Qu’on se le dise, dorénavant et à partir maintenant, dans la gestion du groupe Renault-Nissan, ce sera comme d’habitude. Le conseil d’administration réuni hier a comme validé un statu quo qui repousse à plus tard la question de fond qui est celle de l’influence de Nissan dans la gouvernance de Renault. L’Etat français a ainsi accepté le plafonnement de ses votes à 17,9%, valeur qui grimpe à 20% en cas de participation particulièrement élevée à l’assemblée générale. Un plafonnement qui ne vaudra pas lors des décisions stratégiques. D’autre part, Renault s’est réengagé vis-à-vis de Nissan à ne pas interférer dans la gestion de l’entreprise japonaise. Une conjoncture qui rappelle beaucoup celle en vigueur depuis toujours.
Le conflit entre l’Etat, Renault et Nissan remonte à avril dernier, quand l’Etat avait acheté 14 millions de titres lui permettant de porter sa participation dans Renault de 15% à 19,74% et ses droits de vote à 23,2%. Cette opération visait à acquérir la minorité de blocage lui permettant de faire passer en assemblée générale les droits de vote double prévus par la fameuse"Loi Florange", qui donne une prime aux actionnaires de longue durée. L'Etat voulait ainsi se prémunir contre une modification éventuelle de la structure de l'Alliance sans son consentement.
Nissan n’avait pas apprécié l’initiative craignant une ingérence dans ses affaires. Renault est en possession de 43,4% de son capital. La marque japonaise possède quant à elle 15% du français, et cette participation du japonais est dépourvue de droits de vote, à cause de la législation nippone sur l'auto-contrôle.
La colère de Carlos Ghosn, patron du groupe, avait aussi pour but de définir un nouvel équilibre des forces au profit de Nissan, ce dont l’Etat ne veut pas. Résultat ? Emmanuel Macron s’en sort plus que bien : l'Etat conserve ses droits de vote double chez Renault et donc sa minorité de blocage sur les décisions stratégiques de l'Alliance. De son côté, Nissan n'a pas reçu les droits de vote dans Renault qu'il espérait.
Mais il ne repart pas tout fait les mains vides. D’une part, l’Etat s’engage à revendre les 4,7?% de Renault acquis en avril, pour redescendre à 15,01?%. D’autre part, si l’accord cadre ne devait pas être respecté, Nissan pourrait alors monter au capital du constructeur français à hauteur de 25?% du capital de Renault. Dans ce cas, la réglementation japonaise qui prévoit l’annulation des droits de vote du groupe français, au titre de l’autocontrôle, ne serait plus de mise.
Ceci dit, à l’inverse, si Nissan venait à modifier certaines clauses, comme l’augmentation intempestive de sa participation, ou encore l’attribution de droits de votes, l’Etat pourrait alors être délié de son engagement de plafonnement. On le voit, on est passé de la guerre ouverte à la guerre froide sur fond de dissuasion. Mais les raisons du conflit n’ont pas été réglées.
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