Lorsque la Nissan Leaf est apparu sur le marché de l'automobile, la patron de la marque Carlos Ghosn avait espéré que, d'ici à 2016, 1,5 millions de ce modèle rouleraient de part le monde. Une ambition qui ne sera pas atteinte à échéance, mais peut être plus tard puisque, du haut de ses 100.000 exemplaires vendus, la Leaf montre qu'elle s'enracine. Maintenant, pour pousser plus vite, il lui faut des alliés. Un original vient de lui être acquis : le royaume d'un Bhoutan qui a créé un intéressant indicateur politique : le bonheur national brut.


Coincé entre la Chine et l'Inde, ce haut pays himalayen a une richesse : son infrastructure hydro-électrique qui lui permet de fournir en watt ses puissants voisins en échange de devises. Une aubaine ? Sans aucun doute mais dans le même temps, le gentil royaume voit sa facture pétrolière s'envoler lorsque ses sujets s'équipent en automobiles. Il faut donc réagir avant qu'il ne soit trop tard, si bien que la monarchie constitutionnelle s'est lancée dans un mode de développement alternatif de son économie.


"Nous ne voulons pas dépendre ni acheter d'énergie fossile", a défendu M. Tobgay, arrivé au pouvoir l'été dernier. "L'expérience de Nissan sera inestimable pour nous aider à créer des infrastructures pour le transport électrique", a souligné le Premier ministre. Un message reçu fort et clair par un Carlos Ghosn qui est allé sur place pour sceller l'accord : Il a évoqué la possibilité de vendre sur place "des centaines, voire des milliers de Leaf" dans les années à venir. Mais au-delà, le PDG veut faire de l'expérience bhoutanaise "une vitrine, qui montrerait comment un pays avec une vision claire et une volonté forte va bâtir un réseau de transport complètement propre".


De l'écologie, du bonheur dans la vie des 750.000 habitants, une voiture propre, le Bhoutan serait-il le paradis sur terre ? A voir car le plus dur reste à faire. D'abord par que la Nissan Leaf n'a pas vraiment le tarif de la voiture du peuple. D'ailleurs, le politique local lance un appel : "Si nous pouvons recevoir du soutien d'organisme internationaux et d'individus pour subventionner un tiers du prix de la voiture, celle-ci deviendra tout à fait abordable". Enfin, l'état du réseau routier, la rigueur climatique et l'altitude haut perchée du pays seront autant d'épreuves pour une Leaf qui devra considérer ce marché comme un véritable ban technique.