C'est un horizon bien sombre que nous dépeint le cabinet spécialisé Roland Berger pour l'industrie automobile européenne. La fermeture du site d'Aulnay-sous-bois de PSA et la suppression de 8 000 emplois en France ne seraient que le début : une étude publiée hier estime en effet qu'entre cinq et dix usines (sous-traitants compris, mais sans la vente et la réparation) suivraient le même chemin qu'Aulnay entraînant la disparition de jusqu'à 80 000 emplois en Europe de l'Ouest, à cause de ventes en baisse entraînant une surcapacité des usines.
Des taux de productivité insoutenables
Depuis l'âge d'or de 2007, année où le record de volume a été battu, le marché européen est en chute libre, mais toutes les marques ne sont pas touchées de la même façon. Selon l'étude de Roland Berger, c'est surtout le segment du milieu de gamme qui serait touché, avec une baisse de 23 % depuis cinq ans, alors que dans le même temps le premium (BMW, Mercedes, Audi ou Lexus) n'a baissé que de 14 % et que les marques à bas coût (comme Dacia, Kia/Hyundai ou Chevrolet), elles, ont progressé de 40 %. S'il est convenu de dire que le secteur entier est à 20 % de surcapacité, le milieu de gamme serait proche des 40 %.
Les usines tournent donc au ralenti, les sites de Fiat sont à 43 % de leur capacité maximale, Peugeot à 57 %, Renault à 58 % et Opel à 64 %. « À part Volkswagen et Ford, les autres constructeurs affichent des taux de productivité dans leurs usines qui sont insoutenables et le marché ne va pas se redresser », selon Max Blanchet, consultant senior chez Roland Berger. « Le retour à un taux d'utilisation des capacités normal impliquerait la fermeture d'environ 10 usines, chez les constructeurs les plus touchés : cinq à court terme et potentiellement cinq supplémentaires si la tendance de marché perdure » dans les deux à trois ans à venir.
À la crise économique vient en plus s'ajouter une « tendance structurelle de fond » puisque la consommation automobile a évolué, avec des voitures qui roulent 2 000 km de moins par an qu'il y a dix ans et un âge moyen des voitures qui est passé de 7,6 ans en 2 000 à 8,2 ans l'année dernière.
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