Vers un permis à points carbone ?
Michel Holtz , mis à jour
Disposer d’un crédit carbone limité et, lors de nos achats, ne pas pouvoir dépenser plus de points que ceux qui nous sont attribués est une idée qui fait son chemin. Et l’automobile est bien entendu en première ligne de ce nouveau concept. Un rêve pour certains, un cauchemar pour d’autres.
Imaginons que l’heure est venue d’acheter une nouvelle auto. Une Renault Zoe ou une Ford Mustang ? Évidemment, un client hésite rarement entre ces deux modèles, question de tempérament et de budget.
Mais bien au-delà du prix catalogue un tantinet différent de ces deux voitures, il convient d’y ajouter, ou d’en soustraire, le bonus qui s’applique à la première (6 000 euros) et le malus qui vient plomber la seconde (40 000 euros). Une autre différence pourrait bientôt creuser encore davantage le fossé entre ces autos. Et elle pourrait bien obliger les acheteurs conducteurs à choisir entre un modèle à très grosses émissions et un voyage en avion. On exagère ? À peine.
Des points retirés en cas d'achat d'un produit trop polluant
C’est que l’idée fait son chemin depuis quelques années, et elle vient d’être exhumée par BFM au cours de son long format sur la vie quotidienne en 2050, et lors des Assises européennes de la transition énergétique qui se sont tenues récemment à Genève. Cette idée consiste à doter tous les citoyens d’un « permis carbone ». Ce dernier contient un nombre de points annuel qu’il convient encore de déterminer.
On le dépense à sa guise, entre produits au bilan bas, ceux qui n’émettent pas, ou peu de C02, comme la Zoe et ceux qui ont un lourd bilan, parce qu’ils viennent de loin comme nombre de prouits importés, ou qu’ils émettent 289 g / km, comme la Mustang. Et lorsque les points du permis carbone sont épuisés, c’est terminé. Il faudra revenir l’année d’après pour s’offrir des produits polluants, comme un billet d’avion, puisque le nombre de points serait remis à zéro au jour de l’an.
Une pure fiction ? Pas forcément. Des associations écologistes militent pour l’instauration de ce permis à points particulier et Jean-Marie Fievet, député Renaissance (ex-LREM) des Deux-Sèvres, soutiennent la mesure. Même Mastercard leur a apporté du renfort. L’opérateur de cartes de crédit a mis au point, avec une start-up suédoise, une carte spéciale carbone. Elle permet de décompter les points lors de chaque achat effectué avec cette Mastercard et peut se bloquer lorsque le quota est atteint.
Pour l’heure, aucune banque au monde n’a signé avec Mastercard pour proposer le bout de plastique à ses clients. D’abord car le bilan carbone n’est pas généralisé pour tous les produits, hormis les objets manufacturés et les voitures dans une certaine mesure. Ensuite, les banques ont peut-être anticipé une certaine hostilité de leurs clients face à ce procédé.
Une mesure pas vraiment du goût du gouvernement
Aucun gouvernement, ni aucun organisme bancaire ne souhaitent donc pour l’instant donner suite à la carte carbone. Même si, pour ses soutiens, le système offre la possibilité d’échanger les points restants avec les gourmands qui n’en ont plus. ce qui permettrait aux conducteurs de Mustang de s’envoler vers les Bahamas.
Mais non seulement le système reste très complexe à mettre en place, mais de plus, la volte-face récente d’Élisabeth Borne, estimant que l'adhésion à projet environnemental est vitale, et que « si on n'est pas attentif à embarquer tout le monde, à un moment donné, on n'avancera pas » risque de ne pas aller dans le sens de cette mesure. Si la première ministre recule sur l’instauration des 110 km / h sur l’autoroute, on la voit assez mal soutenir la carte carbone.
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