24 H du Mans - les coulisses : le centre médical où comment gérer 95.000 personnes
Qui suis-je ? Je suis à la tête de 320 personnes présentes tout autour du circuit pour gérer près de 95.000 personnes. Mon équipe intervient à 1600 reprises tout au long de la semaine des 24 heures. Je dispose de véhicules d'interventions rapides pour me rendre en moins de 2 minutes sur toute zone du circuit, je suis, je suis ?
Je suis le Docteur Kind, médecin chef du centre médical présent sur le circuit Bugatti. Il nous détaille le fonctionnement d'un système bien rôdé.
Le service médical présent sur place doit donc prendre en charge l'ensemble des personnes présentes dans l'enceinte du circuit. Du paddock aux zones spectateurs en passant par les parkings ou les campings, cela fait déjà une belle ville à s'occuper. Pour cela, L'organisation des secours est découpée en 4 secteurs explique le docteur Kind. Nous avons un secteur périphérie pour tout ce qui concerne l'extérieur du circuit. C'est une zone qui est gérée par les secours extérieurs. Ils ont aussi en charge la gestion d'un éventuel plan rouge. Nous, nous avons en charge le secteur spectateur et le secteur piste qui prendra en charge les pilotes mais aussi toutes les personnes de l'organisation ou des teams. ajoute le médecin responsable de cette organisation.
Sur le terrain, ces 2 zones sont bien séparées avec chacun un centre médical. Celui du paddock est en dessous de la tour de contrôle tandis que celui des spectateurs est à côté du village. Les 2 centres disposent des mêmes moyens. Pour tout comprendre, Matthieu Navarre, de la régulation, nous fait une petite visite guidée en partant du cas où un pilote chute sur la piste.
Le centre médical paddock
Dans ce cas, les secouristes présents autour du circuit (il y a 10 postes de secours) interviennent en premier en faisant un bilan par radio au centre médical. Les médecins de la salle de contrôle ont alors la décision d'envoyer ou non un VRI : Véhicule Rapide d'Intervention. A l'intérieur, on trouve tout le nécessaire d'urgence : défibrillateur, produits pour calmer la douleur, électrocardiographe etc… Avec ces véhicules, un médecin et un infirmer peuvent être sur les lieux de la chute en 1 minute 30 et ce, en tout point du circuit.
Une fois pris en charge, le blessé est conduit au centre médical par ambulance pour un diagnostic plus complet. Pour ce faire, le centre dispose de 4 types de salle
- 2 salles de soin qui permettent de prendre en charge les cas bénins : malaise léger, suture, entorse, fractures…
- 1 salle des grands brulés qui existe depuis 15 ans et qui n'a fort heureusement jamais servie. Ce type de cas nécessitant de lourd traitement, une évacuation vers l'hôpital de Tour serait plutôt envisagée.
- 1 salle de « déchocage » pour les cas les plus graves tels que perte de connaissance, poly traumatisme … Dans cette salle tout est prévu pour pouvoir anesthésier ou « chouter » les blessés.
- 1 salle d'observation permet de garder sur place jusqu'à 3 personnes pendant 1h ou 2 en surveillance. Ces salles servent également pour les contrôles anti-dopage.
Il faut bien noter que ce centre médical permet de faire un diagnostic précis mais n'est pas là pour soigner explique Pascal Garnier, manipulateur au Centre Hospitalier du Mans. Notre rôle est double. Soit nous devons dire à un pilote s'il peut reprendre la compétition, soit faire un diagnostic précis et le conditionner pour préparer une évacuation vers les urgences d'un centre hospitalier. Pour ce faire, le centre dispose d'un appareil de radiographie mobile et d'une salle de développement afin d'avoir un résultat en 3 à 5 minutes.
Une dernière salle est présente également dans ce centre. Il s'agit d'une salle de kinésithérapie où les pilotes viennent régulièrement user des services des 3 kinés présents dans la semaine des 24 H.
Au total, ce sont environ 40 personnes bénévoles, tous plus passionnées les unes que les autres, qui sont nécessaires au bon fonctionnement du centre médical ajoute le Dr Kind. Des infirmiers, les anesthésistes, des manipulateurs radios, des kinés, des régulateurs, des médecins urgentistes, généralistes, des chirurgiens et bien sûr des secouristes répartis aux points stratégiques du circuit. Ils ont pour rôle de prendre en charge le pilote et d'établir un premier bilan au médecin chef présent en salle de contrôle. C'est lui qui déterminera l'envoi rapide du véhicule d'intervention.
Toutes ces personnes réalisent pas moins de 70 à 80 interventions dans la semaine. Et ils ont la responsabilité de dire à un pilote s'il peut continuer la compétition. Car un pilote moto est particulièrement pressé de reprendre le guidon même avec des douleurs importantes. La décision finale pour un pilote revient à un médecin affilié par la FIM. Ces médecins passent des examens tous les 3 ans à la suite de séminaire obligatoire. explique le Dr Kind.
Cette organisation est à peu de chose près identique pour le secteur public.
Le secteur public
A peu près car le volume d'intervention est beaucoup plus important. Franck Bourget, responsable de ce secteur explique qu'il y a plus de 90.000 personnes à gérer soit l'équivalent d'une ville à couvrir. Et une ville plutôt de « débauche ».
Au total, plus de 200 secouristes et 60 personnels médicaux (médecins, pharmaciens, infirmiers…) sont répartis sur les 10 postes de secours tout autour du circuit, dans les campings ou sur les parkings. En cas de besoin, des ambulances rapatrient les blessés vers le centre médical encore provisoire avant que qu'un centre tout neuf soit terminé. Il sera disponible pour les 24h auto de cette année. Ca va être parfait pour nous ajoute le docteur Kind. Le centre médical dispose de 4 salles de soin, une grande salle de dégrisement et 2 salles de réanimation.
Et il faut bien ça pour traiter toute sorte de cas. Du simple bobo à l'arrêt cardiaque en passant par les agressions ou les brûlures des fakirs en herbe, les hommes de Franck Bourget voient de tout. Et même des accouchements ajoute t-il. On pourrait en faire un livre de nos interventions tellement on voit de tout.
C'est de nouveau grâce à ces hommes de l'ombre que les teams et le public peuvent profiter pleinement de leur semaine en étant rassurer : des hommes et des femmes passionnés sont là en cas de besoin.
Un grand merci au Dr Kind pour l'accueil et à Matthieu pour la visite.
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