La préparation de l’enquête
Existent-ils des passe-droits en France en matière de stationnement ? Pour le savoir, nous avons déposé successivement dans une voiture-espionne un képi de gendarme, un gyrophare, un macaron officiel, un caducée de médecin et une attestation d’handicapé. Nous étions ainsi certains que les contractuelles allaient pouvoir facilement identifier le "propriétaire" de notre véhicule, une grosse berline grise à l’intérieur cuir qui ressemblait à une voiture officielle.
A la recherche des contractuelles
Ainsi équipés, nous sommes partis quelques jours plus tard à la "chasse aux pervenches"… pour prendre des contraventions. C’était pour nous le seul moyen de mettre en œuvre notre test dans des conditions réelles. En théorie, le procédé était simple : il suffisait d’abord de garer notre véhicule sur des stationnements réservés sans en payer le prix. Ensuite, il ne nous restait plus qu’à attendre, cachés, pour savoir si les agents verbalisateurs sont injustement plus cléments avec un député ou un gendarme qu’avec tout autre conducteur et s’assurer qu’ils se montrent compréhensifs avec un médecin ou un handicapé.
Direction les Champs-Elysées à Paris, quartier où les contractuelles sont généralement nombreuses. Pour ne pas rester des heures à attendre, nous sommes allés au devant de ces dames. Mais nous avons eu beaucoup de mal à les localiser. Pourtant, dans ces rues souvent embouteillées, tout automobiliste, conscient du danger qui rode, n’ose commettre la moindre infraction au stationnement, tant il est persuadé qu’il va immanquablement se faire verbaliser.
Et nous avons dû tourner une bonne heure avant de découvrir, rue de Ponthieu, l’objet de notre convoitise. Par chance, à ce moment-là, nous avons trouvé une place immédiatement. Le temps de placer le gyrophare sur le tableau de bord, de sortir rapidement et de s’enfuir vers un lieu propice à l’observation. A savoir et selon les cas, sous un porche, planqués devant un kiosque à journaux ou mêlés à la foule.
Nos félicitations aux pervenches
Nous avons pu ainsi voir nos chères contractuelles au travail et surprise, nous avons fait, au cours de cette première investigation, une constatation (confirmée par la suite de notre enquête) qui nous a véritablement réjouis. Quel ne fut pas notre étonnement, en effet, de découvrir que ces charmantes demoiselles ne sont absolument pas, et contrairement aux idées reçues, des maniaques du carnet à souches. Cachés cette fois derrière une vitrine, nous avons pu observer pour la première fois leur manège.
Comprenez qu’elles n’alignent pas sauvagement des rangées de voitures comme s’il fallait faire du chiffre, méfait dont on les a tellement souvent soupçonnées. Tout au contraire, elles affichent une certaine nonchalance, voire une lenteur dans leur démarche. Vraiment, elles ne se pressent pas. Elles butinent les pare-brise avec douceur, soulevant délicatement vos balais d’essuie-glaces pour y déposer des papillons.
Témoins de ces agissements, nous avons dû patienter longuement avant de les voir enfin s’approcher de notre voiture-espionne. Et, rien que pour cela, pour ce manque de conscience professionnelle qui nous arrange bien, nous devons les remercier. Ensuite, bien sûr. Le rêve s’est rompu : la contravention est tombée. Au cours de nos mises en scène suivantes, elles se sont toujours montrées aussi peu empressées, mais également toujours aussi coriaces. Justes parfois, mais souvent impitoyables, appliquant à la lettre un règlement qui ne tient pas compte des cas particuliers.
Un mystère irrésolu
En tout cas, notre enquête aura révélé un mystère qui restera irrésolu : pourquoi récolte-t-on toujours beaucoup de PV alors que les contractuelles donnent l’impression de ne pas trop réprimander ? N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires et de vos expériences à ce sujet en rejoignant notre forum. Mais attention : pas d’ambiguïté sur nos intentions. Amis internautes, nous ne vous proposons pas de faire de même. N’allez pas dans notre forum nous expliquer que vous vous êtes retrouvés au poste de police après avoir suivi notre exemple. Ces petites plaisanteries pourraient vous coûter quelques billets de 500 francs. Pour prendre connaissance des sanctions encourues, reportez-vous à la fin de ce dossier aux conseils de Pierre Barreyre, l’avocat-conseil de Caradisiac.
Malgré cela, notre enquête a aussi quelques vertus pratiques. Vous pourrez ainsi vous inspirer de la deuxième partie de notre reportage (cf "Nos dix pièges") pour tenter de passer à travers les mailles du filet. Nous avons, en effet, également voulu savoir si les contractuelles sont sensibles aux petits "mots doux" affichés derrière les pare-brise. Plus précisément, des mots d’excuses écrits aux contractuelles par le propriétaire du véhicule précisant que, se retrouvant sans monnaie, il ne peut payer l’horodateur. Cinq situations ont ainsi été mises en scène. Après avoir lu notre deuxième enquête, effectuée cette fois avec une voiture plus modeste, vous saurez par exemple si le "Madame, je suis allé chercher de la monnaie. Je reviens dans cinq minutes" peut entraîner l’indulgence des agents verbalisateurs. A propos, pendant que vous nous lisiez, vous avez mis de l’argent dans l’horodateur ?
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