Le monde de l'assurance automobile répond à des lois de fonctionnement parfois obscures. Alors que les statistiques de sécurité routière repartent à la hausse (augmentation de 2 % de la mortalité sur les dix premiers mois de l'année, après une année 2014 elle-même ayant grimpé de 3,8 % par rapport à 2013) et que les voitures coûtent toujours plus cher à réparer, la Macif annonce ce matin une baisse de 0,3 % de ses cotisations d'assurance auto pour 2016 (et 1,3 % avec « l'effet-bonus », qui concerne les conducteurs sans sinistre responsable depuis au moins 12 mois).

Et la Macif (5,8 millions de véhicules assurés) n'est pas seule dans ce cas. Sa démarche s'inscrit en effet dans une tendance initiée notamment d'autres mutuelles telles que la Maif (3,4 millions de véhicules assurés), chez qui 2016 marquera la troisième année consécutive de gel des cotisations auto, ou la Matmut (2,7 millions de contats « auto »), chez qui la baisse pourra atteindre 5 % sur la moitié des véhicules à quatre roues assurés.

Toutefois, plus que le souci de préservation du pouvoir d'achat des automobilistes, il faut surtout voir dans ces baisses de tarifs la conjonction d'autres facteurs. La plus avouable est celle de la bonne gestion des compagnies d'assurance, lesquelles ne manquent pas une occasion de vanter leurs performances économiques et financières. Mais au delà, « depuis deux-trois ans, les mutuelles d'assurance adoptent des stratégies commerciales très agressives sur l'auto, car il y a une guerre sur un stock de contrats qui évolue assez peu. A cet effet structurel s'ajoute une effet conjoncturel qui est la mise en place de la loi Consommation de mars 2014, dite loi Hamon. Des sources de marché évoquent un taux de rotation des portefeuilles de l’ordre 16%, en augmentation de 1 point depuis l'entrée en vigueur de ladite loi. Si l'on rapporte ce pourcentage au volume de contrats concernés, c'est un chiffre élevé. Par contre, on observe que les mutuelles sont beaucoup moins agressives avec les contrats habitation où les tarifs sont plutôt orientés à la hausse » décrypte Sébastien Acedo, chef de rubrique à L'Argus de l'assurance. De fait, en permettant au consommateur de résilier son contrat à tout moment après un an d'engagement, la loi Hamon force les compagnies à améliorer leurs pratiques commerciales. De plus en plus d'automobilistes prennent l'habitude de prospecter, notamment grâce aux comparateurs de tarifs en ligne, afin de voir si l'herbe est plus verte ailleurs, ce qui semble directement bénéficier aux assureurs discount...et force donc les autres à ajuster leurs tarifs. La concurrence, ça a du bon.


Assurance auto: pourquoi les tarifs des mutuelles baissent