1 000 km au volant de la dernière Citroën C3 - Est-elle juste une citadine ?
ESSAI LONGUE DURÉE - Après un premier galop effectué avant l’été, place maintenant à l’heure de vérité avec un essai longue durée de près de 1 000 km. Une belle balade réalisée en France et plus particulièrement sur les routes exigeantes du Morvan et de la Bourgogne. Notre objectif : savoir si la C3 est uniquement faite pour la ville ou plus si affinités.
C’est au départ de Paris que nous prenons la route. Pour avoir réalisé les premiers tests en Autriche au volant de modèles de pré-série, nous partons avec un a-priori positif, car la petite Citroën, qui est l’une des citadines les moins chères du marché, nous avait séduits. C’est donc accompagné d’Alain Dalbera, l’un de nos fidèles cadreurs, que nous partons pour l’aventure.
Notre périple peut commencer et il débute par l’autoroute A6, direction Avallon. Pour l’instant, la C3 de dernière génération est disponible en 100% électrique et avec une seule motorisation thermique, que nous avons aujourd’hui à savoir le 1.2 Puretech 100 ch associé uniquement à une boîte mécanique à 6 rapports. Forcément, quand on prononce le nom maudit de Puretech, tous les esprits s’échauffent et à raison. Même si on n’a pas de recul sur cette C3, celle-ci ne devrait pas rencontrer de souci, car ce trois cylindres a été fiabilisé si on se base sur les dires de Citroën. Cette offre sera complétée dans quelques mois par une version hybridée de même puissance, mais disponible exclusivement en boîte automatique.
Mais avant tout, premier test : le coffre. Même à deux, nous sommes relativement chargés et pas de problème pour caser nos quatre bagages dans cette C3, qui est pourvue d’une capacité de chargement de 310 litres, ce qui est très bien vu son gabarit. Il faut toutefois signaler que le seuil est haut. La marche dans ce coffre entre le plancher et le seuil est importante, ce qui est pénalisant pour le transport d’objets lourds.
Une fois en route et sans être fan de ce type de moteur 3 cylindres, force est de reconnaître que les premières accélérations sont toniques et ne manquent pas de peps. Logique, car notre C3 est légère puisqu’elle ne pèse que 1 100 kg. Aucune difficulté pour atteindre les 130 km/h légaux et même plus…. À cette allure, la C3 montre quelques limites, pas dans son comportement, mais plutôt dans son insonorisation un peu trop légère qui laisse passer des bruits d’air et de roulements.
Lors du passage au péage, nous remarquons que notre C3, ne possède pas de vitres électriques à impulsion. Bien moins pratique d’autant plus qu’il n’y a pas d’endroit pour mettre le ticket au niveau du pare-soleil.
Un style extérieur et intérieur inédits
Au bout d’un peu plus d’une heure, c’est le moment de changer de mains et de passer le volant à Alain. La pause s’impose et nous en profitons pour faire le tour du propriétaire. Une chose est sûre : il est bien difficile de trouver une affiliation quelconque avec les précédentes générations. Finie l’époque de la C3 ronde en référence à la 2CV, même la précédente avec ses airbumps que j'estimais très réussie est à mille lieues.
Même si de l’avis général, cette C3 est bien née, les changements perpétuels au niveau du design perturbent Alain. Voici sûrement le principal reproche que l’on peut faire. Cette C3 rompt radicalement avec les différentes générations en raison notamment de son petit look de SUV composé notamment de passages de roues marqués, d’une calandre très verticale frappée du nouveau logo et entourée par des projecteurs composés de trois barres en forme de C – que l’on retrouve aussi au niveau des feux-. Les dimensions restent contenues avec une longueur en dessous de 4 m. Cependant, la hauteur progresse pour sa part de 10 cm.
Cette petite barrette de couleurs permettent de pénaliser la C3
Avec cette nouvelle génération, Citroën continue de miser sur la personnalisation avec des carrosseries bicolores, mais également la possibilité de choisir la teinte de barrettes apposées sur la custode ou le bouclier avant. Trois couleurs figurent au catalogue : Blanc banquise, Infrarouge ou Jaune citron. Une bonne idée, mais ces accessoires sont très facilement démontables par conséquent volables par des personnes mal intentionnées.
À l’intérieur, c’est une véritable révolution. Tout d’abord parce que l’instrumentation classique désormais a été remplacée par un affichage tête haute de série. Il peut être associé à un système multimédia 10,25 pouces. Les versions d’entrée de gamme n’en seront pas équipées, mais auront un système proche d’un dock hi-fi permettant de relier un smartphone à la voiture et de profiter du téléphone, de la radio, de la navigation ou du streaming grâce à une application dédiée. La planche de bord est très horizontale et relativement dépouillée. On remarque la taille réduite du volant, qui est une première sur une Citroën. Les commandes de climatisation restent physiques, une bonne chose. La qualité des matériaux est convaincante, avec notamment une partie inférieure du tableau de bord recouverte de tissu.
Maintenant, c’est l’heure de reprendre la route. Alain passe derrière le volant et enclenche à son habitude le régulateur de vitesse. Une manipulation, qui demande toutefois un temps d’adaptation en raison du nouveau design du volant. Après quelques hésitations, tout rentre dans l'ordre.
Arrivés à destination, nous apprécions le gabarit très compact de notre monture, très pratique pour effectuer des manœuvres en ville, d’autant plus quand vous bénéficiez de la caméra de recul, de série sur la finition « Max ». Pas de tracas pour stationner, mais il faut remarquer toutefois que la carrosserie est très peu protégée pour un usage citadin. Attention aux coups et rayures.
Après le repas, nous reprenons la route pour faire entrer la C3 dans le dur à savoir le Morvan avec ses magnifiques départementales très sinueuses. Si on souhaite un peu s’amuser, il est impératif de désactiver l’alerte de survitesse et le maintien dans la voie, deux assistances vraiment pénibles et surtout à la sonorité hyper aiguë. C’est justement dans ce contexte que les premiers bugs électroniques apparaissent, bien évidemment au niveau du multimédia. Compatible AppleCarplay et AndroïdAuto, ce dernier mesurant 10,25 pouces s’est figé lors de la recherche d’une station de radio. Il avait bien pris en compte le smartphone (présence du logo), mais impossible de s’en servir. Seule solution, couper le contact, verrouiller la voiture et attendre un peu avant de repartir. Très agaçant.
Même pas peur des départementales sinueuses !
Connu par les motards pour son relief, le Morvan donne le sourire au conducteur, moins en général aux passagers. En effet, à rythme soutenu, ces derniers regrettent rapidement l’absence d’une poignée de maintien au plafond d’autant plus que celle présente au niveau de l’accoudoir ne permet pas de s’agripper.
Ils devront également composer avec des sièges issus du programme Advanced Confort, qui assurent un bon confort, mais souffrent d’un maintien un peu trop léger surtout quand les virages s’enchainent. Dans ces conditions, un autre défaut apparaît à savoir les mouvements de caisse qui peuvent se révéler conséquents. Même si les courbes ne sont clairement pas son terrain de jeu favori, notre C3 ne démérite pas. La direction n’est certes pas la plus informative et directive du marché, mais elle se révèle agréable et plutôt fluide. Notre voyage nous a permis également de nous rendre compte du caractère sympathique du trois cylindres. Sa puissance (100 ch) et son couple (205 Nm) sont traditionnels pour la catégorie, mais la C3 est légère (1 100 kg). Il en résulte un tempérament assez joueur avec des accélérations toniques et de bonnes reprises, même s’il faudra composer avec une sonorité un peu trop présente notamment lors des phases d’accélération, mais c’est du classique pour un trois cylindres.
Après une journée bien chargée avec 500 km parcourus, un réservoir vidé, il est temps de faire une halte bien méritée pour se reposer le temps d’une nuit. Nous en profitons pour aller tester l’éclairage. Naturellement inférieurs à certaines technologies plus modernes et coûteuses, les projecteurs LED proposent tout de même une excellente visibilité. C’est finalement lors du repas qu’une idée nous vient : et si nous allions à la rencontre des concessionnaires pour connaître leur ressenti sur la nouvelle C3 ?
Un réseau inquiet et dubitatif
Voici notre première mission de cette nouvelle journée. Pour être transparent avec vous, on savait très bien qu’on allait connaître des difficultés, car les revendeurs n’aiment pas forcément passer devant la caméra. Ce fut le cas puisque personne n’a voulu apparaitre à l’écran, mais ils n’ont pas hésité à se confier et le bilan n’est pas brillant.
Globalement, tous les acteurs nous ont fait part de leur inquiétude concernant l’avenir. Transformation du style, de stratégie, manque de communication vis-à-vis du réseau et de la clientèle, mais aussi souci de fiabilité, beaucoup de maux frappent les points de vente. Ces derniers estiment que les clients sont perdus et surtout regrettent que la nouvelle C3 ait mis autant de temps à être disponible. Les modèles exposés étaient ainsi des préséries, qui étaient impossibles de faire essayer. D’où un phénomène de frustration pour les potentiels acheteurs. Les concessionnaires Citroën espèrent que la marque ne va pas répéter ces types d’égarement sur les prochaines nouveautés. Ils désirent également que le nouveau positionnement de la marque porte ses fruits. Surtout, ils souhaitent tous que Citroën s’affirme haut et fort comme le concurrent direct de Dacia, une bonne façon de relancer la firme aux chevrons.
Toujours des bugs ...
Fort de ces confidences, nous reprenons le chemin en direction d’Arc-et-Senans connu pour sa saline Royale, tout en faisant un détour par Beaune. L’occasion de constater que les pavés du centre-ville où se trouvent les célèbres hospices sont parfaitement absorbés par le duo sièges et butées hydrauliques. Une vraie différence par rapport à des suspensions classiques.
Convaincante en ville, la C3 l’est aussi sur le réseau secondaire, même si nous avons remarqué à nouveau quelques bugs électroniques concernant notamment la reconnaissance des panneaux de signalisation, qui a tendance à souvent indiquer des vitesses erronées ou différentes de celles indiquées sur l’écran multimédia. Très perturbant.
Et ce n’est malheureusement pas fini. Lorsque nous avons voulu tester l’habitabilité arrière, qui est d’ailleurs forte intéressante vu le gabarit de l’auto, nous avons remarqué que notre citadine souffrait de quelques lacunes de mise au point. Quand nous avons baissé la vitre arrière droite, impossible de la faire remonter ou du moins sans devoir l’aider. On a connu mieux.
Malgré cela, nous arrivons à destination dans le village d'Arc-et-Senans connu pour sa saline Royale datant de Louis XV, qui avait les particularités d’être l’une des plus grandes d’Europe, mais aussi de regrouper dans un même lieu fait de magnifiques bâtiments le site de production du sel, mais aussi le logement des ouvriers. Une organisation très rare. Un lieu à ne pas manquer si vous êtes, comme nous, de passage dans la région de Dôle.
Mais il est temps d’arrêter de flâner et d'entamer notre retour vers Paris, non sans passer par Troyes et ses maisons à colombages. Alors que le 1 000ᵉ km parcouru vient d’être dépassé, l’heure de la conclusion approche. Tout d’abord, au niveau de la consommation. Nous avons ainsi enregistré une moyenne de 6,8 l/100 km, sur notre parcours, ce qui s’avère être très correct. Sur route, le bilan est également convaincant avec un bon confort et un comportement clairement pas le plus dynamique de la catégorie, mais suffisant pour n’être ni dangereux ni ridicule quand on hausse le rythme, même s’il faudra composer avec des mouvements de caisse prononcés en courbe. Plaisante aussi bien sur le plan extérieur qu’intérieur, cette C3 revendique également des aspects pratiques de bon niveau. À tout cela s’ajoute des tarifs agressifs qui débutent à partir de 14 990 € en entrée de gamme et 19 200 € en finition Max. Mis à part la Dacia Sandero, toutes les concurrentes sont plus onéreuses, une bonne nouvelle donc pour les chevrons.
La C3 est par conséquent une très bonne citadine, mais elle a prouvé qu’elle peut aussi représenter une voiture plus polyvante. Malheureusement, tous les atouts de cette citadine sont ternis par les nombreux aléas électroniques qui ont émaillé notre voyage. Et il ne semble pas que notre modèle soit une exception, puisque nous avons eu déjà vent d’autres soucis du même genre ou plus grave. De quoi handicaper le début de carrière de ce modèle vital pour Citroën.
Chiffres clés *
- Taux d'émission de CO2 : NC
- Bonus / Malus : NC
- Date de commercialisation du modèle : --
* pour la version .
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