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2040, le grand sabordage de l'industrie automobile

C'est désormais inscrit dans la loi : à partir du 1er janvier 2040, il sera interdit de vendre en France toute voiture ou utilitaire léger à moteur thermique. Un projet réellement dingue.

2040, le grand sabordage de l'industrie automobile

Déjà, le texte de loi n'est pas clair : quid des moteurs carburant aux essences, gazole et gaz issu de la biomasse, une filière parfaitement neutre en CO2 car utilisant nos déchets ménagers et agricoles. Faut-il déjà l'enterrer alors qu'elle émerge à peine et promet des dizaines de milliers d'emploi ?

Quid également des hybrides et hybrides rechargeables ? S'ils ne sont pas concernés par l'interdiction, l'objectif ne sera pas difficile à atteindre, il va même de soi mais hélas - j'y viendrai plus loin - ne permettrait pas l'énorme et rapide réduction de nos émissions de CO2 qui s'impose désormais. 

Si l'hypothèse d'une interdiction pure et simple de tout moteur thermique automobile se confirme, cet amendement apporté à la LOM (loi d'orientation des mobilités dont vous n'avez pas fini d'entendre parler), condamnerait, d'un trait de plume, une filière industrielle majeure à la ruine. L'industrie automobile est l'une des seules - voire la seule avec l'aéronautique - où l'Europe garde une longueur d'avance et une certaine domination mondiale. C'est accessoirement le plus gros secteur industriel en terme d'emploi : 13 millions de personne en Europe y travaillent.

Paf, poubelle.

Pas d'alternative à l'électrique

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En effet, interdire le thermique à si courte échéance, c'est nous imposer le vélo ou la voiture électrique, ce qui revient dans les deux cas, à rouler chinois comme Michel Holtz et moi le redoutons ici.

Si la pile à combustible est quasi prête, l'hydrogène qui l'alimente ne sera pas disponible à cette échéance. Actuellement, il est extrait du pétrole ou du gaz avec de gros rejets de carbone à la clef. Pour le produire proprement, il n'y a que l'électrolyse qui, comme son nom l'indique, nécessite de l'électricité. Beaucoup d'électricité. De telles quantités que l'éolien et le renouvelable n'y suffiraient pas, et qu'il faudrait pousser les feux du nucléaire, ce qui ne semble pas de saison. 

Surtout, on ne sait toujours pas le stocker - pas même dans des réservoirs étanches - ni le transporter et le distribuer de façon sure et économique.

Bref, l'accumulateur va remplacer le moteur, aussi bien dans la chaine de valeur que dans la géographie de l'emploi.

La grande casse de l'emploi automobile

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En attendant, le virage vers la voiture propre a déjà conduit les constructeurs européens à des restructurations massives dans leurs usines. Depuis le mois de janvier, pas moins de 20 000 emplois y ont été supprimés ou sont en voie de l'être. L'équivalent de sept fois la fermeture de l'usine de Poissy ! Et ce n'est qu'un début.

La possible nouvelle alliance entre Renault et Fiat-Chrysler annoncée ce matin doit également être considérée à l'aune de cette mutation technologique. Conséquence d'une gestion court-termiste, FCA y est très mal préparé et n'a guère d'autre choix que de s'allier à plus avisé pour survivre. Une alliance qui ne se fera pas sans fermeture d'usines et bureaux d'étude.

On pourrait aussi évoquer la grande casse sociale à venir dans la réparation automobile : ce ne sont pas les changements de pneus, d'essuie glace, et plus rarement de plaquettes de frein qui feront tourner les ateliers...

Et pourtant, aussi choquant que cela paraisse, cet immense sabordage annoncé peut se justifier s'il s'agit de sauver la planète. Et certes, l'automobile doit avoir la plus grande part dans la réduction des émissions de C02 puisqu'on ne convertira ni l'avion, ni le porte container à la motorisation électrique.

 

La voiture à 2 l/100 km, l'oeuf et la poule ...

2040, le grand sabordage de l'industrie automobile

On peut néanmoins se demander s'il n'y a pas une voie moins périlleuse. Quitte à radoter, je rappelle que la voiture à 2 l/100, pour laquelle l'Etat français a déjà financé des centaines de millions d'euros en recherche, est à portée de main.

Une quatre-cinq place basse et profilée, pesant 6 ou 700 kilos, avec une motorisation hybride offrant 40 ou 50 chevaux en cumulé et consommant environ 2 l/100 km est parfaitement faisable en l'état actuel des connaissances. Deux litres au cent, c'est trois fois moins que la consommation moyenne réelle du parc automobile européen.

Pour la produire, il ne manque que le courage du marketing et la demande du public, deux éléments essentiels dont, comme l'oeuf et la poule, on se demande lequel doit apparaitre le premier. Cette voiture serait le parfait contraire de la totale aberration environnementale que représente le SUV, obèse caricature de ce que sont devenues nos voitures. Elle est même la seule issue possible d'ici 2040.

S'il s'agit à cette échéance de faire rouler des SUV électriques d'une tonne et demi, nous aurons remplacé le cauchemar pétrolier par un autre cauchemar à base de désindustrialisation massive, de terres rares, de lithium et de nucléaire.

Et si l'on se contente d'ajouter un moteur électrique et des batteries à nos actuelles voitures pour en faire des hybrides, nous n'aurons diminué que de 15 ou 20 % leur énorme appétit, très loin de ce que nécessite l'enjeu. 

Pour l'heure, loin de diminuer, les émissions de C02 de notre parc automobile sont reparties à la hausse "grâce" à la brutale dé-dieselisation des achats. Les automobilistes s'en sont aperçus en sortant la carte bleue à la pompe. Un sondage de nos confrères de l'Argus montre que les deux tiers des acheteurs de voiture essence trouvent leur consommation excessive au point, pour 29 % d'entre eux, d'envisager de revenir au diesel.

On tourne en rond.

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