Essayer le proto qui vient de gagner le Trophée Andros, c'est un privilège qui ne se refuse pas. Même sous une tempête de neige, et même par - 11°. Bref compte rendu.
Conduire sur glace, j'adore ça. Le faire sur une vraie voiture de course, et qui plus est sur la Skoda qui vient de remporter le 20e trophée Andros entre les mains de Jean-Philippe Dayraut -devant Alain Prost double tenant du titre-, waooh, que du bonheur en perspective. Problème, je n'ai aucune expérience de pilotage de ce genre de proto, et il nous a été poliement demandé de ramener notre monture entière après nos séries de 5 tours de piste. La circuit en question, sur les sept du Trophée, c'est celui de Val Thorens où Jean-Philippe Dayraut a remporté la première des deux premières courses de la saison. Je ne connais pas non plus le tracé, et les conditions météo déplorables n'arrangent pas mes affaires: je ne distingue que par intermittence les murs de neige qui bordent la piste. Bien avant de m'installer dans l'auto, je commence à angoisser. Ça chauffe sous mon casque alors que le thermomètre vient de descendre sous -10° . Comment arriver à comprendre le comportement de l'auto et se faire plaisir, donc rouler suffisament vite, sans prendre le risque de plier pour près de 300 000 euros de matériel?
En regardant le premier de mes trois collègues de la presse -écrite- spécialisée qui effectue sa première série de tours, il s'en sort pas trop mal le bougre, je reprends confiance. Quand je prends sa place dans le baquet, nouveau petit coup de flip. Bien sanglé, j'écoute les brèves consignes de Jean-Pierre Béchu, co-responsable de la structure AS Events avec Dany Snobeck: "pas passer trop près des murs de neige, braquer fort pour balancer l'auto AVANT les virages et attention de ne pas se faire embarquer par l'arrière" (traduction approximative: réaccélérer assez tôt et assez fort dans la phase de glisse). C'est tout.
Je démarre sans caler, 1ère sur la boîte séquentielle engagée. Deuxième rapport et à moins de 50 km/h, je freine déjà pour me rassurer sur l'adhérence des étroits pneus cloutés au lieu d'accélérer et de passer la trois. Bien m'en a pris, le freinage sans assistance demande un effort à la pédale bien plus important que je ne le pensais. En revanche, la direction, c'est du beurre. J'arrive à train de sénateur à la première épingle où je tourne le volant trop tard où je réaccélère trop fort et tarde à repasser le deuxième rapport. Voiture en ligne, le grip à l'accélération est sidérant, et si on reste au dessus de 4000 tours, on sent arriver bien vite les 35 mkg de couple du V6 d'origine Audi. Progressivement, je sens mieux l'auto dès la fin du premier tour. Je prends de l'assurance et -un peu- de vitesse, anticipe les virages serrés en mettant l'auto en glisse 5 mètres avant, 8 mètres avant, mais guère plus, là où les funambules pros de l'Andros balancent l'auto 20 mètres plus tôt. J'essaie de soigner mes trajectoires, mais je ne suis jamais exactement là où je le désire, et jamais assez vite. Là où Jean-Philippe Dayraut passe en course à 134 km/h, je ne suis même pas à 100. Enervant, mais je tente de rester calme, d'analyser, et d'apprendre. Je ferai mieux à la série suivante...
Etonnant ce petit bolide, pas pour son rapport poids-puissance, environ 340 chevaux pour 950 kilos, on a vu mieux, mais pour sa maniabilité grâce aux 4 roues directrices. La motricité (4 roues motrices avec blocage de différentiel à l'avant et à l'arrière) est fabuleuse. Etonnant également la rigidité du châssis tubulaire
et l'efficacité de l'amortissement, la docilité de la mécanique, pas vraiment pointue, ou encore le dimensionnement des freins, plus modeste que celui d'une Fabia de base.
Evidement, cette bête à glace n'a pas grand chose à voir avec la Skoda Fabia de série. Elle n'en reprend que le pare-brise, les optiques et la calandre. A vrai dire, la base, moteur y compris, est la même que celle de la Kia de la saison 2007-2008 que J-P Dayraut avait mené sur la deuxième marche du podium. Après la défection tardive du constructeur coréen, Skoda France a eu l'opportunité en septembre 2008 de s'engager dans l'Andros aux côtés d'AS Events, moins de trois mois avant la première course. Remporter le trophée dès sa première année de présence constitue un sacré retour sur investissement. Surtout pour une marque très présente dans les régions de montagne avec les Octavia et Superb à transmission intégrale, modèles rejoints dès le Salon de Genève par le Yeti. A quand une Skoda Fabia RS à quatre roues motrices pour fêter la victoire dans le Trophée Andros?
Crédit photos: Bernard Bakalian (sur la dernière photo du portfolio, ce n'est plus moi au volant, mais Jean-Philippe Dayraut et son grand panache blanc)
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