Suite à sa réunion d'aujourd'hui, la Commission européenne a déclaré que les voitures neuves devront émettre beaucoup moins de CO2 en 2012 pour impliquer les constructeurs contre le réchauffement climatique tout en préservant la compétitivité d'une industrie-clé de l'Union européenne.
Bruxelles veut obliger les constructeurs à ne vendre en Europe en 2012 que des voitures particulières émettant en moyenne 120 grammes de CO2 par kilomètre, contre environ 160 actuellement. Les constructeurs devront réduire les émissions directement liées au moteur à 130 grammes. Dix autres grammes seront gagnés par une amélioration des pneumatiques, une climatisation plus économe, la mise en place d'indicateurs de changement de vitesse et un recours accru aux biocarburants. Le commissaire à l'Industrie, l'Allemand Günter Verheugen, a dit : "Nous devons démontrer que l'UE peut combiner trois objectifs : protéger ses emplois (12 millions d'emplois directs et indirects), atteindre un haut niveau environnemental et favoriser l'innovation. Cette législation sera la plus stricte au monde, le Japon ne prévoyant qu'un objectif de 138 g en 2015. Nous allons moduler les objectifs selon les types et les classes de véhicules. Les fabricants de grosses cylindrées devront peut-être contribuer plus que les autres. L'impératif est que les Etats prévoient des incitations fiscales pour que les consommateurs achètent des voitures plus propres. Je suis contre les objectifs arbitraires de la Commission qui conduiraient à des pertes d'emploi et à des délocalisations. La demande pour des véhicules plus grands, et donc plus gourmands, étant l'argument de l'Association des constructeurs européens d'automobiles pour expliquer le manque de progrès dans la réduction d'émissions de CO2.
En 1998-1999, les constructeurs vendant des véhicules en Europe s'étaient engagés à ce que leurs voitures ne dégagent pas plus de 140 g de CO2/km en moyenne en 2008-09, soit une consommation de 5,25 litres de diesel ou 5,8 litres d'essence aux 100 km dans des conditions de test. Mais en 2005 la moyenne des émissions (plus importantes pour une berline, une voiture de sport ou un 4X4 que pour une petite cylindrée) se situait encore à 162 g/km. Seules cinq marques (Fiat, Citroën, Renault, Ford et Peugeot) atteindront l'objectif de 140 grammes en moyenne pour leur flotte en 2008. Ainsi, les émissions du transport routier ont augmenté de 30% depuis 1990 et représentent maintenant plus du quart des émissions de CO2 de l'Union européenne, la moitié étant due aux voitures particulières. D'après la Commission, cette stratégie combinée à d'autres mesures adoptées sur la qualité du carburant, est essentielle pour atteindre les objectifs de Kyoto, l'UE devant réduire de 8% ses émissions de gaz à effet de serre en 2012 par rapport à 1990. Le chiffre de 120 g n'est cependant qu'un objectif moyen pour la flotte européenne, dont la mise en oeuvre se fera dans une proposition législative que la Commission soumettra aux Etats membres et au Parlement européen "si possible en 2007, et au plus tard à la mi-2008". C'est là que Bruxelles précisera, après la réalisation d'une étude d'impact, les moyens pour atteindre cet objectif qui devront éviter "toute distorsion injustifiée de concurrence".
Source : article de Fabrice Randoux
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération