Trottinettes en libre-service: la fin de l'impunité?
Alors que le nombre d'usagers de trottinettes électriques augmente, les pouvoirs publics prennent enfin des mesures destinées à améliorer la sécurité des autres usagers de la chaussée, au premier rang desquels les piétons.
Dans un pays où l’automobiliste est traqué en permanence pour 1 km/h de trop, les pouvoirs publics ont jusqu’ici fait preuve d’une incroyable laxisme vis-à-vis des trottinettes électriques qui, notamment en ville, multiplient les infractions dans une quasi-impunité.
La circulation sur les trottoirs au lieu des pistes cyclables, la conduite avec le téléphone en mains, les feux rouges grillés ou le non-respect des priorités aux piétons, le tout en étant parfois juchés à deux sur la trottinette, ne sont que quelques exemples d’une attitude souvent extrêmement dangereuse, tant pour les utilisateurs eux-mêmes que pour les autres usagers de la chaussée.
Les choses devraient toutefois – un peu – évoluer à partir de ce lundi, avec l’entrée en vigueur de mesures - un peu - plus contraignantes pour les pilotes de ces engins de déplacements qui n’ont souvent de doux que le nom.
A Paris, où la mairie n’a pas caché qu’elle réfléchissait à l’interdiction d'exploitation des 15 000 trottinettes en libre accès, les opérateurs ont annoncé que l’accès en serait désormais interdit aux mineurs à partir de ce lundi. Il faudra désormais scanner une carte d’identité pour accéder au service. La capitale suit en cela l’exemple de Bordeaux et de Lyon.
Les engins seront aussi désormais dotés de plaques d’immatriculations, ce qui permettra d’identifier plus facilement les conducteurs fautifs.
Précisons au passage qu’à Menton (Alpes-Maritimes), la mairie se montre plus sévère encore. Les usagers de trottinettes motorisées sont désormais tenus de porter casque et vêtement réfléchissant, à quoi s’ajoute l’obligation d’allumer ses feux de position de jour comme de nuit, les fautifs encourant une amende de 135 €.
Les trottoirs enfin sanctuarisés
Des mesures qui vont dans le bon sens, donc, et tombent le jour où le Conseil National de Sécurité routière (CNSR) se réunit en séance plénière au cours de laquelle 9 recommandations devraient être adoptées.
L’une d’entre elles concerne justement l’interdiction faite aux trottinettes et aux vélos de circuler sur les trottoirs, de façon à sanctuariser ceux-ci pour le seul usage des piétons. L'instance souhaite en effet «définir légalement le trottoir comme étant une partie de la voie publique réservée à la circulation et à l'usage du piéton», et «préciser que le trottoir est physiquement séparé de la chaussée afin d'être repérable et détectable par tous les usagers».
L’assureur MMA a récemment publié une étude sur le partage de la route, dont il ressort notamment que 50 % des trottinettistes reconnaissent ne pas toujours laisser la priorité aux piétons, tandis que 44 % roulent en utilisant leur téléphone à la main, chiffre qui monte à 69 % chez les 18 à 24 ans.
Et pour plus des deux tiers des piétons, les plus grands dangers sont les trottinettes électriques ou vélos sur le trottoir (68 %)
L’enjeu est de taille, sachant que le marché de la micro-mobilité a explosé l’an dernier, avec plus de 900 000 trottinettes électriques écoulées, soit 42% de plus qu’en 2020. Cette hausse du nombre d’usagers a logiquement entraîné celle des accidents, avec 1 360 blessés en 2021 contre 554 en 2019.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération