Une des preuves de la FIA dans l'affaire de la tricherie de Renault lors du GP de Singapour 2008 est une déclaration sur l'honneur faite par Nelsinho Piquet peu après on limogeage de l'équipe. Sport Auto nous propose une traduction de cette lettre accablante pour Flavio Briatore et Pat Symonds qui a par ailleurs refusé de répondre aux questions des émissaires de la FIA lors du dernier Grand Prix de Belgique. Tout comme Briatore qui a dit n'être au courant de rien.
Nelsinho Piquet donne à la FIA les moyens de trouver des preuves dans les conversations radio et la télémétrie. Dorénavant, ce n'est plus les faits de tricherie qu'il semble falloir démontrer mais qui était véritablement à l'origine de cette manoeuvre. Et dans ces cas là, on sait que la FIA est très forte pour faire parler les suspects qui ont en général vite fait de charger leurs 'ex' amis. Nelsinho Piquet aurait eu la garantie de la FIA de ne pas être sanctionné si ce qu'il affirme est avéré. Quand on se rappelle ce qui s'est passé pour McLaren en 2007, on a déjà une petite idée de ce qui va arriver le 21 septembre. Et pas sûr que Renault accepte de supporter ce type d'accusation.
" "Moi, Nelson Angelo Piquet, né le 25 Juillet 1985, à Heidelberg certifie que : […]
6. Lors du GP de Singapour 2008, qui s’est disputé le 28 Septembre 2008 et qui comptait pour le championnat du monde de Formule 1, il m’a été demandé par Messieurs Flavio Briatore (mon manager et directeur de Renault) et Pat Symonds (directeur technique de Renault) d’avoir un accident volontaire afin d’influencer de manière positive la performance de l’écurie Renault lors de la course en question. J’ai accepté cette proposition et provoqué la sortie de piste de ma voiture contre un mur durant le 13è/14è tour du GP.
7. La proposition de provoquer un accident volontaire m’a été présentée peu de temps avant le début de la course, lorsque j’ai été convoqué par messieurs Briatore et Symonds dans le bureau de Monsieur Briatore. Monsieur Symonds, en présence de Monsieur Briatore, m’a demandé si j’accepterai de sacrifier ma course en provoquant l’entrée en piste de la voiture de sécurité, pour le bien de l’écurie.
8. Au moment de cette conversation, j’étais dans un état psychologique fragile et très émotif. Cet état d’esprit était la conséquence d’un stress intense dû au fait que Monsieur Briatore avait refusé de m’informer si oui ou non mon contrat de pilote serait renouvelé pour la saison suivante (2009). Au lieu de ça, Monsieur Briatore m’a constamment demandé de signer une option qui m'interdisait de négocier avec une autre écurie. Il a exercé une pression sur moi de manière répétée pour que je prolonge cette option que j’avais signée et m’a plusieurs fois convoqué dans son bureau pour discuter de ces renouvellements, y compris les jours de course alors que ces instants devraient être réservés à la concentration et à la relaxation avant la course. Ce stress était accru par le fait que je m’étais qualifié en 16è position à Singapour et que j’étais très inquiet pour mon avenir chez Renault. Lorsqu’il m’a été demandé de provoquer un accident et l’entrée en scène de la voiture de sécurité afin d’aider l’équipe, j’ai accepté car j’espérais que ça améliorerait ma position au sein de l’équipe à cette période critique de la saison. A aucun moment il ne m’a été dit qu’en acceptant de provoquer un accident j’aurais la garantie de renouveler mon contrat. Mais dans le contexte il m’a paru important de procéder ainsi. J’ai donc accepté de provoquer l’incident.
9. Après la réunion avec Messieurs Symonds et Briatore, Monsieur Symonds m’a pris à part, au calme, en utilisant une carte pour me montrer le virage précis du circuit où je devais provoquer l’accident. Ce virage a été retenu car il n’y avait aucune grue à cet endroit et donc aucun moyen de dégager l’épave rapidement. Il n’y avait aucune entrée sur le côté qui aurait pu permettre aux commissaires de rapidement intervenir sur l’auto et l’enlever de la piste. Il paraissait donc évident qu’un accident à cet endroit nécessiterait le déploiement de la voiture de sécurité.
10. Monsieur Symonds m’a également précisé à quel tour je devais provoquer l’accident, afin que la stratégie de ravitaillement de mon équipier, Monsieur Fernando Alonso, puisse être mise en place peu de temps avant mon accident. La clef de cette stratégie reposait sur la quasi certitude de l’entrée en scène de la voiture de sécurité au tour 13/14, ce qui permettrait à l’équipe d’adopter une stratégie agressive pour la voiture de Monsieur Alonso en termes de quantité d’essence embarquée – Il en avait pour arriver jusqu’au 12è tour, mais pas beaucoup plus. Ceci permettait à Monsieur Alonso de dépasser autant de voitures plus lourdes que la sienne que possible en sachant que ces voitures auraient du mal à le rattraper plus tard dans la course à cause du déploiement de la voiture de sécurité. Cette stratégie a été fructueuse et Monsieur Alonso a gagné le GP de Singapour 2008.
11. Durant ces discussions, il n’a pas été fait mention des problèmes de sécurité que cette stratégie impliquait, que ce soit pour moi, pour le public ou pour les autres pilotes. Le seul commentaire fait dans ce contexte fut celui de Monsieur Pat Symonds, qui m’a prévenu « Sois prudent. »
12. J’ai intentionnellement provoqué l’accident en perdant le contrôle de l’auto juste avant le virage en question. Afin de m’assurer que je provoquerai l’accident dans le bon tour, j’ai demandé plusieurs fois par radio à mon équipe de me confirmer à quel tour de la course on en était, ce que je ne fais normalement pas. Je n’ai pas été blessé, et personne n’a été blessé.
13. Après les discussions avec Messieurs Briatore et Symonds mentionnées ci-dessus, la stratégie de l’accident n’a plus jamais été évoquée par aucun d’eux. Monsieur Briatore a discrètement dit « Merci » après la course, sans évoquer la suite des évènements. Je ne savais pas si quelqu’un d’autre était au courant de cette stratégie au départ de la course.
14. Après la course, j’ai informé Monsieur Felipe Vargas, un ami de la famille et un conseiller, du fait que l’accident avait été délibéré. Monsieur Vargas a informé mon Père, Monsieur Nelson Piquet, quelques temps plus tard.
15. Après la course, plusieurs journalistes m’ont posé des questions sur l’accident et m’ont demandé si je l’avais provoqué volontairement car ils avaient le sentiment que c’était douteux.
16. Au sein de ma propre écurie, l’ingénieur de ma voiture m’a questionné sur la nature de l’accident car il le trouvait inhabituel et j’ai répondu que j’avais perdu le contrôle de l’auto. Je pense qu’un ingénieur curieux aurait noté grâce à la télémétrie que l’accident était volontaire car je n’ai pas cessé d’accélérer alors que la réaction normale aurait été de freiner le plus tôt possible."
Je jure que cette déclaration sur l’honneur est véridique.
Nelson Piquet Jr
Paris, 30 juillet 2009"
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