Sale temps pour les agrocarburants. Tandis que France Nature Environnement dénonçait dans un rapport publié la semaine dernière les critères de durabilité énoncés par la Commission Européenne comme étant « insuffisants », voilà que Greenpeace vient en rajouter une couche, tests à l'appui.
Et alors que l'Europe a pour ambition d'augmenter encore plus la part d'agrocarburants dans les transports, le débat fait rage. Les agrocarburants représentent-ils réellement une alternative écologique aux combustibles fossiles, pétrole en tête ? Non, répondent les associations écologistes qui dénoncent le changement d'affection indirect des sols, qui consiste à remplacer les cultures alimentaires par des cultures destinées aux agrocarburants et à pratiquer la déforestation pour leur trouver une nouvelle place. Mais ces cultures dramatiques en termes de réchauffement climatique trouvent-elles preneurs en Europe ? Oui, si l'on en croit les tests effectués par Greenpeace.
L'association a en effet réalisé en mai et en juin 2011 des tests dans 9 pays européens. Elle a acheté des échantillons dans différentes stations et les a fait tester par un laboratoire pour identifier la nature du biodiesel retrouvé. Résultat : la majorité du biodiesel provient de ces cultures associées à de fortes émissions de gaz à effet de serre en raison du changement d'affection indirect des sols, à savoir le soja, l'huile de palme et le colza. Pour Greenpeace, les bonnes intentions affichées de l'Europe pour réduire l'empreinte carbone de ses transports mèneraient au contraire tout droit à une augmentation de ses émissions de gaz à effet de serre. « Les biocarburants qui n'offrent que peu ou pas de réduction des émissions de gaz à effet de serre en comparaison avec les carburants fossiles ne devraient pas faire partie des énergies renouvelables (…) Nous pressons l'Union Européenne de mettre en place une législation qui demande aux fournisseurs de refléter l'impact du changement d'affectation indirect des sols dans le calcul de l'empreinte carbone d'un agrocarburant. Seule une prise en compte correcte des émissions de gaz à effet de serre des agrocarburants, incluant ceux associés au changement d'affectation indirect des sols, permettra de faire la distinction nécessaire entre les agrocarburants qui réduisent les émissions et les autres », résume l'association.
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