L'auto la plus attendue lors des essais officiels des le Mans Series est sans contestation possible la Peugeot 908 HDI FAP. Les organisateurs se félicitaient de voir le nombre de journalistes présents les obliger à changer de lieu pour la traditionnelle conférence de presse. C'est donc dans le majestueux Grand Prix Hall du circuit du Castellet que Patrick Peter, l'organisateur nous a fait son laïus.
A cette occasion, il a annoncé ce que tout le monde espère, c'est à dire une arrivée d'Audi R10 dans la série. Il ne l'a pas déclaré de façon aussi claire mais a juste dit "être en discussions avancées avec 'l'autre grand constructeur' pour une venue après les 24h du Mans. Que du bonheur pour lui mais pas forcément pour Peugeot qui se force à rester humble.
En effet, ces test-days du Castellet étaient la 6eme séance de travail pour le team Peugeot Sport et la 908 qui inaugurait le chassis n°3. Peugeot joue les humbles mais pas par coquetterie. En effet, il faut rappeler que la Peugeot 908 n'était rien d'autre qu'un voeu en Janvier 2006 ! A compter de cette date, un groupe de 5 ingénieurs est parti d'une feuille blanche pour concevoir l'auto de A à Z, du moteur au plus petit boulon. En 15 mois, c'est déjà un record en soi d'autant plus que seules 3 personnes ont connu le programme 905 (1993) et que toutes viennent du WRC. On souligne aussi en baissant le ton que la direction a imposé une baisse des effectifs de 30% ! Bref, rien ne sert de parler d'expérience de Peugeot en Endurance, elle n'existe plus.
Pour 2007, le maître mot est "apprendre". Quand je leur demande si Peugeot peut accepter de se faire battre par Pescarolo (entre autre) en LMS, la réponse est claire.
"Pescarolo est invaincu en 2006 et double vainqueur du championnat. Ils sont favoris. Mais plus que ça, ils ont réussi leurs 5 courses 2006 sans rencontrer de problèmes de fiabilité, ce que nous sommes loin de réaliser aujourd'hui. 2007 est clairement une année pour apprendre et comme vous pouvez le constater aujourd'hui, si nous sommes en tête sur un tour chrono, nous sommes incapables d'aligner des runs de plus de 7 tours."
Effectivement, la recherche de la fiabilité n'est pas qu'une vue de l'esprit chez Peugeot. Ils ne cachent apparemment pas leur jeu et, précision importante, ils n'ont jamais réussi une simulation de 1000/1500 km (le format des courses LMS) sans rencontrer de problèmes.
Certes, ces derniers ne remettent pas en cause la conception globale de l'auto mais le moteur et la boîte posent encore quelques soucis. Dimanche soir, la 908 a subi une alerte moteur et il a fallu changer le bloc, ce qui a empêché l'auto de tourner la nuit comme c'était prévu à l'origine.
Lors des derniers tests à huis clos sur cette même piste et sous un temps exécrable, le test de 24h a été marqué par des soucis de moteur mais aussi de boîte. Bref, Peugeot annonce humblement que Monza et Valencia, les 2 premières épreuves, seront des séances d'essais grandeur nature et qu'ils n'attendent vraiment pas la victoire. Aux autres d'en profiter.
Lorsque je leur fais remarquer que cette option de communication fait un peu 'petit bras', les gens de Peugeot s'empressent alors de dire qu'à l'inverse de 2007, 2008 doit être synonyme de victoires.
Rendez vous est donné.
Quant aux pilotes, Stéphane Sarazzin a fait 10 tours le dimanche matin pour jauger l'auto et Sébastien Bourdais puis Pedro Lamy ont tourné le reste du temps. Le français exilé et multi-couronné en Champcar s'adapte bien à l'auto et a réalisé les meilleurs temps. Pedro Lamy qui marche encore avec des béquilles a plus de facilités à piloter, heureusement. Il est par contre légèrement en retrait en terme de chrono par rapport au français. Une fois recouvré son plein potentiel physique, l'écart devrait se réduire.
Photos: Patrick Garcia
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