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Uber : des ex-politiques mondiaux de haut rang pour faire céder les gouvernements

Dans Economie / Politique / Politique

Audric Doche

Cette histoire, qui n'est pas encore terminée, et qui ne fait même que débuter, pourrait presque faire l'objet d'un roman politique et financier. L'entreprise Uber, spécialisée dans le transport de personnes (ou plutôt l'offre de partage numérique pour les utilisateurs du réseau) s'est dotée d'une armada de politiques de tous horizons pour faire céder les gouvernements. Neelie Kroes, l'une des femmes les plus puissantes au monde, fait partie des effectifs d'Uber depuis mai dernier pour jouer les lobbyistes à Bruxelles.

Uber : des ex-politiques mondiaux de haut rang pour faire céder les gouvernements

Uber se heurte aujourd'hui à la réticence de nombreux gouvernements qui jugent l'activité du géant américain comme illégale, notamment vis-à-vis du statut des chauffeurs qui utilisent la plateforme éponyme. Uber, c'est donc avant tout un service numérique qui paye ses "employés" à la facture, ce qui s'assimile évidemment dans certains pays comme du salariat déguisé. 

 

Toute la problématique d'Uber consiste donc à faire du lobbyisme afin d'assouplir un peu les règles et de pouvoir s'implanter légalement dans tous les pays visés par la société américaine. Actuellement, Uber en est loin du compte, mais vu les dernières recrues engagées, on peut dire que la tâche risque d'être grandement facilitée. C'est notamment le cas depuis qu'une certaine Neelie Kroes a rejoint les rangs d'Uber.

  

Il ne s'agit ni plus ni moins que de l'ancienne "vice-présidente de la Commission européenne chargée de la stratégie numérique et ancienne commissaire européenne chargée de la concurrence". En d'autres termes, Uber vient de recruter une énorme pointure, Neelie Kroes ayant été considéré comme l'une des femmes les plus puissantes au monde. Elle sera rémunérée en actions chez Uber et aura évidemment pour rôle de faire pencher la balance en faveur de l'américain du côté de Bruxelles (en clair, faire du lobbying auprès de la Commission européenne pour Uber). Chose qui sera facilitée par le fait que Neelie Kroes a de solides relations et qu'elle militait déjà, lors de son mandat, pour Uber, en dénonçant la "mafia" des taxis en Europe. Une situation paradoxale, donc, pour une membre importante de l'Europe qui défendait Uber dans ses propos et qui va maintenant faire jouer son statut pour la société américaine. Un "paradoxe" résumé par le Financial Times : "il est troublant qu’une part significative des revenus gagnés au cours de sa vie par un commissaire puisse provenir d’une entreprise dont il supervisait auparavant les affaires en Europe".

  

En bref, Uber a toutes les armes à sa disposition pour faire plier la machine bruxelloise (et d'autres gouvernements à travers le monde) déjà un peu mise à mal depuis le Brexit. Heureusement pour l'américain, d'autres personnalités pourront aider Neelie Kroes au sein d'un conseil spécial, jugez plutôt : "Mme Melody Barnes, ancienne conseillère à la Maison Blanche ; M. Ray LaHood, ancien secrétaire d’État américain aux transports ; M. Roberto Dañino, ancien premier ministre du Pérou ; M. Allan Fels, ancien président de l’autorité australienne de la concurrence ; M. Adil Zainulbhai, président du Conseil de la qualité indien et son altesse royale Reema Bint Bandar Al-Saoud, princesse saoudienne".

 

Le lobbying, en mode XXL.

 

 

Via Le Monde diplomatique

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