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La Mancelle de Bollée ou l’histoire du pauvre Amédée

Dans Rétro / Autres actu rétro

Michel Holtz

Être titulaire d’un record du monde de vitesse, c’est bien. Être le premier à l’arracher, c’est encore mieux. C’est ainsi qu’en 1878, Amédée Bollée et sa Mancelle à vapeur ont atteint 42 km/h. Mais le pauvre inventeur s’est fait déposséder de son affaire et très vite, l’automobile allait, pour plus d'une centaine d’années, basculer dans le moteur à explosion.

Un exemplaire de la Mancelle est exposé au château musée de Compiègne.
Un exemplaire de la Mancelle est exposé au château musée de Compiègne.

La révolution industrielle en cours ne lui a pas échappé. Et dans la fonderie de son père, le petit Amédée constate, jour après jour, les progrès des machines à vapeur pour lesquelles son paternel fabrique des pièces.

Il cogite durant toute son adolescence, mais la révélation viendra d’une exposition universelle parisienne : celle de 1867. Amédée a 23 ans et sa décision est prise : il sera constructeur automobile, et à vapeur s’il vous plaît, alors que cette technologie était jusqu’ici quasiment réservée au train et à quelques lourdes machines industrielles.

L'Obéissante : trop lourde et trop envahissante

De retour dans la Sarthe, il travaille d’arrache pied à son premier prototype. Mais la guerre de 1870 éclate et Amédée Bollée va perdre plusieurs années. En 1873 enfin, sa voiture est prête. Il la baptise l’Obéissante, puisque, contrairement aux voitures à cheval, les autos, et leurs chevaux-vapeur ne sont jamais récalcitrants.

L’engin est impressionnant. Il pèse 4,8 tonnes et transporte 12 personnes. En plus, il est maniable malgré son embonpoint, et plutôt silencieux. Content de lui, Amédée fait la tournée des villes de la région pour engranger les bons de commande. Mais en deux ans, il ne va pas enregistrer la moindre vente. Un peu dépité, il tente le tout pour le tout : un voyage du Mans à Paris à bord de son engin. Il va mettre 18 heures à effectuer le trajet de 210 km.

12 personnes à bord et un ensemble de 4,8 tonnes à vide, c'est l'Obéissante d'Amédée Bollée.
12 personnes à bord et un ensemble de 4,8 tonnes à vide, c'est l'Obéissante d'Amédée Bollée.

Les parisiens admirent l’Obéissante, mais n’achètent pas. Pas de quoi décourager Amédée qui repart en sens inverse et cogite. Il lui faut une auto plus petite, moins chère et plus rapide. On n’est pas encore à l’ère de la citadine low cost, mais celle que Bollée va mettre trois ans à réaliser est révolutionnaire. Il place le moteur à l’avant, mais conserve la centrale vapeur à l’arrière.

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L'auto, tel un Fiat Multipla permet d’accueillir six personnes. Quant au châssis, il s’offre des roues avant indépendantes. Surtout, l’engin a perdu du poids et ne dépasse pas 2,75 tonnes. Une plume. Grâce à cette cure d’amincissement, la Mancelle, puisque c’est ainsi qu’il a baptisé son bolide, sera chronométrée à 42 km/h. Un record du monde.

C’est donc tout fiérot qu’Amédée Bollée reprend la route de Paris avec sa nouvelle machine à vapeur. Ca tombe bien, en cette année 1878 se tient dans la capitale une nouvelle expo universelle. La Mancelle s’y expose et, miracle, Gustave Koechlin, un industriel alsacien achète l’engin. Mais un miracle n’arrive jamais seul.

Une délégation d’officiels autrichiens découvre elle aussi l’auto et se montre bigrement intéressée. Les dignitaires souhaitent créer une compagnie de taxis à Vienne et la Mancelle paraît faite pour le job. Rendez-vous est pris : Amédée va filer dans la capitale autrichienne pour effectuer une démonstration devant des investisseurs locaux susceptibles de produire en série les modèles de son invention.

L'arnaque autrichienne

Pour un début, c’est un excellent début, et Bollée se rêve déjà en futur Henry Ford, révolutionnant le monde des transports. La suite est moins glorieuse. L’affaire autrichienne cache une entourloupe. La société crée pour fabriquer les Mancelle n’en produira pas une seule.

Elle revend rapidement les droits du brevet à une banque allemande qui va effectivement fabriquer les autos. 22 unités seront assemblées en 1882, sans que Bollée ne touche un centime de royalties. Car s’il détenait les droits pour la France, l’Angleterre et l’Autriche, son brevet n’était pas valable dans l’Allemagne d’après guerre.

Au cours d’un énième retour dans la Sarthe, l’inventeur se lance dans d’autres projets, dont un train routier. Il concocte quelques nouvelles autos aussi. Mais moins d’une décennie plus tard, le moteur à explosion va emporter à jamais les machines à vapeur. Le pauvre Amédée, lui, ne connaîtra jamais la fortune et la notoriété que d’autres s’approprieront après lui.

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