laissé libre par Ghosn. Ce qui... remettrait le groupe dans la même situation qu'auparavant. En changeant juste le nom sur le siège, et la tête du bonhomme !
À une nuance près tout de même, et de taille ! Car une nomination à ce poste ne préjuge en rien du fait que Monsieur Senard soit ensuite élu président de ce conseil d'administration, comme l'était Carlos Ghosn. Il n'a pas encore été décidé côté japonais qui en prendrait la direction.
Une nomination au 8 avril, dont se félicite l'État français
En tout état de cause, la nomination du français ne serait effective qu'à partir du 8 avril, date fixée pour une assemblée générale (AG) extraordinaire, selon le communiqué de Nissan. C'est aussi la date à laquelle son prédécesseur sera officiellement destitué. En effet, même démis de leurs fonctions, Ghosn et son bras droit Greg Kelly gardent leur titre tant que l'AG n'a pas acté l'éviction en votant leur destitution. Et ce n'est qu'en juin qu'un nouveau président sera choisi, après avoir reçu les conclusions du comité chargé d'évaluer et d'améliorer la gouvernance chez Nissan.
Ce comité s'est déjà réuni deux fois, et doit rendre son rapport fin mars. Il a déjà estimé que la "concentration excessive d'autorité dans les mains d'une seule personne" expliquait les dérives constatées chez Nissan. Il est clair que Carlos Ghosn était implicitement visé. Et cela laisse imaginer que Jean-Dominique Senard, même administrateur au conseil, ne serait pas choisi comme président, afin de ne pas réitérer les erreurs du passé.
Toutefois, cette annonce est accueillie avec bienveillance à la fois par Nissan et par l'État français, premier actionnaire de Renault avec 15 % de participation et 22 % des droits de vote. Le premier, par la voix de son président exécutif Hiroto Saikawa, a estimé que le nouveau patron du losange était un homme "avec qui on peut discuter". Et dans l'hexagone, l'information est qualifiée par Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, de "très bonne nouvelle" qui "participe à la normalisation des relations entre Nissan et Renault".
Source : avec AFP
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