24 h du Mans en direct: L'agro carburant a failli faire tourner chèvre
C'est la petite histoire de cette édition 2008 des 24 h du Mans. Si elle s'est bien finie, elle aurait pu néanmoins mal tourner étant donné que ce qui va suivre a été décidé de manière totalement unilatérale, et suivant une logique imposée par le monde de l'auto. A laquelle l'univers de la moto s'est trouvée brutalement confronté, sans la moindre échappatoire.
De quoi s'agît-il ? De l'obligation imposée par l'organisateur aux concurrents inscrits à sa trente et unième édition du tour d'horloge sur deux roues d'utiliser le carburant E.10. Soit un précieux liquide contenant 10% d'Ethanol. Une idée en phase avec son temps et politiquement correct puisque répondant aux sensibles canons écologiques. Mais tout n'est pas si simple.
L'E.10 adopté, l'ACO a ainsi sitôt fait remplir ses cuves du précieux liquide, si bien que lorsque le plateau de l'Endurance moto est arrivé, il s'est retrouvé devant le fait accompli. Les machines allaient devoir avaler cette essence sans jamais avoir effectué le moindre essai préalable. Quant au tarif du plein, il était tout aussi inconnu.
Le paddock n'a pas vraiment apprécié, surtout lorsqu'il a découvert à force de recherches que l'E.10 était particulièrement corrosif, mettant à mal les joints des vannes de remplissage. Quant aux joints internes dans les moteurs, aucune prospection n'était, de fait, envisageable. Mais il n'a pas fallu longtemps aux écuries pour constater un échauffement plus important des pièces en mouvement dans le moteur. Et l'on sait les conséquences dramatiques qu'une casse moteur peut engendrer sur la santé d'un pilote moto.
Quant à la facture présentée aux teams, son montant a été fixé à quelques 3,65 euros le litre. Après négociations, car l'organisateur aurait, semble-t-il, voulu un tarif à la pompe plus conséquent.
Au final, tout ne s'est pas trop mal passé. Il y a eu statistiquement plus de machines à l'arrivée que l'année précédente, et s'il y a eu effectivement des moteurs cassés, personne n'a incriminé l'E.10. La pluie, aussi, a permis aux mécaniques de souffler. Reste une politique du fait accompli sciemment assumé par l'organisateur qui fait de l'auto sa priorité. Historiquement, on ne peut pas le lui reprocher. Mais un peu de sens de la concertation et de meilleure connaissance technique du monde de la moto le rendraient sans doute plus sympathique.
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