80 km/h - Attention, des radars pourraient avoir été recalibrés en avance
Pendant une interview donnée ce matin sur RTL, le Premier Ministre Édouard Philippe a fait une phrase ambiguë sur le recalibrage des radars.
Le jour d'après. Annoncée début janvier, la baisse de la limitation de vitesse sur le réseau secondaire est entrée en vigueur hier. Ce matin, Édouard Philippe était sur RTL pour assurer le service après vente.
Le Premier Ministre a déclaré à nouveau que le but de la mesure était "de sauver des vies, d'éviter des blessés", ajoutant sur un ton agacé "Pourquoi est-ce que vous pensez une seconde que mon objectif serait d'emmerder l'automobiliste qui prend sa voiture le matin pour aller travailler ?". Édouard Philippe a expliqué que la mortalité routière avait progressé ces dernières années… oubliant bien volontairement de dire qu'elle baisse depuis le début 2018.
De la pédagogie...
Pour lui, il fallait une mesure forte quitte à y laisser des plumes : "Il y a un moment en politique où il faut savoir prendre des décisions impopulaires quand on pense qu'elles sont bonnes pour le pays. Notre pays souffre de ne pas avoir pris des décisions, qui certes impopulaires, auraient permis de le faire avancer".
Il a été clair "la loi, c'est la loi". Donc on doit rouler à 80 km/h ! Mais il ajoute que la mesure "va être appliquée dans les premiers jours, peut-être les premières semaines, avec le souci de la pédagogie". Policiers et gendarmes sont donc invités à faire preuve d'un peu de tolérance dans un premier temps. Mais "pas longtemps" a précisé le Premier Ministre, car "il faut assumer les choses".
Il a pourtant un double discours qui apporte un vrai flou. Au point que les journalistes de RTL sont revenus plus tard, au moment des questions des auditeurs, sur le début d'application des sanctions. Car si pour éviter de mettre de l'huile sur le feu, Édouard Philippe parle de la pédagogie, il déclare que "les amendes, elles vont tomber quand les infractions auront été constatées".
... mais des radars à jour
C'est une manière un peu alambiquée de rappeler que si en bord de route les forces de l'ordre vont faire preuve d'un peu de mansuétude, côté radar, il n'y a aucune tolérance et aucun délai. La Sécurité Routière l'avait confirmé, le recalibrage des cabines était prévu pour le 1er juillet. Une phrase du Premier Ministre a laissé planer un gros doute : "le nouveau calibrage a été commencé juste avant le moment où on passait [aux 80 km/h] et se poursuit dans les jours qui viennent".
Déclaration qui fait donc tiquer. Des radars auraient pu être mis à jour avant le 1er juillet. Attention donc : si vous recevez un PV pour excès de vitesse dans les prochains jours, soyez vigilants dans la date du flash. Si vous avez été contrôlé entre 80 et 90 km/h sur une route concernée avant le 1er juillet, il y a matière à contestation.
La fin du 70 km/h ?
Fait plutôt surprenant, Édouard Philippe s'est montré favorable à la suppression des portions à 70 km/h. L'idée est venue du président du département des Hautes-Alpes, qui a jugé que ces zones devenaient inutiles. Et pour le Premier Ministre "c'est probablement une bonne mesure", car il souhaite une harmonisation de la limitation de vitesse pour une meilleure compréhension de la mesure.
En revanche, Édouard Philippe a rappelé qu'il ne voulait pas de tolérance zéro en matière d'alcool, précisant juste que les sanctions seront renforcées pour les comportements délictuels. Selon le Premier Ministre "il nous est apparu que des comportements raisonnables et raisonnés pouvaient prévaloir". Pour lui, prendre la route en ayant bu "un demi-verre, cela arrive, ça n'interdit pas une conduite raisonnable".
La lutte contre l'alcool au volant serait pourtant plus efficace avec une tolérance zéro, surtout quand l'un des slogans de la sécurité routière est "celui qui conduit, c'est celui qui ne boit pas". Mais il reste donc autorisé de boire un peu avant de conduire ! Il n'est pas question d'interdiction totale, car "on fait confiance au bon sens des Français".
Un bon sens qui n'existe donc pas en matière de vitesse. Car si la vitesse reste la première cause de la mortalité routière dans les statistiques officielles, celles-ci englobent les vitesses excessives et inadaptées. En clair, les accidents ayant lieu à une allure sous la limitation mais trop haute en regard des conditions de circulation. Et plutôt que de rappeler aux Français qu'il convient de faire preuve de ce fameux bon sens en levant le pied dans les zones dangereuses, on a donc décidé d'abaisser la limitation partout.
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