Même les grands constructeurs crient "à l'aide, on a besoin d'argent et de soutiens économiques pour ne pas licencier et pour commercialiser nos technologies environnementales", malgré leurs gros bénéfices actuels et leurs restructurations en cours...
Carlos Ghosn, le président de Renault-Nissan, a mis en avant ce matin que les pouvoirs publics devaient apporter un coup de pouce financier aux constructeurs en raison du poids de l'industrie automobile en Europe, aux Etats-Unis ou au Japon en matière d'emplois. Il est favorable à diverses mesures incitatives afin d'accélérer le développement des véhicules non polluants (électriques entre autres) et du marché auto vert. Voici des extraits de son discours :
"Les clients ne sont pas prêts à payer plus cher une voiture propre. Les automobilistes exigent au contraire que les voitures soient moins chères. Cette attente des clients oblige à revoir les modèles de financement et de distribution : si l'automobiliste ne paie plus directement les surcoûts de développement et de production de voitures à "zéro émission" de carbone, il faut un payeur de substitution. Il revient dès lors aux autorités de mettre en place des mécanismes favorisant l'achat de voitures propres. Les pouvoirs publics sont intéressés par la question environnementale et obligés de prendre des mesures face à la pollution.
Des mesures fiscales au bénéfice des véhicules propres, une révision des taxes sur les carburants issus du pétrole sont des mesures nécessaires pour que les ventes de voitures électriques, au "diesel propre" ou autres sources d'alimentation non polluantes, prennent leur essor. Nombre de pays sont d'autant plus poussés à favoriser les voitures sans pétrole que leur dépendance vis-à-vis de l'or noir les préoccupe de plus en plus. En ce sens, la Chine est un marché à fort potentiel pour la voiture électrique. Nous en discutons avec eux. En revanche, un autre grand pays émergent, le Brésil, m'apparaît moins porteur puisqu'il dispose de réserves pétrolières et emploie des véhicules à l'éthanol.
La voiture électrique, c'est pour maintenant, pas dans un avenir lointain. Je rappelle les projets de livraison de flottes d'automobiles de ce type dans plusieurs pays où Renault et Nissan ont conclu des accords avec des autorités locales. Il n'y aura pas de substitution immédiate, mais on risque d'aboutir à un changement rapide de la structure du marché, avec un pourcentage croissant de voitures électriques. En 2016, environ 10 millions des quelque 70 millions de nouvelles automobiles mises en circulation dans l'année avanceront à l'électricité.
Les destructions d'emplois seront massives dans les pays qui n'aideront pas rapidement le secteur automobile à se financer. Cela ne se verra pas immédiatement, mais dans quelques années. Le financement pour l'industrie automobile, c'est comme l'eau pour l'être humain. C'est vital. Même les groupes les plus solides seront durement touchés si le robinet du crédit est fermé. Si vous êtes plus fort que moi, sans eau, vous durerez un peu plus, mais vous finirez par mourir aussi, car vous avez besoin d'eau. Je plaide pour que les pouvoirs publics permettent au secteur automobile de bénéficier de prêts à long terme à des taux raisonnables. Nous le demandons aux gouvernements français et japonais. Je juge toutefois contestable la simple distribution d'argent aux constructeurs les plus faibles."
Lors du Mondial de l'automobile de Paris 2008, j'ai interviewé un manifestant qui dénonçait le plan de suppression d'effectifs de Carlos Ghosn en France dans cette période de crise, alors que ce patron veut donner la priorité à la recherche et au développement pour proposer plein de nouveaux modèles... C'est contradictoire, non ? Vous pouvez retrouver cet entretien à l'adresse suivante : http://evenements.caradisiac.com/salon-paris/2008/Suppression-d-emplois-chez-Renault-Sandouville-la-grogne-de-la-CGT-et-des-salaries-539. Entre les paroles et les actions, appréhendez la différence...
(Source : AFP Photo : ARNE DEDERT/EPA/SIPA)
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