Souvenez-vous : le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo a dit qu'il était favorable à ce qu'un grand nombre de réunions soient réalisées en visioconférence pour éviter des déplacements inutiles (voir news). Qu'en est-il du télé-travail ? Certains pensent que c'est une solution pour diminuer la pollution, d'autres pensent que cette pratique ne permet pas des économies d'énergie.
D'abord, penchons-nous sur le premier cas. Une étude commanditée par l'organisme Consumer Electronic Association (le CEA rassemble les principales entreprises de l'électronique) indique que le télé-travail permet des économies d'énergie : Internet et les technologies de l'information ont du bon pour faire baisser les émissions polluantes ! D'après cette étude, 3,9 millions de télétravailleurs américains (travaillant au moins un jour par semaine à leur domicile) économisent 3,2 milliards de litres d'essence chaque année, soit 14 millions de tonnes de CO² de moins dans l'atmosphère : cela représente 2 millions de véhicules en circulation. D'après Gary Shapiro, le président du CEA, une hausse du télétravail permettrait de diminuer les émissions de CO2 et d'épargner l'énergie : cela tombe bien puisque les Etats-Unis souhaitent réduire leur dépendance aux énergies fossiles.
En France, l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) prend part au groupement TIC21 (www.acidd.com), estimant que les technologies de l'information et de la communication (TIC) ouvrent de nouvelles perspectives en matière de lutte contre le changement climatique, d'efficacité énergétique, de démocratie participative, de gestion des territoires. TIC21 met en avant que la vidéoconférence et le télétravail peuvent diminuer les impacts environnementaux des activités humaines et que les TIC permettent indirectement de simuler, d'analyser, de mieux comprendre les gaspillages : le succès de Londres sur la circulation routière est clairement lié à une utilisation très intelligente des technologies de l'information. Le prochain forum économique international TIC21 aura lieu les 30 et 31 octobre 2007 à Valenciennes.
Lors du précédent forum qui a eu lieu en mars 2006, le thème était le suivant : "la contribution des technologies de l’information au développement durable". Gilles Berhault, président de l’association ACIDD (Association communication et information pour le développement durable) qui a organisé le forum économique international TIC21, a expliqué : "Sur de nombreux points, les TIC favorisent le développement durable. Par exemple dans la lutte contre les changements climatiques, il faut absolument limiter les déplacements physiques pour réduire l’émission de CO2. Grâce aux applications des TIC, comme la vidéoconférence ou le télétravail, il est possible d’améliorer la situation. Sur le plan scientifique, la technologie permet de simuler des catastrophes écologiques pour observer l’évolution climatique, et ainsi anticiper l’adaptation. Sans oublier la mise en réseau qui permet l’échange d’expérience en matière de management environnemental."
Mais Gilles Berhault avertit : les risques existent. Du point de vue écologique d’abord, il souligne que les TIC sont grandes consommatrices d’énergie (seul 2% d’un ordinateur peut être recyclé), de métaux lourds polluants et de matériaux rares. Sur le plan sociétale, la diffusion massive d’une culture marchande dans d’autres sociétés peut générer des perturbations.
Une étude de deux chercheurs de Berkeley est de cet avis : le télétravail engendre une surconsommation énergétique domestique pouvant annuler le bénéfice écologique réalisé en laissant sa voiture au garage. Erasmia Kitou et Arpad Horvath ont pris en compte la consommation énergétique de l’automobile mais aussi de celle des appareils domestiques afin de calculer l’impact du télétravail sur les émissions de gaz carbonique. Ils ont évalué qu’en travaillant chez lui, le salarié américain moyen peut diminuer de 90% les émissions de CO2 de sa voiture. Toutefois, selon le modèle des chercheurs, cette diminution s’accompagne inévitablement d’une hausse des émissions dues à la climatisation, l’éclairage et à l’alimentation électrique des outils bureautiques de la maison. 50 voitures polluent plus qu’un bus transportant 50 personnes, le télétravail entraînerait une consommation d’énergie supérieure à celle d’un salarié assis à son bureau au milieu de ses collègues. D'après l’institut ECaTT (Electronic Commerce and Telework Trends), plus de 60% des Français se disent tentés par l’expérience, en profitant de la démocratisation de l’Internet à haut débit.
(Source info : dsf-fsn, News, Transfert)
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