Vous connaissez le permis de polluer alloué aux 13 000 entreprises énergivores en Europe. En Belgique, une enquête originale a porté sur un éventuel quota d'émissions polluantes destiné aux membres d'une famille ! Le principe : imposer à chaque ménage un quota maximum de CO2 à émettre (lorsque vous remplissez votre réservoir d'essence, quand vous roulez, mettez le chauffage chez vous...). Si ce quota est dépassé, cela entraînerait une taxe sur le surplus. S'il n'est pas atteint, il induirait un allègement d'impôt. Les consommateurs devraient ainsi comptabiliser chacun de leurs gestes pour préserver la biosphère. La question de l'enquête : êtes-vous favorable à un quota de carbone familial ? Cette conception équitable du "droit" de polluer suscite l'adhésion de 55 % des personnes sondées, ce qui est bon score. Les citoyens saisissent-ils réellement la portée d'une telle mesure ? Marc Dumoulin, administrateur délégué de Dedicated research, souligne que "les très convaincus (29 %) sont ici moins nombreux que pour d'autres mesures. La faisabilité pratique d'une telle mesure est mise en doute par beaucoup."
Jean-Yves Saliez, secrétaire général d'Inter-Environnement Wallonie, apporte des précisions : "L'hypothèse la plus courante de ces échanges de quotas au plan individuel, dont l'idée a été lancée voici peu en Grande-Bretagne, conduirait à munir chaque citoyen d'une carte à puce où les gestes qui ne sont pas neutres en carbone seraient comptabilisés. Cette idée est à creuser, fût-ce parce qu'elle nous projette dans un futur qui sera très différent. Le rationnement en carbone, bien organisé, peut en effet contribuer à sensibiliser chacun et stimuler clairement les choix positifs à faire. Rationnement ? De sinistre mémoire, ce concept a pour but d'éviter une déstabilisation majeure - source de guerre justement - de nos sociétés, faute de mise en place des mesures qui s'imposent dès aujourd'hui. L'écueil majeur du système de quota individuel est l'exclusion probable de personnes défavorisées qui ne pourraient émettre de carbone, contrairement à celles qui ont de l'argent. Ce mécanisme pourrait davantage renforcer l'endettement au profit des opérateurs financiers. Or, nous avons à portée de main des outils que nous utilisons bien trop peu !" Cette enquête a le mérite de lancer le débat. A méditer !
Source : article du journaliste belge Christophe Schoune
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