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Test : Forza Motorsport (8)

Dans Loisirs / Jeux vidéo

MasterLudo

Déjà six années depuis la sortie de Forza Motorsport 7 ainsi que trois années depuis l’arrivée des nouvelles consoles Xbox Series S/X, tout cela sans nouvel épisode d’un nouveau Forza Motorsport ! Cela commençait à faire long mais la raison avancée était valide : repenser la simulation phare de Microsoft de A à Z et nous sortir un titre exceptionnel sur console et PC. Toute cette attente valait-elle le coup ?

Test : Forza Motorsport (8)

Forza Motorsport est un des jeux dont la balance entre facilité d’accès et respect d’une simulation est le plus réussie et jouer à chaque nouvel épisode est un plaisir et un piège à heures passées à progresser et faire évoluer ses autos.

Facilité d’accès, plaisir de conduite

Concernant la facilité d’accès, en dehors des classiques options, réglages de difficultés, aides et assistance très réglables (le jeu peut aller jusqu’à jouer totalement en pilote auto si vous activez tout) se trouvent aussi pléthore de réglages d’accessibilités très nouveaux pour vous lire les textes, sous titre en texte les conversations en ligne, brancher une manette open source totalement configurable pour la connecter à tout type d’appareil ergonomique conçu pour les personnes à mobilité réduite. La nouveauté sur cet épisode étant un mode de conduite pensé pour les personnes avec un handicap visuel permettant de jouer avec des menus entièrement décrits à l’oral et des indications sonores sur la piste pour rouler sans aucune aide de conduite activée ! Ou en en activant partiellement certaines si besoin. C’est la simulation automobile la plus accessible qu’il m’ait été donné de tester, chapeau.

Test : Forza Motorsport (8)Concernant sa facilité de prise en main, le plaisir de la conduite, le moteur physique est censé avoir été reconstruit lui aussi intégralement, il est toujours présent, simple à prendre en main aux limites et impliquant de suivre les règles de la simulation pour conduire rapidement et efficacement. Trajectoires, freinages réalistes, dosage de l’accélération tout est présent même si les améliorations ne sautant pas aux yeux. Le jeu était déjà excellent par le passé, les subtiles différences qui nécessitent de gros ajustements pour de petits détails de comportement ont sans doute atteint un palier où la majorité des joueurs non pro, dont je fais partie, ne voient plus vraiment la différence.Forza Motorsport est un régal à conduire, une joie à piloter, les voitures réagissent toutes différemment et leur comportement évolue au fil de l’usure des pneus, des améliorations apportées, c’est un régal comme toujours.

Améliorations et contenu

Cinq cents véhicules et vingt circuits (avec plusieurs tracés) placent le jeu dans le haut du panier habituel de la catégorie mais pour un Forza on reste sur sa faim. Les promesses d’un jeu qui repart de zéro ne se concrétisent pas sur les autos dont les modèles traînent des soucis de modélisation anciens contredisant les affirmations de l’éditeur, mais seront sans doute mis à jour ultérieurement après tout, et les circuits sont eux très réussis, détaillés et variés. Après vingt années à jouer à tous les jeux du genre, découvrir certains circuits encore inconnus et au tracé intéressant, c’est un bon point.

Test : Forza Motorsport (8)Côté graphismes, le jeu est très réussi sur consoles et encore en cours de débogage sur PC avec des perfs et des effets visuels un peu éparpillés suivant votre configuration. Si vous n’avez pas une carte de dernière ou avant dernière génération, n’espérez pas le meilleur du titre. Le son est toujours au top mais sans nouveauté marquante, les circuits sont incroyablement détaillés et la Xbox Series X affiche tout cela sans trop frémir en course même si le jeu n’est pas encore au niveau des rendus partagés les mois précédant sa sortie. On a désormais droit à une équipe qui s’occupe de votre voiture dans les stands.
Jusque-là Forza Motorsport assure comme toujours, sans révolution radicale mais sans point faible comme souvent, le jeu continue son amélioration constante au niveau technique. Lisez la suite, le ton va changer.

L’IA cette fameuse intelligence artificielle à la mode

Côté carrière solo la rigidité est de mise. Qu’il n’y ait aucune histoire, ce n'est pas un souci car souvent les narrations dans ce genre de jeu sont un peu mièvres, mais ici le système de progression est carrément administratif. Beaucoup de courses sont bloquées et dépendent d’autres courses sans véritable lien pour se débloquer, au sein des courses le choix de véhicules autorisés est très souvent très restreint (ce sera un souci expliqué plus loin) et au final on a l’impression de remplir des cases dans un immense fichier Excel de validation de ses acquis chez Pôle emploi pour avoir le droit à débloquer les courses supérieures. Rien de neuf, rien de motivant mais six années de pause pour cette rigidité quelconque ? Soit.
La vraie déception c’est l’intelligence artificielle. Par le passé Forza utilisait un mode nommé Drivatar qui utilisait les noms de vos amis et s’inspirait de leur façon de conduire pour les faire pseudo participer à vos courses en solo avec le véhicule qu’ils aiment utiliser dans la catégorie en cours, personnalisé au niveau esthétique et surtout avec une conduite leur ressemblant. C’était peu notable mais pas trop ennuyeux, bref, la carrière solo se passait normalement sans soucis ni moments de fulgurances.
L’IA des adversaires en mode carrière / solo n’est clairement pas finie actuellement. Elle conduit désormais en ligne rangée, ne sait plus dépasser, envoie un éclaireur en tête tomber les chronos pour respecter le niveau de difficulté configuré mais le reste du pack sera aussi facile à dépasser que votre petit-neveu et restera derrière quoiqu’il advienne. Cette superbe auto qui a une Vmax de 300 km/h ? Dans la longue ligne droite de l’ancien tracé de Mulsanne elle ne dépassera pas les 280 km/h aux mains de l’IA.

Il y a clairement un souci, cela va forcément évoluer, mais actuellement l’IA du jeu mérite 1/20 maximum, avec une note rouge : ne fournit que des efforts d’apparence. Et ça gâche vraiment le mode carrière solo où il est difficile de trouver un niveau intéressant. Sans compter qu’une catégorie peut se gagner les doigts dans le nez au niveau huit (le maximum) avec les mêmes concurrents que sur le tracé suivant où vous allez suer en niveau six ou sept. Incompréhensible et peu intéressant.

Bref il faut aller en ligne et en multijoueur pour rencontrer une adversité un minimum plus intelligente, on va en parler plus tard, mais d’abord la progression au sein du jeu.

Test : Forza Motorsport (8)

Progression au sein du jeu

Forza Motorsport a décidé d’intégrer une progression dite “de jeu de rôle” et cela signifie que pour chaque instance de véhicule possédé, vous allez devoir la monter de niveau de 1 à 50. Associées à ces niveaux se trouvent des améliorations que vous débloquez et des “car points” que vous pouvez dépenser sur votre auto.

Je résume : il vous faut des crédits pour acheter votre auto, crédits communs à toutes vos victoires. Une fois l’auto achetée vous devez rouler environ 2 à 4 heures pour débloquer 50 niveaux de votre voiture, disons une Renault Clio RS. Et là avec les “car points” et si vous avez débloqué le bon niveau, l’amélioration des types de gomme de pneus est désormais accessible si vous avez assez de “car points”. Ces derniers peuvent être retirés de l’amélioration quand vous la retirez pour en essayer une autre, tant mieux.

Une fois votre Clio RS améliorée aux petits oignons en mode atmo + traction par exemple, vous ne pouvez pas acheter une autre Clio RS dont les 50 niveaux seront débloqués, il va falloir les re-débloquer. Fini les garages avec X versions de la même auto dans différentes configurations pour différentes classes. Il va falloir jouer avec des sauvegardes de réglages. C’est la fin de la collectionnite aiguë et si c’est un système que l’on connaît bien sur les jeux gratuits pour smartphone (avec leur pendant des microtransactions pour payer afin de ne pas avoir à faire la montée en niveaux) on ne serait pas vraiment ce que ça fait dans un Forza qui, historiquement, faisait la part belle aux garages surabondants.

Test : Forza Motorsport (8)

L’excuse de se “lier plus aux autos que l’on fait progresser” avancée parfois tombe à l’eau quand on revient sur le fait que l’entièreté du mode solo se fait avec des catégories très restrictives dans le choix des autos disponibles, j’ai donc passé tout le mode solo à faire grimper des autos que j’ai majoritairement abandonnées (au niveau 20 en général) une fois le championnat gagné. Une perte de temps et de niveaux très frustrants.

La contre médaille de ce système bizarre étant de jouer majoritairement avec des autos qu’on ne prend plus la peine d’améliorer (celles du mode solo qui ne nous plaisent pas) et d’arriver en mode multijoueur avec des autos d’origine. Une première dans Forza, le jeu qui a standardisé le swap moteur et transmission. Je ne l’aurais pas cru !

Jeu en ligne, pénalités, véhicules

Pour le mode de jeu en ligne je serais plus bienveillant, on sait que sur nos jeux modernes, très compliqués, c’est un mode où la bonne balance, les optimisations, mettent un peu de temps à arriver et les Forza ont toujours eu une bonne couche technique pour supporter des parties entre amis ou inconnus avec aisance, sans être orienté e-sport, sans offrir les meilleures options pour des championnats réalistes, mais avec assez de modes et de contenus pour bien s’amuser entre amateurs automobiles.

Petit couac, les pénalités. Vous vous y serez frotté avec notre IA peu intelligente, les pénalités découragent les concurrents à couper la piste, foncer dans les autres autos, c’est devenu une obligation pour des parties en ligne bien triées entre joueurs et fair-play et ceux qui préfèrent foncer dans les voitures des concurrents.

Ici réside un vrai souci de Forza Motosport pour ceux qui jouent hors cercle d’amis. Les pénalités sont peu nombreuses en mode solo car on roule souvent seul en tête et les IA ont tendance à vous éviter. Dans la version en ligne les pénalités gâchent tout. Par habitude je refuse tout contact avec les autres voitures en ligne, quitte à saborder ma trajectoire et finir dans le bac à gravier. Si je n’ai pas été capable d’assurer ma trajectoire, je n’avais pas à dépasser, point final.

Je ne compte plus le nombre de fois où une auto s’est clairement servie de moi comme frein supplémentaire en m’envoyant dans le décor pour comme point de rebond pour plonger dans une courbe, rebondir contre mon pilier B et repartir comme si de rien n’était. Le tout avec des pénalités très variables et bien trop souvent appliquées à mon auto.

Il y a un souci sur les pénalités, cela ne peut rester ainsi, mais en l’état une course réussie, tendue mais fair-play est devenue une exception et a priori un bug listé aurait malencontreusement mélangés les concurrents propres et ceux bourrins depuis le début, à confirmer lors d’un futur patch mais en l’état c’est un loupé complet.

Test : Forza Motorsport (8)

Que penser de ce superbe Forza Motorsport ?

Quel pavé n’est ce pas ? Il fallait un dernier paragraphe rappelant que le jeu est superbe car il l’est, que la conduite est vraiment au top de ce que nous a toujours donné un Forza Motorsport, réaliste et accessible, fun et addictive.

Mais le trio de loupés IA / progression / pénalités ne permet pas de l’acheter de façon confiante dès aujourd’hui. C’est le jeu idéal à essayer avec le Gamepass, l’abonnement façon netflix aux jeux que propose Microsoft sur PC et Xbox. Quitte à prendre un essai court de GamePass. Le jeu n’est clairement pas totalement fini, on ne peut pas penser que tout restera en l’état et que Forza va laisser sa communauté dans la frustration actuelle et son jeu phare dans l’état actuel sans le corriger lourdement. Les sujets sans fin sur la communauté Reddit n’en finit plus de montrer stats, vidéos et frustrations sur tous ces sujets et clairement ce n’est pas un souci mineur.

Pour ma part j’avais rejoué à Forza 4 et Forza 7 afin de bien pouvoir resituer ce huitième épisode et très honnêtement je vais laisser Forza Motorsport arriver à maturité avant d’y retoucher.La vacuité de la progression en solo doublée d’une IA pénible m’a gâché ce mode de jeu et le multijoueur est peu motivant en l’état pour moi. Je sais que cela va évoluer mais vu le prix du jeu en vip + season pass qui mis bout à bout représentent une somme dépassant les cent euros, il est urgent d’attendre les mises à jour.

Un très bon jeu qui n’est pas fini, avec encore de trop gros défauts. Je crois bien que c’est le premier Forza qui me fait retourner sur le numéro précédent. Nous vivons une époque étonnante.

 

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