Comparatif : DS9 VS Audi A6 : en terres hostiles
L’heure de vérité a sonné. Si DS Automobiles peut légitimement se proclamer de la caste des premiums, restait l’épreuve ultime pour quiconque entend chasser en terres allemandes. Sur le segment des routières, les teutonnes règnent sans partage. Une incursion ambitieuse pour la DS9, qui affronte une Audi A6 mieux armée dans ce combat.
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Imaginée pour un marché un temps vu comme l’Eldorado, la DS9 avait pour lourde tâche de séduire davantage les chinois, friands du savoir-faire à la française et des grandes berlines. Or, même dans l’Empire du Milieu, cette entreprise a été revue à la baisse. Et la grande berline tricolore de se retrouver dans une position inconfortable, sur ses terres natales. Fabriqué en Chine, ce nouveau modèle a dû essuyer le divorce entre sa maison mère, et son partenaire industriel local, Changan. Ajoutez à cela une situation mondiale sclérosée par une pandémie mondiale, et vous obtenez un départ difficile dans la vie. Pourtant cette DS9 est une véritable réussite technique, finement mise au point. Après avoir pu longuement faire connaissance avec sa version hybride E-Tense 225, une virée en Champagne au volant de la puissante déclinaison 4x4 de 360 ch nous permet d’aller plus loin. Et de la confronter à une concurrence nettement mieux installée sur ce segment…
Avec une fiche technique aussi solide et un tarif de base proche des 70 000 €, la DS9 E-Tense 4x4 (appellation peu reluisante pour un tel modèle…), entre de plain-pied dans un territoire peu – ou mal – exploré par les constructeurs français. Si la jeune marque du groupe Stellantis envisage plutôt sa berline comme une rivale imposante du segment D (Audi A4, BMW Série 3, Mercedes Classe C), ses presque 5 m de long, son habitacle géant, ses tarifs, et ses prestations la placent davantage face aux berlines de la catégorie supérieure. De toute façon, en segment D, les seules « grandes berlines », ne sont que de roturières généralistes (Skoda Superb, Renault Talisman, feue la Ford Mondeo). C’est donc à l’étage du dessus, où cohabitent les grandes routières, que la DS9 devra faire sa place. Chez les allemandes, c’est l’Audi A6 qui est le plus à sa portée en Europe. L’A6 s’est écoulée à plus de 15 000 exemplaires en 2020, contre pratiquement le double pour les BMW Série 5 et Mercedes Classe E.
Dans sa version 55 TFSIe, la berline aux anneaux développe 367 ch, mais avec une chaîne de traction légèrement différente. Sous le capot, le 2.0 TFSI de 252 ch reçoit l’aide d’un seul moteur électrique de 143 ch installé entre le moteur thermique et la boîte automatique à double embrayage. La transmission intégrale est assurée de manière classique par le système maison Quattro. En face, cette DS9 E-Tense 4x4 doit se contenter du petit 1.6 Puretech porté à 200 ch, suppléé par deux moteurs électriques, de 110 ch à l’avant, et 113 ch à sur l’essieu arrière. Côté batterie, la française embarque une grosse pile de 11,9 kWh, contre 14,1 kWh pour l’allemande. Cette dernière est homologuée pour 51 km d’autonomie en tout électrique, contre 40-45 pour la DS9 (cette version qui arrivera en fin d’année est encore en cours d’homologation). Côté performances, ces deux routières voient leur couple bridé par leur transmission 500 Nm pour l’Audi, contre 520 pour la DS. Sur le 0 à 100 km/h, la plus rapide, sur le papier, est la DS9, d’un petit dixième, avec seulement 5,6 secondes. Mais assez parlé chiffres. Place à la confrontation.
Aspects pratiques : la DS9 a le sens de l’accueil
Mises côte à côte, Audi A6 et DS9 ne peuvent nier leur appartenance au même segment. L’A6 n’est qu’un petit centimètre plus longue et si la DS9 semble la plus fluette, elle est en réalité 4 cm plus large. Chacune affiche une personnalité bien distincte. Rigueur germanique et proportions musclées pour l’Audi (surtout dans cette finition Compétition utilisant le Pack S Line), lignes tendues, profusion de chrome et rappel du passé (sabre sur le capot, feux de position sur le montant arrière) pour la DS9. À bord également, nous avons ici deux salles, deux ambiances.
La française, en bonne DS, charge son intérieur de détails de finition. Le savoir-faire à la française, ça doit se voir, et se sentir. Aluminium guilloché, molettes façonnées comme des bijoux, surpiqûres « point perle », horloge BRM trônant au sommet de la planche de bord, le tout nappé par le superbe cuir épais rouge de cette configuration Opéra. L’ambiance est finalement traditionnelle, mais plutôt chaleureuse. Si on retrouve ici le levier de vitesse d’une simple Peugeot 308, ou des commandes partagées avec de « vulgaires » Citroën, la qualité est de très bon niveau. Reste qu’en face, l’Audi A6 est un sacré morceau dans ce domaine.
L’allemande est, à l’intérieur, à l’image de son extérieur. C’est net, clinique, et rien ne dépasse. Peu de choses à redire concernant la fabrication, mais l’ambiance industrielle manque un peu de chaleur. D’autant plus que seules des couleurs sombres sont disponibles au catalogue. Si la grande berline a elle aussi fait la chasse au bouton, l’ergonomie est tout de même préservée, via ses deux grands écrans centraux. Derrière le volant, le Digital Cockpit est nettement plus qualitatif et plus précis que celui de la DS9, qui semble accuser une génération de retard. Idem pour l’écran central de la française. La dalle est de belle facture, mais le système qu’il renferme, lent et graphiquement peut séduisant détonne dans un modèle à 70 000 €.
Aux places arrière, la française reprend les devants avec un espace géant digne des limousines du segment supérieur. La DS9 est d’ailleurs la seule à proposer une banquette chauffante, ventilée mais aussi massante. L’espace aux genoux permet même aux grands gabarits d’étaler leurs jambes (le siège avant passager peut être commandé depuis l’arrière) et l’accoudoir central ainsi que les appuie-tête « Lounge » donnent l’impression de voyager en business. Bref, un deuxième rang digne du standing revendiqué par la DS9. En face, l’Audi A6 ne manque pas de confort ni d’espace, mais elle ne peut lutter contre une française imaginée avant tout pour les chinois, et pour qui cet espace est primordial. L’allemande doit également s’incliner côté coffre, avec des batteries très envahissantes. Si la française n’a déjà rien d’une référence avec ses 510 litres (pour près de 5 m rappelons-le), que dire de l’A6, dont la soute d’à peine 360 litres ne fait pas mieux qu’une Clio…
Pratique | Audi A6 55 TFSI e Compétition | DS9 E-Tense 4x4 360 Rivoli + |
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Qualité de la finition | ||
Rangements | ||
Modularité | ||
Coffre (volume, seuil, facilité de chargement) | ||
Longueur maxi de chargement | ||
Places AR : longueur aux jambes | ||
Places AR : largeur aux coudes | ||
Places AR : garde au toit | ||
Plancher plat | ||
Note : | 13,1 /20 | 14,7 /20 |
Équipement : les prix s’envolent rapidement chez Audi
Près de 80 000 € pour une voiture française options incluses, un chiffre suffisamment rare pour être souligné. Mais notre DS9 E-Tense 4x4 Rivoli + (prix de base 69 400 €) avec son intérieur Opéra Rouge Rubis facturé près de 5 000 € ne laisse que peu de possibilités pour encore alourdir la facture. Comptez 700 € pour le pare-brise chauffant et le couvercle de coffre motorisé, 700 € pour l’assistant au créneau, 1 250 € pour la vision de nuit et 1 200 € pour la sono haut de gamme Focal. Tout le reste est de série : système de conduite semi-autonome de niveau 2, DS Active Scan Suspension capable de lire la route et adapter l’amortissement, sièges avant massant et ventilés, projecteurs à LED, toit ouvrant et tout l’équipement moderne qu’on est en droit d’attendre d’une telle berline.
En face, le prix de base de l’Audi A6 55 TFSIe Compétition est à 74 300 €, et « offre » la climatisation quadri-zone, le Virtual Cockpit, la sellerie cuir-alcantara, les feux à LED, la navigation connectée avec la compatibilité smartphone, la direction à démultiplication variable... Pour le reste, il faudra passer par la case options : 1 150 € pour les sièges électriques (900 € de plus pour les rendre chauffants), 1 650 € pour l’affichage tête haute, 2 350 € pour les aides à la conduite « Route » (conduite semi-autonome, assistant d’évitement, lecture des panneaux, feux de route automatiques…), 2 550 € pour la vision nocturne, 1 300 € pour le Park Assist avec caméra 360°, 800 € pour l’amortissement piloté, 1 300 € pour ces jantes de 20 pouces, et la liste est encore longue. Ainsi richement dotée, notre A6 d’essai est facturée près de 95 000 € ! C’est 16 000 € de plus que notre DS9, qui affiche certes quelques lacunes au chapitre technologies embarquées (pas d’affichage tête haute, d’Apple CarPlay sans fil, ou de réel assistant vocal).
Rapport prix/équipements | Audi A6 55 TFSI e Compétition | DS9 E-Tense 4x4 360 Rivoli + |
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Aides à la conduite | ||
Conduite (liaisons au sol) | ||
Confort | ||
Multimédia | ||
Style intérieur | ||
Style extérieur | ||
Note : | 16 /20 | 16,3 /20 |
Budget : un produit qui séduira les entreprises
Avec 16 000 € d’écart, l’allemande n’a que peu d’arguments dans ce chapitre, si ce n’est un certain avantage technologique. À de tels tarifs, ni l’une ni l’autre ne peut bénéficier du bonus écologique réservé aux véhicules hybrides rechargeables (50 000 € max), et les consommations, vraiment conditionnées par l’état de charge de la batterie se situent dans les mêmes eaux (voir page suivante). La très grande majorité des ventes se fera auprès des entreprises sous forme de leasing. Mais l’entretien chez Audi se soldera par des factures nettement plus musclées.
Budget | Audi A6 55 TFSI e Compétition | DS9 E-Tense 4x4 360 Rivoli + |
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Coût d'achat | ||
Bonus/malus | ||
Consommation : données constructeur | ||
Consommation : relevés Caradisiac | ||
Courroie de distribution/chaîne | ||
Cote attendue | ||
Durée de la garantie | ||
Fiabilité attendue/coût de réparations | ||
Note : | 11,8 /20 | 13 /20 |
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